Kidal, ville-symbole de l’éclatement du Mali et au centre de la fracture entre ce pays et la France. Mais grâce aux accords d’Alger, depuis un an, l’armée malienne est revenue dans ce qui est le cœur de la rébellion targuie, même si les anciens combattants réaffirment leur attachement à l’unité et au droit à l’autodétermination du peuple de l’Azawad.
Après le f’tour généreusement offert par Alghabass, fils d’Intalla Ag Attaher, l’Aménokal des Ifoghas, le groupe s’est rassemblé dans le jardin, alors que Kadirov est allé aux tarawih avec Tidiane, un jeune Peul passé par tous les groupes armés de la région pour finir par se repentir à Kidal, épuisé par les guerres. Adhughmas, qui accompagne l’équipe depuis Tin Zaouatine, fait le thé en fredonnant une chanson qui fait référence à la Tamesna, région entre le Niger, Mali et Burkina Faso, «les trois frontières», où les militaires français sont encore là. Alghabass a entendu et, assis à même le sable qu’il fait glisser entre ses doigts, raconte la fable de l’Agezzum sur la queue du lézard affamé :
Les djihadistes ont été utilisés pour détruire la Libye et ont essaimé dans le Sahara pour qu’ensuite ils soient traqués par les mêmes qui les ont armés, exactement ce qu’il s’est passé en Syrie avec les USA et Daech.
D’une oreille discrète, Poutine, en pleine partie d’échecs avec Dimitri Outkine, fondateur de la force Wagner, lui aussi réfugié dans le désert, a entendu, et Brahim a vu qu’il avait entendu :
Mais quelle est la solution ? demande Brahim à Poutine.
Le désert…
Le désert ?
Le président russe fait une manœuvre avec son cavalier, ce qui pousse Outkine à déplacer son fou, en trois coups rapides, il est mat. Poutine se lève, satisfait :
Tous les pays occidentaux livrent des armes à l’Ukraine, missiles, blindés, avions, techniquement on est dans la troisième guerre mondiale. Le désert, c’est là où tout a commencé, c’est là où tout va se terminer. Toutes les armées du monde sont déjà ici, la finale se jouera au Sahara.
… à suivre