Présidentielle française : Le duel Macron-Le Pen se durcit avant le débat

16/04/2022 mis à jour: 03:02
AFP
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Le duel à distance entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen s’est durci, le président sortant accusant de racisme et mensonge sa principale adversaire, qui a de son côté dénoncé des «propos outranciers et agressifs».(Ici, lors du débat du 3 mai 2017)

La campagne présidentielle française se poursuit à un rythme acharné et le ton se durcit entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, qui s’accusent mutuellement de «brutalité» et continuent de faire des appels du pied aux électeurs de gauche, dont le vote sera crucial pour le deuxième tour.

Après un début de campagne d’entre-deux tours marqué par une quête de proximité pour le président-candidat et une recherche de crédibilité pour la candidate d’extrême droite, le ton se fait de plus en plus acerbe entre les deux adversaires, qui s’affronteront mercredi prochain dans un débat télévisé, point d’orgue de la campagne. 

En meeting jeudi soir à Avignon, dans le sud de la France, Marine Le Pen a appelé à faire «barrage» au président sortant, inversant les rôles puisque «faire barrage» en France est une formulation visant l’extrême droite, depuis que celle-ci accède au second tour des présidentielles. 

«Vous ne croyez pas qu’il y a des millions, des dizaines de millions de Français qui considèrent que le gouvernement d’Emmanuel Macron a été un gouvernement affreusement autoritaire, qu’il a gouverné seul, avec brutalité, qu’il a réprimé des manifestations (...), qu’il a dirigé avec brutalité en méprisant l’Assemblée nationale ?» a-t-elle renchéri hier matin sur BFMTV/RMC. 

Sur la radio France Info, le président sortant, qui a déjà accusé sa rivale de «dérive autoritaire», a rétorqué que le programme de l’extrême droite n’était pas «la douceur incarnée».

Appels du pied

A neuf jours du second tour, le président sortant garde l’avantage dans les intentions de vote (de 53 à 55%) mais avec une marge beaucoup plus réduite qu’en 2017 (66/34%). Et avec plusieurs inconnues de taille, notamment le niveau de l’abstention et le report des 21,95% de voix qui se sont portées dimanche sur le candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon. 

Les deux candidats continuent d’ailleurs à lancer des signaux en direction de l’électorat de gauche, arbitre de l’élection. Interrogé sur l’éventualité qu’il nomme un Premier ministre issu de la gauche, Emmanuel Macron a répondu sur France Info qu’il n’excluait jamais rien. 

Le Président, qui s’est toujours présenté comme «ni de droite ni de gauche» mais a été souvent taxé de «président des riches» pendant son quinquennat, a également jugé «choquant et excessif» le montant des rémunérations des dirigeants du groupe automobile Stellantis, et s’est prononcé pour des «plafonds», au niveau de l’UE. 

En attendant le débat

«La politique aujourd’hui, ce n’est pas le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple. C’est le gouvernement par un petit nombre pour un petit nombre», a asséné de son côté Marine Le Pen, qui se targue de représenter «la France des oubliés» et a fait une campagne de premier tour sur le thème du pouvoir d’achat. 

Pour M. Macron, la campagne d’entre-deux tours ne ressemble en rien à celle du premier, qui s’était déroulée dans l’ombre de la guerre en Ukraine. Le président sortant n’avait fait qu’un seul meeting, peu de déplacements et s’était refusé à débattre avec les 11 autres prétendants à l’Elysée. 

Depuis le début de la semaine, Emmanuel Macron a considérablement allégé son agenda diplomatique et multiplie les immersions en régions avec des rencontres et échanges parfois vifs à l’occasion de longs bains de foule. Il tiendra un grand meeting samedi à Marseille (sud). 

Changement de ton et de rythme aussi pour Marine Le Pen qui, depuis plusieurs semaines, menait une campagne à bas bruit, favorisant les déplacements dans de petites localités. Depuis lundi, elle va de média et média et aborde désormais les sujets régaliens, comme la réforme des institutions et la diplomatie. 

«On est à front renversé : Emmanuel Macron va chercher dans cette campagne à rétablir une image de proximité qu’il n’a pas et Marine Le Pen va chercher à conforter, installer une image de crédibilité qu’elle a moins que Macron», analyse auprès de l’AFP Bernard Sananès, président de l’institut de sondage Elabe. 

Le débat télévisé entre les deux adversaires, prévu mercredi prochain, constituera le point culminant de cette campagne de plus en plus tendue. 

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