Proche-Orient : L’Iran et l’Arabie Saoudite reprennent le dialogue

24/04/2022 mis à jour: 07:18
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L’Arabie Saoudite sunnite et l’Iran chiite ont coupé leurs liens en 2016, après l’attaque de missions diplomatiques saoudiennes par des manifestants dans la République islamique à la suite de l’exécution par Riyad d’un célèbre religieux chiite. Les deux puissances rivales, qui s’accusent mutuellement de déstabiliser le Moyen-Orient, ont cependant exprimé leur volonté de surmonter leurs divergences.

Le dialogue entre l’Iran et l’Arabie Saoudite a repris à Baghdad, après une «suspension» des pourparlers entre ces deux puissances régionales rivales, a appris hier la presse française auprès d’un haut responsable gouvernemental irakien. «Les pourparlers ont en effet repris jeudi dernier à Baghdad», a déclaré cette source sous couvert de l’anonymat, sans plus de détails.

L’agence de presse iranienne Nournews a confirmé la tenue d’une réunion, à laquelle ont assisté «de hauts responsables du secrétariat du Conseil suprême de sécurité nationale d’Iran et le chef du service des renseignements saoudiens». «Il est prévu qu’une réunion conjointe entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays se tienne dans un proche avenir», a encore expliqué l’agence, évoquant une «atmosphère positive lors de la récente rencontre qui a suscité l’espoir d’une reprise des relations bilatérales».

L’Arabie Saoudite sunnite et l’Iran chiite ont, rappelle l’AFP qui rapporte l’information, coupé leurs liens en 2016 après l’attaque de missions diplomatiques saoudiennes par des manifestants dans la République islamique à la suite de l’exécution par Riyad d’un célèbre religieux chiite.

Les deux puissances rivales, qui s’accusent mutuellement de déstabiliser le Moyen-Orient, ont cependant exprimé leur volonté de surmonter leurs divergences et entrepris des négociations rendues publiques pour la première fois en avril 2021. Les pourparlers entamés jeudi constituent le cinquième round de négociations organisé en Irak, pays frontalier à la fois de l’Iran et de l’Arabie saoudite.

En mars, la presse iranienne avait fait état d’une «suspension» du dialogue après que Riyad a annoncé l’exécution de 81 personnes pour des crimes liés au «terrorisme», dont des hommes liés aux rebelles Houthis au Yémen, appuyés par l’Iran dans leur guerre face aux forces gouvernementales soutenues par Riyad. Début mars, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane avait défendu une politique de «coexistence» avec l’Iran.

Une déclaration saluée alors par le chef de la diplomatie iranienne Hossein Amir-Abdollahian qui y avait vu une «volonté» de Riyad de rétablir les liens avec son pays. A la mi-avril, le ministre irakien des Affaires étrangères, Fouad Hussein, avait dit «espérer que nous arriverons à franchir d’autres étapes de ce dialogue pour transformer ces rencontres fermées (...) en des discussions diplomatiques au vu et au su de tous». 

L’Iran ne renoncera pas à venger la mort de Soleimani, assurent les Gardiens

Les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de l’Iran, ont affirmé jeudi qu’ils ne renonceront pas à venger l’assassinat du général Qassem Soleimani, tué dans un raid américain en 2020, contre une levée des sanctions.

Téhéran est engagé depuis un an dans des négociations avec la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Russie et la Chine directement, et les Etats-Unis indirectement, pour relancer un accord conclu en 2015 sur son programme nucléaire.

Les négociations à Vienne visent à ramener les Etats-Unis dans cet accord – dont ils se sont retirés en 2018 –, notamment par la levée des sanctions contre l’Iran et la garantie du plein respect par Téhéran de ses engagements. «Les ennemis nous ont demandé plusieurs fois de renoncer à venger le sang de Qassem Soleimani contre la levée de certaines sanctions, mais c’est une fantaisie», a déclaré le commandant de la marine des Gardiens, l’amiral Alireza Tangsiri, cité par Sepah News, le site officiel des Gardiens.

Artisan de l’influence régionale de l’Iran, Soleimani a été tué le 3 janvier 2020 dans une frappe américaine près de l’aéroport de Baghdad. L’ancien président américain Donald Trump avait ordonné l’élimination du général, affirmant qu’il préparait une attaque «imminente» contre du personnel américain dans la capitale irakienne.

L’Iran avait riposté à son assassinat en tirant quelques jours plus tard des missiles sur des bases irakiennes abritant des soldats américains, faisant des blessés. «Nous avons souligné à plusieurs reprises (aux Américains) que l’Iran n’est pas disposée à abandonner ses lignes rouges», a affirmé jeudi le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir Abdollahian, sans donner plus de détails.

Lundi, le porte-parole des Affaires étrangères iraniennes, Saïd Khatibzadeh, a déclaré que «les auteurs, les responsables, les complices et les conseillers» impliqués dans la mort de Soleimani «ne resteront pas impunis». R. I.

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