Présidentielle américaine de 2024 : Joe Biden officiellement candidat

26/04/2023 mis à jour: 03:47
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Photo : D. R.

L’opposition républicaine, qui domine une des deux Chambres du Congrès, a promis de ne pas faire de «chèque en blanc» à Kiev. En outre, sa campagne  pourrait être ébranlée par les attaques contre son fils Hunter, dont d’anciennes relations d’affaires risquent de resurgir.

Joe Biden, 80 ans, a annoncé hier sa candidature à l’élection présidentielle de 2024. «Je suis candidat à ma réélection», a indiqué le président américain dans un message vidéo publié sur Twitter, cité par l’AFP. «Finissons le travail», a-t-il déclaré, relevant le combat toujours en cours, selon lui, pour la liberté et la démocratie.

Le principal handicap du démocrate est son âge. Jamais encore les Américains n’ont élu un président aussi âgé. Le président s’est soumis, en novembre 2021 puis en février 2023, à des bilans de santé qui ont conclu qu’il est «en bonne santé». Depuis le début de l’année, il réitère sa volonté de rendre sa «dignité» à l’Amérique populaire «oubliée», perturbée par la mondialisation.

Cette annonce intervient alors que son prédécesseur, le républicain Donald Trump veut prendre sa revanche. Un obstacle pourrait toutefois compliquer son retour : ses nombreux ennuis judiciaires pourraient finir par le disqualifier. La justice enquête sur son rôle dans l’assaut sur le Capitole, ses affaires financières, sa gestion des archives de la Maison-Blanche ou encore des pressions exercées sur des agents électoraux.

Si la loi américaine n’interdit pas à une personne poursuivie de briguer un mandat présidentiel, une éventuelle inculpation pourrait perturber sa campagne.

Cela dit, l’opposition républicaine, qui domine  une des deux chambres du Congrès, a promis de ne pas faire de «chèque en blanc» à Kiev qui bénéficie d’une aide américaine importante.  En outre, sa campagne pourrait être ébranlée par les attaques contre son fils Hunter, dont d’anciennes relations d’affaires risquent de resurgir.

Situation internationale inquiétante

Au niveau international, les Etats-Unis sont confrontés à des défis importants. Pour schématiser, avec Pékin notamment, Washington doit gérer moult différends. Concernant l’île Taïwan, la Chine  n’a cessé de répéter qu’elle prendrait le contrôle de cette île autonome, si nécessaire par la force. Option à laquelle s’oppose Washington.

Lors d’une visite au Japon en mai 2022, le président américain, Joe Biden, a indiqué que Washington pourrait défendre militairement Taïwan en cas d’invasion par Pékin. Il a cependant précisé depuis que «l’ambiguïté stratégique» de Washington, consistant à ne reconnaître diplomatiquement que la Chine continentale tout en s’engageant à donner à l’île autonome les moyens militaires pour se défendre en cas d’invasion, reste inchangée.

Sur les musulmans Ouïgours, les Etats-Unis et leurs alliés accusent la Chine d’avoir interné de force près d’un million de cette population dans des camps situés dans la province du Xinjiang. Ils reprochent aussi au géant asiatique ses ambitions expansionnistes en  mer de Chine méridionale où il a déployé une importante force marine pour y accaparer des territoires revendiqués par ses voisins. Entre-temps, les tensions entre Washington et Moscou ne cessent de s’exacerber alors que les Etats-Unis considèrent comme une priorité leur compétition avec l’Empire du Milieu.

Elles atteignent leur paroxysme avec l’intervention russe en Ukraine en février 2022. L’Occident et à sa tête les Etats-Unis soutiennent Kiev et décrètent des sanctions contre la Russie. En conséquence, la Russie renforce ses relations avec la Chine. En mars dernier, le président russe Vladimir Poutine a effectué une visite de trois jours à Pékin. Il a signé avec son homologue chinois, Xi Jinping,  plusieurs documents, notamment sur la coopération économique russo-chinoise à l’horizon 2030.

Les deux dirigeants  se sont rencontrés en septembre en marge d’un sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) en Ouzbékistan. A cette occasion, ils ont affiché leur volonté de se soutenir et de renforcer leurs liens en pleine crise avec les Occidentaux. Au début du mois de février 2022, le président russe s’est rendu à Pékin à l’occasion des Jeux olympiques d’hiver.

Dans une déclaration commune, les deux dirigeants ont alors dénoncé l’influence américaine et le rôle des alliances militaires occidentales, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) et l’alliance entre l’Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis (Aukus), en Europe comme en Asie, les jugeant déstabilisatrices.

Les deux pays, qui entretiennent des relations tendues avec Washington, ont évoqué le rôle déstabilisateur des Etats-Unis pour la «stabilité et une paix équitable» dans le monde. Dans cet esprit, ils ont exprimé leur «opposition» à «tout élargissement futur de l’Otan». Ils ont appelé «l’Alliance Atlantique nord à renoncer à ses approches idéologisées datant de la guerre froide».

La Russie et la Chine défendent le principe de «l’indivisibilité de la sécurité», sur lequel Moscou se fonde pour réclamer le départ de l’Otan de son voisinage, estimant que la sécurité des uns ne peut se faire aux dépens de celle des autres, en dépit du droit de chaque Etat à choisir ses alliances.

Moscou et Pékin dénoncent, en outre, «l’influence négative pour la paix et la stabilité dans la région de la stratégie indo-pacifique des Etats-Unis». Ils se disent aussi «préoccupés» par la création, en 2021, de l’Alliance militaire des Etats-Unis avec le Royaume-Uni et l’Australie (Aukus), estimant que cette union, dénoncée déjà par la Chine, «touche à des questions de stabilité stratégique».

En février, la Chine a publié un document en 12 points exhortant Moscou et Kiev à tenir des pourparlers de paix. Le texte s’oppose à tout recours à l’arme nucléaire et appelle à respecter l’intégrité territoriale de tous les pays. Aussi, Pékin souhaite que le conflit sorte de sa «mentalité de guerre froide». Dans cette optique, «la sécurité d’une région ne devrait pas être obtenue en renforçant ou en élargissant des blocs militaires.

Les intérêts et inquiétudes légitimes de tous les pays en matière de sécurité doivent être pris au sérieux». Néanmoins,  Washington et ses alliés ont rejeté ce plan. Ils souhaitent que la Chine exerce des pressions sur la Russie pour qu’elle retire ses forces des territoires ukrainiens. Une option incompatible avec les intérêts de Pékin.

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