Un signal fort est venu du ministère de la Culture et des Arts à l’occasion de la célébration de Yennayer, prévue dans les prochains jours.
Dans une instruction adressée aux directions de wilaya de la culture, le ministère de tutelle charge les responsables locaux d’organiser des portes ouvertes sur le livre amazigh, en invitant les auteurs à des rencontres avec le public dans les bibliothèques de lecture mises en service à travers le pays.
Il est ainsi préconisé d’organiser des forums du livre dédiés à la littérature amazighe, en conviant les écrivains et les associations ayant inscrit leurs activités dans la promotion et la préservation du legs ancestral.
La correspondance ministérielle insiste sur la nécessité de mettre en valeur le champ éditorial en langue amazighe et de conférer une large résonance au travail soutenu qu’accomplissent les auteurs et les chercheurs dans le domaine.
En plaçant le curseur sur la case de la pratique et de la production en langue amazighe, le ministère de la Culture contribue ainsi fortement à clarifier les perspectives et les défis devant être relevés après la longue période de militance, puis celle de la reconnaissance officielle.
Le Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA), dont l’apport au secteur de l’édition a été significatif, après avoir notamment lancé une bibliothèque numérique sur son portail électronique, a également indiqué, par la voix de son secrétaire général, lors de la conférence de presse tenue mardi dernier, que la célébration du Nouvel An amazigh «revêtira cette année un caractère moins folklorique, plus orienté vers les aspects scientifique et économique».
Tout en annonçant des festivités à l’adresse du grand public, à l’image d’un marché de Yennayer, il est aussi prévu d’animer des conférences instructives sur les avancées réalisées en matière d’adaptation aux sciences et aux nouvelles technologies. L’enseignement de tamazight n’évolue pas selon le rythme voulu, et son caractère facultatif n’est toujours pas levé, car nécessitant la révision de la loi d’orientation sur l’éducation nationale, a-t-on appris également lors de cette dernière intervention publique. Les travaux de la commission mixte HCA-ministère de l’Education sont gelés depuis longtemps, ajoute-t-on encore.
La conclusion qui s’impose est qu’il n’est plus possible de faire peser le sort de tamazight uniquement sur les frêles épaules des élèves, qui sont souvent soumis à l’apprentissage de trois ou quatre langues dès leurs premières années à l’école. Ils comptent également une journée supplémentaire lors des épreuves trimestrielles et aux examens de fin d’année. Ceci au moment où le travail académique de standardisation de la langue est resté pratiquement en stand-by.
Il est d’ailleurs opportun de s’interroger sur le bilan et le programme de l’Académie de la langue amazighe, mise en place en 2019, avec l’objectif de «recueillir le corpus national de la langue et d’établir sa normalisation». La mission de cette instance devait sous-tendre la stratégie de promotion et de développement de la langue amazighe, telle que tracée par les autorités et consacrée dans les textes.
En définitive, ce sera le travail des auteurs et des producteurs dans cette langue qui permettra la synthèse d’un corpus et l’option pour une graphie, avant que cela n’atterrisse, en bout de chaîne, sur les pupitres des écoliers.