Le vent s’est levé sur la petite bourgade saharienne de Tin Zaouatine, où même les arbres sont de mauvaise humeur. Mais au loin, on devine un petit groupe en train de discuter à l’ombre d’un acacia solitaire.
Sa composition est pour le moins étrange, ici, aux confins du désert algérien, un Targui algéro-malien, un autre algéro-nigérien, un militaire de Batna, un chef d’APC FLN, un président russe et un Tchétchène. Mais que fait Poutine ici ? La géopolitique a des raisons que la raison ignore, et même si ses dirigeants restent très prudents sur leur positionnement, l’Algérie n’est pas contre la Russie.
- Le blé…
- Le quoi ? a demandé Poutine.
Brahim, l’officier traducteur a traduit, et Adhughmas l’explicateur a expliqué, pour l’Algérie, le blé est français, russe, canadien et ukrainien, il ne faut pas se fâcher avec les fournisseurs.
- Il vaut mieux ne pas mettre toutes ses galettes dans le même panier.
Kadirov s’est étonné :
- Mais c’était le grenier de Rome à l’époque, vous avez des plaines à blé…
- Des plaines AADL.
- ADN ?
Sous le regard désapprobateur de Brahim, Iyad, guide touristique et accessoirement contrebandier, a expliqué qu’on construisait des logements sociaux sur les plaines à blé et que le blé était importé par bateaux.
Poutine s’en est mêlé :
- Vous avez du gaz, du pétrole et du socialisme, pourquoi ça ne fonctionne pas ?
- La main de l’étranger, a répondu le chef de l’APC.
- Je sais ce que c’est, a dit Poutine. Mais on a aussi des mains locales qui font pousser le blé.
- Cette conversation m’a donné faim, a annoncé Kadirov
En effet, il n’est pas loin de l’heure du f’tor, le groupe, plié sous le vent, s’est dirigé vers la résidence officielle du village, une maison en toub mais haut de gamme.
- Vous devriez faire payer votre gaz et pétrole en dinars…
A l’heure de l’adhan, la nuit est tombée, Poutine comprenant un peu le français, le débat frik contre rouble a commencé. Non, frik, c’est du blé grillé qu’on met dans la chorba. L’argent ? Il vaut mieux le manger.
… à suivre