Le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP) demande au président de la République d’intervenir pour «lever les limitations arbitraires» qui pénalisent le corps des spécialistes et compromet l’avenir de l’hôpital public. «Nous allons, dans les prochains jours, saisir le chef de l’Etat pour qu’il répare certaines injustices.
Le président Tebboune a demandé d’associer les concernés pour une deuxième lecture des projets de loi relatifs aux statuts et régimes indemnitaires. Nous avons été conviés à des consultations, mais nous ne sommes pas satisfaits du déroulement de cette opération», affirme le docteur Mohamed Iddir, président du SNPSSP, regrettant l’inefficience du dialogue social. «Il n’y a aucune fluidité dans la communication et le partenaire social n’est pas associé, comme par le passé, à la vie du secteur de la santé.
Nous faisons face à un dialogue inopérant», déplore-t-il. Il explique que la volonté affichée par le président de la République, pendant et après la dure épreuve de la pandémie de Covid-19, «de rendre justice aux professionnels de la santé» a suscité de vifs espoirs dans la corporation, notamment de voir certaines injustices réparées.
«La dernière décision prise en Conseil des ministres de renvoyer les projets de statuts pour une dernière concertation a été un geste fort, témoignant de cette volonté concrète.» Cette décision est importante, estime le SNPSSP, parce que le projet du statut particulier examiné en Conseil des ministres ne répondait pas à toutes les attentes des professionnels du secteur.
«Nonobstant quelques avancées sur les points accessoires, l’essentiel des injustices contenues dans le statut en termes de classification, de conditions d’accès aux postes supérieurs et de leur niveau de bonification sont restées inchangés», relève le docteur Iddir. Il estime que ces textes ne sont pas à la hauteur de l’engagement du premier responsable du secteur «de défendre les statuts des personnels de la santé et surtout sont en contradiction flagrante avec les instructions de monsieur le président de la République».
Le docteur Iddir, qui sollicite une audience avec le ministre de tutelle, espère que les demandes et argumentaires formulés lors de la dernière consultation soient enfin pris en compte car ils engagent, dit-il, non seulement l’avenir des praticiens spécialistes en tant qu’individu mais aussi celui de l’hôpital public et, par ricochet, de la population.
Exode des compétences médicales
Depuis la promulgation en novembre 2009 de leur statut particulier, les praticiens spécialistes le dénoncent comme étant le plus pénalisant de la Fonction publique, avec «des injustices et des limitations arbitraires» qui tranchaient, selon le Dr Iddir, avec ce qui était accordé à d’autres corps de fonctionnaires du niveau équivalent. Pour le premier responsable de cette organisation, ce texte a fait du corps des praticiens spécialistes le plus «instable».
Une instabilité qui est l’une des causes de la contre-performance de l’hôpital public, qui se trouve, précise-t-il, expurgé de pans entiers de soins spécialisés. «Je suis un militant d’un hôpital public, malheureusement nous n’avons pas développé une vision pour créer réellement un hôpital public au sens large», note notre interlocuteur, qui rappelle la lutte du SNPSSP depuis 2009 par tous les moyens légaux pour obtenir la révision du statut particulier.
Le syndicat souligne que l’exode des compétences médicales vers l’étranger constitue l’un des plus importants problèmes dont souffre le secteur sanitaire dans notre pays. Sur les quelque 50 000 médecins spécialistes formés annuellement en Algérie, il n’en reste, aujourd’hui, que 30 000 dans les deux secteurs public et privé. L’hémorragie touchant le corps médical dure depuis des années. Selon le SNPSSP, un bon statut particulier qui réponde aux attentes des médecins spécialistes pourrait l’arrêter.