Pour une transition maîtrisée de l’économie de marché à finalité sociale, le défi du gouvernement 2023/2025 : Relancer la privatisation, la démonopolisation et le partenariat public-privé (PPP)

19/03/2023 mis à jour: 04:03
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Photo : D. R.

«Le principal défi des gouvernants au XXIe siècle est la maîtrise du temps» Le défi du gouvernement remanié  est  la relance économique  entre 2023/2025 et  nous sommes déjà au mois de mars, n’existant pas en économie de situation statique, toute  Nation qui n’avance pas recule forcément.

Un des axes essentiels sera la privatisation totale ou partielle, la démonopolisation et l’encouragement du partenariat public-privé devant éviter la confusion entre ces trois concepts où sur le plan opérationnel, ils sont complémentaires.

Actions éminemment politiques et pas seulement économiques, d’où l’importance d’un minimum de consensus social et politique, la privatisation est une cession d’actifs soit par appel avis d’offres ou via la Bourse, mais pouvant exister des privatisations sans transfert de propriété.

Dans le cadre d’un PPP, l’Etat verse une somme au secteur privé en contrepartie de l’offre de service et de la prise en charge éventuelle de la construction et de la gestion des infrastructures, l’Etat gardant la main, un contrat de gestion étant temporaire avec le secteur privé.

La démonopolisation consiste à encourager le développement du secteur privé, les entreprises publiques existantes devant s’adapter à un régime concurrentiel, certains pays de l’ex-camp communiste dans la transition vers l’économie de marché n’ayant pas privatisé mais ayant encouragé la démonopolisation dans l’affectation des ressources financières d’entreprises privées nouvelles concurrentielles.
1. Nous avons les privatisations avec transfert de propriété, où on peut recenser six méthodes qui ne sont pas une liste exhaustive, qui souvent dans la pratique connaissent des combinaisons par des études cas par cas : 
a) l’offre publique de ventes d’actions mais qui se heurte à une difficulté: l’absence de marché de capitaux ; b) vente privée d’actions ; 
c) l’apport d’investisseurs privés dans une entreprise publique après apurement du passif ; d) découpage, segmentation ou restructuration de l’entreprise en plusieurs de ses composantes qui sont vendues séparément ; e) distribution de bons vendus à l’ensemble de la société permettant la création de fonds d’investissement : la méthode de vente de bons d’échange, chaque citoyen recevant des bons de privatisation d’une certaine valeur moyennant une redevance d’enregistrement permet l’adhésion populaire sous réserve de bien organiser ces fonds d’investissement par des comités de surveillance ; f) une toute autre solution de privatisation avec transfert de propriété est la privatisation de l’entreprise par voie de reprise totale par les salariés. Elle est satisfaisante théoriquement plus que pratiquement.

Ces entreprises manquent de fonds propres et auront des problèmes d’augmentation de capital. En outre, on connaît les difficultés managériales des entreprises publiques en Algérie.

Il y aura peu de chance qu’elles puissent trouver en leur sein des équipes de gestionnaires capables d’affronter un marché concurrentiel. Cette technique paraît en revanche adaptée au secteur des petites entreprises de services, comme il y aura lieu de prévoir la formule de cession aux cadres mais qui suppose la création d’une banque à risque pour les accompagner transitoirement. Nous avons  une autre technique qui est la reconversion de la dette extérieure en prises de participation.

Pour les techniques d’évaluation des entreprises publiques, nous avons l’approche patrimoniale, le goodwill - les approches prospectives, ces approches devant  tenir compte des variations imputables tant à la situation politique, économique et sociale interne qu’aux paramètres internationaux Nous avons la privatisation sans transfert de propriété, pour les grandes entreprises où l’Etat confie au secteur privé national, étranger ou mixte, la gestion de ces entreprises, mais renonce dans l’immédiat à en céder la propriété.

La mise en gérance de l’entreprise publique est envisageable. Un contrat est passé avec la société gérante qui pourra être étrangère, nationale ou de préférence mixte.

Cela laisse ouvert toute une gamme de possibilités : la gérance rémunérée par l’EPE, rémunération dégressive ou non, variable ou non selon le chiffre d’affaires, à durée déterminée ou non, avec des pouvoirs de gestion plus ou moins larges, sans garantie ou avec garantie du passif par l’Etat et/ou garantie d’un chiffre d’affaires minimum par l’Etat ou par le gérant.

Tout dépendra de l’état de l’entreprise et des espoirs des deux partenaires dans sa réhabilitation et sa rentabilisation plus ou moins prochaine. Si les espérances du candidat gérant sont suffisamment grandes, une gérance payante sera négociée : le contrat réglera, dans ce cas, des modalités analogues à celles précitées. Dans cette hypothèse, l’Etat aura la perspective d’une meilleure gestion en raison de l’engagement financier du gérant et de son intéressement direct aux résultats.

Une autre technique sera la location-vente qui permettra au locataire, qui paiera un loyer déterminé, d’acquérir à terme la propriété de l’entreprise, avec un droit de préemption à l’arrivée du terme. La technique du leasing au crédit-bail, sera plus intéressante pour le preneur à bail puisqu’il négocie d’entrée de jeu le prix de l’entreprise avant qu’il ne l’ait valorisée, qu’il aura l’option «in fine» et pourra plus facilement obtenir des crédits bancaires pour la réhabilitation et le développement de l’entreprise.

Tous ces contrats pourront être modulés selon l’objet de l’entreprise, car l’opération ne pourra être conçue de la même manière pour la reprise d’un établissement financier, d’une entreprise industrielle ou commerciale. Dans tous les cas où il s’agira d’entreprises à activités multiples, les possibilités de restructuration par cession ou vente partielle d’actifs devront être prévus, ainsi que la négociation de ces contrats à l’occasion de ces opérations.

Cela supposera nécessairement une clause de renégociation et une institution de type arbitral.  Nous avons le partenariat public-privé. PPP où, selon la terminologie anglo-saxonne, nous avons trois types de partenariats : les partenariats institutionnels (création de sociétés à capitaux publics et privés telles que les sociétés d’économie mixte ou joint-ventures), les partenariats dans lesquels les entreprises privées conseillent les personnes publiques pour la valorisation de leurs biens et les contrats de Private Finance Initiative (PFI) qui sont la forme la plus répandue.

Il s’agit de la différencier des délégations de service public qui sont des contrats par lesquels une personne morale de droit public confie la gestion d›un service public dont elle a la responsabilité à un délégataire public ou privé, dont la rémunération est substantiellement liée aux résultats de l’exploitation du service.

Le cocontractant perçoit une rémunération mixte constituée d’une redevance fixe et d’un intéressement qui est fonction de l’amélioration de la qualité du service, du niveau des économies réalisées et du résultat financier de l’exploitation. Précisément le contrat de partenariat est un contrat à long terme (de 10 à 35 ans ou plus) par lequel une personne publique attribue à une entreprise une mission globale de conception, réalisation, financement ainsi que d’entretien, maintenance et/ou d’exploitation de l’ouvrage.

Le cocontractant est rémunéré par un paiement de la personne publique pendant toute la durée du contrat, pouvant être liée à des objectifs de performance et intégrant l’amortissement des investissements initiaux.

Le contrat de partenariat diffère de la concession dans la mesure où le cocontractant est uniquement chargé de l’exploitation et non de la gestion des ouvrages étant fondé sur une répartition optimale des risques : le risque de trafic incombe à la personne publique, le cocontractant prenant en charge le risque de construction et de performance.

La Banque mondiale soutient l’émergence d’un modèle basé, entre autres, sur l’adoption de partenariat public-privé (PPP). Mais afin d’éviter les dépassements, de s›assurer que le partenaire privé livre et à exploiter les actifs du projet dans les délais, cela suppose la maîtrise des coûts et la bonne gouvernance.

Cette réduction du coût des risques constitue le principal moyen d›optimiser le rapport coûts-résultats du secteur public et, dans le cadre de PPP réussis, elle compense généralement toute augmentation de coût résultant d›un financement par emprunts privés et non par emprunts publics. En d›autres termes, le secteur public doit être en mesure de s›assurer que le prix qu›il paie au partenaire privé au titre des investissements et des risques liés au projet, correspond à un bon usage de l›argent des contribuables.

Cela renvoie aux dispositions réglementaires qui doivent être prises pour permettre un développement de ces opérations, dans le respect des spécificités des marchés publics régissant le PPP.

2. L’enseignement majeur des expériences par le montée,  que l’on peut tirer est qu’il n’y a pas de modèle universel, chaque pays, en fonction de ses réalités et de ses contraintes, a mis  en place les techniques les plus adaptées à son contexte, les objectifs pouvant varier et être adaptés en fonction de l’activité ou de l’entreprise.

Il s’agira de substituer des critères de gestion économiques à des critères politiques ; éliminer les rigidités administratives ; alléger les contraintes budgétaires : à moyen terme, en permettant de réduire le poids de la dette publique et surtout la création de richesses durables.

Les trois processus démonopolisation, le PPP, la   privatisation, qu’elles soient totales ou partielles, menés dans une totale transparence, présentent l’avantage de renforcer la capitalisation boursière d’une place, d’augmenter considérablement le nombre des transactions et d›améliorer la liquidité du marché et, partant, la capacité d›attraction de l’épargne étrangère ; favoriser la transparence des opérations et lutter contre les pratiques contraires à la déontologie ; lutter contre les rigidités syndicales ; développer l›actionnariat populaire et la participation des salariés au capital de leur entreprise, promouvoir des équipes de managers et développer une classe moyenne porteuse de dynamisme social. (Abderrahmane Mebtoul 2 volumes 500 pages réformes et privatisation – Office des publications universitaires OPU 1983 –  reproduit dans Amazon Paris 2018 et le programme de l’Association nationale de développement de l’économie de marché ADEM en arabe-anglais-français, en 1992, période où je présentais avec de nombreux amis de toutes les régions du pays, de profondes réformes, l›encouragement des véritables producteurs de richesses qu›ils soient dans le secteur public ou le secteur privé, et non des prédateurs, période d›alors où hommes politiques et bon nombre d›universitaires chantaient le dirigisme étatique bureaucratique).

L’expérience algérienne mitigée s’explique par différents facteurs  surtout sur le plan politique, l’absence de visions stratégiques, avec la neutralisation des rapports de forces, du fait d’un non-consensus social avec des divergences profondes entre les conservateurs rentiers et les réformateurs.

Cela explique les chevauchements entre différents acteurs qui se télescopent alors que s’impose une coordination sans faille pour ce processus éminemment politique et pas seulement économique car déplaçant des intérêts, les gagnants de demain n’étant pas forcément ceux d’aujourd’hui.

La bureaucratie étouffante, principal obstacle, la dévaluation régulière du dinar alors que la stabilité  du régime  des changes est un critère fondamental pour les investisseurs afin d’éviter les fameux conflits des pertes de changes, le changement perpétuel du cadre juridique, la non-délimitation du patrimoine, l’absence de titres de propriétés clairs, du fait de l’absence d›un cadastre actualisé, condition capitale pour attirer tant l’investissement national qu’international.

Les filialisations se sont opérées d’une manière administrative, privilégiant l’offre inadaptée au nouveau contexte mondial, avec des comptabilités défectueuses (la plupart des entreprises n’ayant pas de comptabilités analytiques), et des créances importantes au niveau des organismes bancaires.

L’avancée des réformes dont la privatisation  totale et partielle, la démonopolisation et le partenariat public-privé répond à de nombreux objectifs qui ne sont pas tous compatibles et qu’il convient de hiérarchiser dans la formulation d’un programme quantifié.

Pour éviter toutes mauvaises interprétations, il ne s’agit pas d’être contre les entreprises publiques qui peuvent être performantes mais qui ont besoin d’une réelle autonomie dans la décision, loin des interférences politiques et d’une bureaucratie paralysante et surtout éviter qu’une mauvaise privatisation permette la dilapidation des deniers publics avec un secteur privé prédateur, n’existant pas de par le monde une régulation uniquement par le marché. Mais on ne peut continuer à perfuser des entreprises publiques  moribondes sans conduire le pays au suicide collectif.

En 16 ans entre 2003-2019 (source officielles  de l’APS) les aides directes des pouvoirs publics (annulation des créances, rachat de dettes ou gel de découvert) se sont élevées à 1900 milliards de dinars (13,5 milliards de dollars). Pendant la même période, les entreprises publiques ont bénéficié de prêts bancaires cumulés s’élevant à près de 1400 milliards de dinars.

Au total, ce sont 3300 milliards de dinars, soit 23 milliards de dollars qui ont été mobilisés pour maintenir sous perfusion un secteur qui ne démarre pas. En janvier 2021, le ministre de la Prospective qui relevait du Premier ministère, avait révélé un chiffre effarant : 250 milliards de dollars ont été alloués en 25 ans au secteur public marchand algérien dont 80% sont revenues la case de départ montant que ce n’est pas une question de capital-argent mais la fois d’une incohérence dans la politique économique, faute de management stratégique (voir le rapport de la  Banque africaine de développement de novembre 2022 sur la désindustrialisation de  l’Algérie, qui a été classée 11e au niveau du continent loin de ses importantes potentialités).

En conclusion, la relance économique entre 2023/2025 est tributaire fondamentalement d’une vision stratégique et  pas seulement  d’un changement de femmes et d’hommes aux postes de responsabilités renvoyant aux nécessaires mutations de l’écosystème. Ainsi, s’impose une vision stratégique, évitant tout monopole, qu’il soit public ou privé, ce dernier étant plus néfaste, source de gaspillage des ressources financières et d’inefficience économique.

Ce qui est stratégique aujourd’hui ne peut pas l’être demain, et doit être appréhendé, non en statique mais en dynamique en fonction des nouvelles mutations tant internes que mondiales.

La gestion privée, encadrée par le rôle stratégique de l’Etat régulateur, stratégique en économie de marché, comme un chef d’orchestre, mais supposant des compétences et une coordination sans faille grâce à une planification stratégique, devra être dominante, et la Chine l’a bien compris avec des entreprises concurrentielles au niveau mondial.

L’égalité n’est pas l’égalité du modèle de l963-à mars 2023 mais recouvre la nécessité d’une transformation, entre 2023/2025/2030, de l’Etat-providence par la formulation d’un nouveau contrat social qui devra concilier les principes de l’efficacité économique et la cohésion sociale. 

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