L’auteur, le musicologue et spécialiste du chaâbi, Abdelkader Bendameche, a présenté, samedi,
au niveau de la villa Abdellatif à Alger, son dernier ouvrage intitulé El Hadj M’hamed El Anka au panthéon patrimonial de la chanson chaâbie (ENAG).
En dépit d’un temps des plus pluvieux, le public est venu fort nombreux se délecter des recherches d’Abdelkader Bendameche consacrées à l’une des figures de proue de la musique chaâbie, à savoir El Hadj M’hamed El Anka, décédé en 1978 à Alger. Le défunt est enterré au cimetière El Kettar à Alger. En effet, cette rencontre littéraire - organisée par l’Agence national pour le rayonnement culturel - a drainé de nombreuses convives, de mélomanes et d’amis.
On pouvait également apercevoir entre autres El Hadi El Anka, fils d’El Hadj El Anka. Ce dernier n’a pas manqué de saluer cette importante initiative, visant à préserver ce patrimoine national pour mieux le transmettre aux générations futures. Riche de 400 pages, cet ouvrage de référence El Hadj M’hamed El Anka au panthéon patrimonial de la chanson chaâbie, revient en grande partie sur le parcours de la vie artistique et privée de cette icône de la musique chaâbie.
Un beau livre, qui a nécessité trois longues années de recherches au cours desquelles l’auteur Abdelkader Bendameche a été précieusement soutenu par Bendamèche Walid, Khalfi Mahfoud et Cheikh El Hadi El Anka, fils du Cheikh El Anka. Avec l’intérêt qu’on lui connaît pour la musique chaâbi, l’auteur est revenu sur le parcours du cheikh dont entre autres sa naissance, sa vie, ses débuts artistiques, sa formation, ses premiers enregistrements, ses voyages, son pèlerinage aux Lieux Saints de l’Islam sur le bateau El Mendoza et sur ses différentes activités artistiques.
Le beau livre en question est agrémenté de belles photos parlantes et rarissimes à la fois. On retrouve, aussi, «des documents annexes comportant ses différentes œuvres, sa discographie, ses propres diwans celui qu’il a créé lui même et celui du patrimoine poétique qu’il a interprété et bien conservé avec toutes les mélodies qu’il a pu créer, les témoignages de ses amis, ses principaux élèves, les grandes personnalités qui l’ont connu et apprécié, les images de son parcours ainsi qu’une foule d’infos qui concerne sa carrière», note Abdelkader Bendemache. L’orateur indique que le regretté El Hadj El Anka excellait dans l’interprétation des louanges à Dieu (meddih) et des chansons profanes. «Des chansons, fait remarquer Bendemache, qui continuent, aujourd’hui d’être reprises par de jeunes artistes algériens».

Un apprentissage riche
Selon les propos de notre interlocuteur, El Hadj M’hamed El Anka était en avance sur son temps. Il était curieux et apprenait vite. Il s’est frotté aux côtés de grands maîtres de la musique algérienne, dont Cheikh Mustapha Nador, Sidi Ali Bensari et Ben Zekri. Ces derniers lui ont prodigué un enseignement des plus parfaits et des plus aboutis. Ils l’ont même influencé sur ses orientations artistiques.
Son don s’est ainsi aiguisé au fil du temps. Abdelkader Bendameche précise qu’El Anka a su avec le talent qu’on lui reconnaissait, déjà à l’époque, créé un nouveau style personnalisé : le chaâbi. Pour lui, El Anka est considéré comme l’un des innovateurs dans la pratique artistique algérienne puisqu’il «a intégré divers instruments et genres puisés dans le patrimoine musical andalou notamment, afin de développer cette musique populaire et l’enrichir d’Inkilabat, de touchiate et de mkhilssat, contribuant à l’émergence de ce genre musical de l’époque.»
Notre interlocuteur estime qu’aujourd’hui que sa mission première «c’est de mettre ce regretté artiste exceptionnel à l’actualité de l’Algérie. El Hadj M’hamed El Anka est, sans conteste, le pionnier de la chanson chaâbi. Il a laissé derrière lui un legs de 130 disques. L’artiste avait milité pour la préservation du patrimoine culturel algérien, et ce, pour promouvoir l’identité nationale en formant des générations de jeunes à ce genre musical exceptionnel», a-t-il enchaîné.
Notre orateur déplore, cependant, le manque d’enregistrements au niveau des archives de la télévision et de la radio algérienne. El Anka est connu aussi pour avoir animé plusieurs mariages dont les enregistrements sont inexistants.
De même que ses anciens élèves parlent très peu de leurs maîtres, c’est du moins ce que souligne Abdelkader Bendamche. «Aujourd’hui, son aura revient. C’est un génie qu’il faut garder dans la sphère des génies», atteste-t-il.
Il est à noter que ce beau livre est disponible depuis hier dans les librairies d’Alger et des grandes villes de l’intérieur du pays. Nacima Chabani