Le débat autour de la prochaine présidentielle s’animera, sans doute, davantage après le mois de Ramadhan.
Le rendez-vous présidentiel de décembre 2024 s’approche à grands pas. Il ne reste que moins de dix mois avant que les électeurs ne soient appelés aux urnes et seulement sept mois avant le lancement officiel du processus : convocation du corps électoral et révision exceptionnelle du fichier des électeurs ainsi que la constitution, le dépôt et la validation des dossiers de candidature.
Le délai est très court. Mais la fièvre électorale ne monte pas encore, ou très peu. Après quatre longues années d’un silence politique, pour le moins inhabituel dans une Algérie qui a toujours été animée par un riche et contradictoire débat, on assiste, enfin, à de premiers frémissements.
Il aura fallu, en effet, attendre le début de l’année 2024 pour voir les premières déclarations de chefs de parti concernant la prochaine présidentielle. Mais jusqu’à présent, seule une personnalité s’est jetée dans le bain.
Il s’agit de la présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), Zoubida Assoul. L’ancienne magistrate et avocate affirme vouloir «mobiliser et proposer une alternative» pour «sortir le pays de la situation désastreuse actuelle».
La cheffe de l’UCP, contrairement à de nombreux acteurs politiques qui préfèrent observer de loin avant de se mettre dans les starting-blocks, dit qu’il ne faut pas attendre la mise en place de conditions idéales pour s’engager. Hormis Zoubida Assoul, le reste des acteurs politiques est toujours dans l’expectative. Certains se contentent d’afficher leur intérêt pour la prochaine présidentielle, d’autres se disent prêts à participer, sans en définir la forme.
Premier à lancer le débat sur la présidentielle, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) avait estimé, en janvier dernier, que «la décision de prendre part ou non à cette compétition sera prise au moment opportun par l’instance nationale habilitée à cet effet». «Seulement, la participation du RCD est tributaire de certaines conditions», avait soutenu Atmane Mazouz, président du parti.
Qualifiant l’année 2024 de «charnière», la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, est montée, elle aussi, au créneau pour appeler «à la mise en place des conditions idéales pour réussir le prochain scrutin et immuniser, de ce fait, le pays». La responsable du PT avait appelé, plusieurs fois depuis le début de l’année, «à des mesures d’apaisement, avec la libération des détenus d’opinion et l’ouverture des champs politique et médiatique».
Le PT aussi n’a pas tranché sa position concernant la participation ou non à la prochaine présidentielle. Pour le MSP, en revanche, la question de la participation est tranchée. Il reste cependant la forme, selon le président du parti, Abdelali Hassani Cherif, qui sera «décidée par le conseil consultatif (majlis echoura)».
N’ayant pas présenté de candidat à une élection présidentielle depuis 1995, le MSP risque de connaître une bousculade cette fois-ci. L’ancien président de ce parti, en l’occurrence Abderrazak Makri, avait affiché son intention de se porter candidat. Il appelle, de ce fait, à une sorte de primaire.
Adelali Hassani Cherif lui a répondu indirectement lors de son récent passage au forum du quotidien El Moudjahid. «Personne ne peut décider seul de se porter candidat au nom du parti, y compris moi. La décision revient au conseil consultatif», avait-il lancé.
La question de la présidentielle s’est invitée également, vendredi dernier, au conseil national du FFS. Le premier secrétaire de cette formation, Youcef Aouchiche, avait laissé entendre que le parti prendra part à ce rendez-vous.
Ce qui sera une première depuis 1999. «Quelle que soit la forme que décideront en toute autonomie nos instances nationales, le FFS, fort de ses propositions, exprime sa pleine détermination à contribuer à faire de ce rendez-vous (présidentielle 2024, ndlr) avec la nation l’occasion d’un grand débat national qui posera les jalons d’une Algérie souveraine, libre et prospère», avait-il déclaré.
Evoquant, fin février dernier, la question de la présidentielle, le président du parti islamiste El Bina, Abdelkader Bengrina, s’était distingué par une étrange déclaration. Faisant le lien avec le Sénégal où l’élection a été reportée, l’homme n’a pas écarté la reproduction du même scénario en Algérie.
Mais il ne fournit aucun détail, précisant seulement que «cette échéance est encore loin et que tout peut se passer d’ici là». Il aura fallu une récente dépêche de l’APS pour lever le doute et préciser que «l’élection aura lieu dans les délais». Pour le reste de la classe politique, le «moment opportun» n’est pas encore venu pour se prononcer sur cette élection.
C’est le cas du FLN, du RND et du Front El Moustakbal. Mais leur position n’est pas difficile à deviner. En tout cas, la «mayonnaise» commence à prendre. Le débat autour de la prochaine présidentielle s’animera, sans doute, davantage après le mois de carême.