Prise en charge des malades atteints de cancer : L’Algérie a enregistré des progrès remarquables, selon les oncologues

04/02/2024 mis à jour: 00:20
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Photo : D. R.

L’Algérie a franchi des étapes importantes en matière de prise en charge des malades atteints du cancer. Ce ne sont pas les politiques qui le disent mais des médecins spécialistes.

«Malgré les problèmes qui subsistent encore, nul ne peut nier le fait que le pays a enregistré des  progrès remarquables en termes de prise en charge des patients atteints de cette maladie», a souligné, hier, le Pr Kamel Bouzid, chef de service oncologie au CPMC d’Alger.

S’exprimant lors de la journée de sensibilisation organisée à Boumerdès par l’Association Errahma, l’éminent oncologue assure que «le territoire national est couvert  depuis quatre ou cinq ans de manière homogène aussi bien en termes de structures d’oncologie médicale qu’en centres de radiothérapie».

Il faut dire que ces efforts ont été consentis, suite à l’augmentation exponentielle de cas de cancers chaque année en Algérie. Reprenant les chiffres de l’Institut national de la santé publique (INSP), le Pr Oukkal a fait état de 60 000 nouveaux cas en 2023, dont 14 000 de cancer du sein, suivi par le cancer colorectal, des poumons, de la prostate, de la thyroïde, etc.

Même au niveau des petits hôpitaux, les personnes atteintes de cette pathologie ne sont pas rares. «Nous à l’EPH de Thénia, on opère quotidiennement. Si ce n’est le colon ou la prostate, c’est le rectum, le pancréas,  la thyroïde», indique le Pr Chetouane. Lui aussi reconnaît que la prise en charge «s’est nettement améliorée, que ce soit sur le plan chirurgical ou médical».

«Le patient est suivi du diagnostic jusqu’à sa guérison, quand la maladie est découverte à un stade précoce», dit-il, relevant des manques à combler, comme ce problème de pannes répétitives du scanner et de l’endoscope. Pour alléger les souffrances des malades, l’Etat a donc commencé par multiplier les centres de traitement à travers l’ensemble du territoire national.

«Aujourd’hui, nous avons 22 ou 23 centres de radiothérapie dont 14 dans le secteur public. Le gouvernement a acquis beaucoup d’accélérateurs et nous avons formé les oncologues et les radiothérapeutes.

Maintenant, il y a des centres anti-cancer même dans les wilayas du sud du pays, à l’instar de Béchar, Laghouat, Ouargla et El Oued. C’est ce qui évite aux patients les longs déplacements vers les wilayas du Nord pour se soigner»,  se félicite le Pr Bouzid. Malgré ces avancées, plusieurs insuffisances subsistent encore, dit-il.

Thérapies innovantes

Le Pr Bouzid n’a pas manqué de parler de retards accusés dans l’acquisition de certains médicaments permettant l’utilisation des thérapies innovantes qui ont prouvé leur efficacité dans le traitement de plusieurs types de cancers. «La demande a été enregistrée par le ministère de le Santé. Malheureusement, on nous dit que c’est très cher», déplore-t-il.

Le Pr Chetouane, lui, affirme qu’il est impossible d’avoir toutes les molécules pour tous les cancers. Beaucoup de malades se plaignent aussi du problème de rendez-vous très lointains  pour suivre des séances de radiothérapie. «C’est dû à un problème de gestion. Pourquoi les pannes ne sont jamais réparées à temps dans le secteur public alors qu’on ne parle jamais de ça dans le privé»,  se demande le Pr Ikhlef.

D’autres médecins ayant participé à cette journée ont abordé l’importance de la prévention par l’adoption d’une démarche multisectorielle dans la lutte contre le cancer, soulignant que cela doit commencer au niveau de la cellule familiale et à l’école.

Le Dr Ouzit est revenu, quant à lui, sur la nécessité de renforcer le dépistage précoce afin de réduire le coût du traitement et la chance de survie des patients.

Le Dr Zaidi du CHU de Beni Messous a abordé les facteurs augmentant les risques de cancer, citant l’addiction au tabac, l’alcool, l’obésité, la sédentarité, la mauvaise alimentation. Mais il y a aussi, précise-elle, des prédispositions génétiques, comme la contraception hormonale, l’interruption des grossesses, l’absence d’allaitement qui augmentent les risques de cancer du sein chez la femme. 
 

 


 
 

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