Le Pr Reda Malek Hamidi, chef de service de la réanimation médicale au CHU Beni Messous, rappelle, dans cet entretien, l’importance du renforcement en urgence des mesures sanitaires pour casser la chaîne de contamination et particulièrement envers les enfants pour éviter la saturation des services médicaux . Pour lui, cette frange de la population constitue le vecteur potentiel de transmission, au vu de la faible couverture vaccinale anti-Covid-19 et la forte contagiosité du variant Omicron.
- Le nombre de cas confirmés de Covid-19 enregistrés ces derniers jours inquiète le gouvernement, notamment les hospitalisations qui ne cessent de croître et qui pourraient atteindre un seuil de saturation, selon le communiqué du Premier ministère. Qu’en pensez-vous ?
Il faut savoir que la situation est bien entendu inquiétante au vu du nombre de personnes hospitalisées dans les différents services Covid, que ce soit au niveau de notre hôpital ou ailleurs. Ainsi, nous enregistrons des cas d’infection au variant Delta et au variant Omicron. La circulation intense du virus fait que des familles entières sont aujourd’hui contaminées, notamment avec la circulation du variant Omicron qui est très contagieux.
Des clusters communautaires, notamment familiaux, ont fait que le nombre de cas d’infection est en nette augmentation et ils sont probablement dus au variant Omicron. Ce qui va bien sûr engendrer la hausse des hospitalisations.
Les services hospitaliers risquent d’être submergés, alors que les rares services de la réanimation médicale de la capitale sont actuellement saturés. Il est important de rappeler que le taux d’occupation des lits en réanimation est un indicateur primordial dans le suivi de l’évolution d’une épidémie qui permet d’orienter les pouvoirs publics quant à la prise de décision relative aux mesures sanitaires qui s’imposent.
- Quelle est la situation au niveau de votre service ?
Actuellement, les services de réanimation dans la capitale son effectivement saturés, dont le nôtre où les patients admis sont pour la majorité infectés par le variant Delta, au vu des symptômes et des formes cliniques graves déjà présentés lors de la troisième vague. Ces patients sont à 99% non vaccinés. Les 2 ou 3% de patients vaccinés admis en réanimation souffrent pour la majorité de comorbidités.
La situation est effectivement inquiétante, car les formes graves sont toujours enregistrées et notre service doté de 12 lits est aujourd’hui saturé. En plus du nombre restreints de lits de réanimation ne permettant pas l’admission de plus de patients avec des formes graves de Covid-19, la durée d’hospitalisation s’étale sur deux à quatre semaines.
Un patient intubé (sous machine) passe entre trois à quatre semaines et ceux qui sont sous VNI ou CPAP sont hospitalisés durant 15 jours. Ce qui prive d’autres patients de bénéficier de ces soins.
- Une hausse des cas pédiatriques de Covid-19 en cohérence avec la dynamique de l’épidémie en population générale a été constatée. Y a-t-il des enfants hospitalisés en réanimation ?
Pour le moment , nous n’avons admis aucun enfant dans notre service de réanimation médicale au CHU de Beni Messous. Mais, selon des collègues, un jeune enfant est actuellement hospitalisé en réanimation pour Covid-19 au CHU Mustapha Bacha et d’autres sont admis dans les différents services de pédiatrie. Il faut savoir qu’avec l’apparition de l’Omicron, de nombreux écoliers sont contaminés, dont certains sont asymptomatiques, et des clusters ont été identifiés dans plusieurs écoles.
De nombreuses familles sont contaminées et actuellement nous enregistrons des contaminations parmi les personnels médicaux infectés par leurs enfants, ce qui pourrait entraver le bon fonctionnement des services.
Il est important de se pencher sur cette frange de la population qui semble être le vecteur potentiel de transmission, probablement, en l’absence d’une couverture vaccinale anti-Covid et la forte contagiosité par ce variant Omicron et mettre en place des mesures sanitaires urgentes afin de casser la chaîne de contamination. Je rappelle que depuis le mois de décembre, le nombre de cas a explosé, d’où l’importance aujourd’hui de renforcer les gestes barrières, le port du masque et la vaccination massive des adultes.