Pr Reda Djidjik, Chef du Laboratoire d’immunologie médicale et doyen de la faculté de pharmacie : «Le variant Omicron se propage à un rythme inédit»

19/01/2022 mis à jour: 03:49
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Le Pr Reda Djidjik / Photo : D. R.

Malgré la multiplication des infections, il faut savoir raison garder et ne pas céder à la panique, selon l’expert en immunologie, qui invite à agir par foyer et par secteur et au cas par cas.

C’est une «situation inédite» en matière épidémiologique que décrit le professeur Reda Djidjik, chef du Laboratoire d’immunologie médicale et doyen de la faculté de pharmacie, à propos de la transmission «exponentielle» du variant Omicron en Algérie. «En nombre de contaminations, nous n’avons jamais eu ces chiffres-là. Une simple comparaison sur le plan mondial donne un aperçu de la situation : il y a actuellement 20 millions de nouveaux cas par jour sur la planète contre 200 000 cas journaliers précédemment», a-t-il expliqué, hier, lors de son passage à l’émission «L’invité de la rédaction» sur les ondes de la Radio nationale Chaîne 3.

Il est très probable, selon lui, que l’on assiste actuellement à une explosion des contaminations par le variant Omicron en Algérie. Le fait est que la quatrième vague des contaminations a commencé à la fin du mois de novembre, lorsque le variant Delta, une forme «oxgéno-dépendante», était encore prédominant sous nos cieux. Au début du mois de janvier, la situation a rapidement changé avec un nombre croissant de nouveaux cas journaliers.

«Les hôpitaux sont actuellement saturés, les services conventionnels sont pleins. Selon les chiffres donnés par le ministère de la Santé, il y a plus de 4200 malades hospitalisés à l’échelle nationale. Heureusement que le nouveau variant n’est pas comparable à la forme clinique du Delta. Il y a probablement moins de cas graves», affirme le Pr Djidjik, en soulignant que l’Algérie a tiré les leçons de ces deux dernières années sous la Covid et de sa troisième vague, lorsque le pays a eu à gérer des problèmes organisationnels, notamment en matière d’oxygène. «Sur le plan épidémiologique, précise-t-il, nous avons constaté à la fin du mois de novembre 2021 une montée des cas Delta.

Puis, il a suffi de deux cas détectés par l’Institut Pasteur à la fin de décembre pour que le nouveau variant Omicron se propage, se caractérisant par une transmission importante. Ce variant devra entrer en compétition avec le variant Delta. A terme, celui-ci ne pourra plus pénétrer dans les cellules humaines et ne pourra plus survivre.

C’est ce qui arrive ces derniers jours. L’Institut Pasteur a déclaré que 50% des transmissions du virus sont liées à l’Omicron, selon leur séquençage. Dans les semaines et les jours à venir, nous nous acheminerons vers le scénario européen avec un Omicron dominant», professe-t-il, en précisant que dans certains cas de contamination à l’Omicron, les tests antigéniques s’affichent positifs bien après les premiers symptômes.

«Refaire les tests»

«Aussi, je recommande aux citoyens qui présentent des symptômes de refaire les tests», conseille-t-il. Afin d’éviter les attroupements constatés ces derniers jours devant les laboratoires, il préconise de recourir à d’autres manières de dépister, d’importer et de généraliser les autotests afin d’éviter les contaminations. D’ores et déjà, la situation devient préoccupante dans les structures hospitalières. «Avec le variant Omicron, 50% du personnel de la santé est contaminé. Dans le service que je gère, nous enregistrons plus de 100 cas positifs par jour.

La plupart de mes résidents, de mon personnel paramédical et du personnel de soutien sont actuellement atteints. C’est une situation difficile à gérer, mais l’on continue à se battre», confie-t-il.

Les hôpitaux ne sont pas les seuls à vivre cette situation et il faut s’attendre à ce que de nombreux secteurs soient contraints de tourner au ralenti en raison d’une explosion des cas.

Pour autant, l’expert en immunologie estime qu’il faut savoir raison garder et ne pas céder à la panique. «Il faudrait agir par foyer et par secteur. Il est inutile, à mon avis, de verser dans l’exagération et fermer toutes les écoles, mais il faut procéder au cas par cas, classe par classe et établissement par établissement. Il faut gérer cette situation avec calme et ne pas bloquer tout le tissu socio-économique, sinon dans une semaine ou deux, nous risquons d’arriver à une paralysie de tous les secteurs. Il faut lutter contre la maladie, mais la machine ne doit pas s’arrêter», déclare le Pr Djidjik. Le plus important à ses yeux est de respecter les gestes barrières.

«Nous ne devons pas tomber tous malades en même temps», résume-t-il, en assurant que «la vaccination est un outil thérapeutique très important». «Le vaccin a permis de contrôler la pandémie et de réduire la mortalité. Certes, dit-il, d’un variant à un autre, il y a une baisse de l’efficacité vaccinale et c’est la raison pour laquelle la troisième dose est recommandée.» 

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