Prix Goncourt 2024 : Kamel Daoud lauréat pour son roman Houris

05/11/2024 mis à jour: 00:43
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Parti favori dès le départ, malgré les trois autres auteurs candidats, Gaël Faye, Hélène Gaudy et Sandrine Collette, cette distinction lui a été décernée sans conteste par les dix membres composant le jury, réunis au restaurant Drouant à Paris. 

Hier à 12h45, le président du Prix, l’écrivain Philippe Claudel, a annoncé : «le 122e prix Goncourt a été accordé au premier tour à Kamel Daoud pour Houris chez Gallimard.»

Aussitôt, l’heureux lauréat a publié sur X (ex-Twitter) un message en hommage à ses parents. «C’est votre rêve, payé par vos années de vie. a mon père décédé. a ma mère encore vivante, mais qui ne se souvient plus de rien. Aucun mot n’existe pour dire le vrai merci.»


Le roman primé raconte l’histoire d’Aube, jeune Algérienne qui doit se souvenir de la guerre d’indépendance, qu’elle n’a pas vécue, et oublier la guerre civile des années 1990, qu’elle a elle-même traversée. Sa tragédie est marquée sur son corps : une cicatrice au cou et des cordes vocales détruites. 

Muette, elle rêve de retrouver sa voix. Ce drame, elle ne peut le narrer qu’à la fille qu’elle porte dans son ventre. Mais a-t-elle le droit de garder cette enfant ? Peut-on donner la vie quand on vous l’a presque arrachée ? Aube décide de se rendre dans son village natal, où tout a débuté, et où les morts lui répondront peut-être… «Je suis la véritable trace, le plus solide des indices attestant de tout ce que nous avons vécu en dix ans en Algérie. Je cache l’histoire d’une guerre entière, inscrite sur ma peau depuis que je suis enfant», se confie le personnage.


En prêtant sa voix à Aube, l’auteur de Meursault, contre-enquête, a, à coup sûr, voulu rendre hommage à cette catégorie de femmes dont la plupart, peut-être toutes, conservent leur douleur, leur colère, acceptent ou non leur destin… Les cicatrices d’Aube, de l’Algérie, parlent, nous parlent, mais se referment, lentement, peut-être, mais le drame de la muette est celui d’un pan de l’histoire d’un pays qui tend à être en conformité avec sa conscience, à se réhabiliter avec soi-même.

Sévèrement critiqué par les uns, adulé par les autres, Daoud s’était défendu, après la publication de Houris, «d’écrire une guerre, mais comment on en sort. C’est pour cela que j’ai appelé mon personnage Aube ; c’est l’heure difficile, entre deux mondes, où cohabitent le soleil et la nuit, mais où les choses recommencent».
Rappelons qu’en 2014, Kamel Daoud a obtenu le Goncourt du premier roman pour son roman Meursault, contre-enquête.

Agé de 54 ans, Kamel Daoud, journaliste de profession, est également l’auteur de Zabor ou les psaumes, Mes indépendances, Son œil dans ma main, Le peintre dévorant la femme…

 

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