Des pourparlers sur le nucléaire iranien se tiendront samedi au Sultanat d’Oman. Washington évoque des discussions «directes», et Téhéran parle de pourparlers «indirects» ayant pour objectif principal la levée des sanctions américaines.
Le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi a estimé hier qu’un accord pouvait être trouvé avec les Etats-Unis sur le dossier nucléaire si ce pays fait preuve de bonne volonté, avant des pourparlers qui doivent commencer samedi à Oman. Le ministre iranien des Affaires étrangères compte participer à ces discussions avec pour «objectif principal», a-t-il dit, d’obtenir la levée des sanctions américaines, rétablies en 2018 par Donald Trump, qui étouffent l’économie iranienne.
L’Iran s’est dit prêt à discuter mais rejette tout dialogue direct sous la menace et la pression. «Ces négociations seront menées de manière indirecte et nous n’accepterons aucune autre forme de négociation», a réaffirmé hier A. Araghchi, cité par l’agence officielle Irna, relayée par l’AFP. Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies Téhéran de vouloir se doter de l’arme nucléaire.
L’Iran rejette ces allégations et affirme que ses activités dans le nucléaire se limitent à des fins civiles, notamment dans le secteur de l’énergie. En mars, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens appelant à des négociations sur leur programme nucléaire, en vue de remplacer le précédent accord international, devenu caduc depuis que Washington s’en est retiré en 2018. Mais il a également menacé de bombarder l’Iran en cas d’échec de la diplomatie et pris des sanctions supplémentaires à l’encontre du secteur pétrolier iranien.
Lundi, le président américain a annoncé que les Etats-Unis menaient des discussions «directes» avec l’Iran, et qu’une rencontre «à très haut niveau» est prévue samedi. Il a affirmé que si un nouvel accord est trouvé, il serait «différent et peut-être beaucoup plus robuste» que le précédent. Mais il a ajouté que l’Iran serait «en grand danger» si les discussions n’aboutissent pas.
Après cette annonce, Téhéran a confirmé son refus de pourparlers directs. Abbas Araghchi doit avoir samedi à Oman des «entretiens indirects» avec l’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé hier l’agence de presse iranienne Tasnim. «Si l’autre partie a la volonté nécessaire et suffisante, un accord peut être trouvé. En fin de compte, la balle est dans le camp de l’Amérique», a déclaré le ministre, cité par Irna. «Notre objectif principal dans les négociations est (...) de lever les sanctions américaines», a-t-il affirmé, ajoutant que le sultanat d’Oman jouerait le rôle de médiateur.
«Respect mutuel»
De son côté, le Kremlin s’est dit hier favorable aux discussions «directes» entre Téhéran et Washington sur le programme nucléaire iranien annoncées la veille par le président américain Donald Trump. «Nous savons que certains contacts directs et indirects sont prévus à Oman. Et, bien sûr, on ne peut que saluer cela car cela peut conduire à une désescalade des tensions autour de l’Iran», a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, au cours de son briefing quotidien. «Nous avons dit à de nombreuses reprises que nous soutenions un règlement des problèmes du dossier nucléaire iranien via des mesures politiques et diplomatique», a-t-il ajouté.
Plus tôt, la Chine a appelé les Etats-Unis à faire preuve de «sincérité» dans les pourparlers que Washington doit engager samedi à Oman avec l’Iran. «En tant que pays qui s’est unilatéralement retiré de l’accord global (de Vienne, ndlr) sur le dossier nucléaire iranien et qui a provoqué la situation actuelle, les Etats-Unis devraient faire preuve de sincérité politique et de respect mutuel», a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Lin Jian. De son côté, «la Chine continue à rester en relation avec toutes les parties concernées» en vue d’une «solution diplomatique à brève échéance», a-t-il assuré.
Washington devrait «mettre fin à sa mauvaise pratique consistant à utiliser la force pour exercer une pression maximale» dans ses négociations, a observé la même voix. L’accord conclu en 2015 à Vienne entre l’Iran et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni), plus l’Allemagne, prévoit la levée de certaines sanctions internationales en échange d’un encadrement du programme nucléaire iranien.
En 2018, durant son premier mandat, Donald Trump a retiré avec fracas son pays de l’accord et rétabli les sanctions. En représailles, l’Iran a pris ses distances avec le texte et accéléré son programme nucléaire. L’Iran et les Etats-Unis n’ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, après la prise d’otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique. Les deux pays échangent toutefois indirectement par le biais de l’ambassade de Suisse à Téhéran. Oman a également joué un rôle de médiateur dans le passé, comme le Qatar dans une moindre mesure.