Né le 16 avril 1941 dans la ville d’Akbou, le bon docteur Ahcene Rekis se dévoue corps et âme pour soulager ses patients et tous ceux qui se pointent à son cabinet depuis plus d’un demi-siècle. L’aide qu’il apporte en particulier aux plus démunis lui a valu d’être surnommé «le médecin des pauvres».
La ville d’Akbou passe pour être l’une des villes les plus médicalisées en Algérie. Cela ne date pas d’hier, car l’ancienne structure hospitalière que l’on appelle encore, aujourd’hui, «l’ancien hôpital» a été bâti au tout débuts de la colonisation en Kabylie, plus précisément en 1872.
Pour sa part, le nouveau et actuel hôpital, baptisé du nom du martyr de la Révolution, Akloul Ali, a été réceptionné au lendemain de l’indépendance, en 1968. Akbou, capitale politique et économique de la haute Soummam, compte par ailleurs plusieurs structures hospitalières privées d’importance ainsi que des dizaines de médecins généralistes et spécialistes en tout genre.
Cette réputation fait que l’on vient de partout, y compris de régions très éloignées, pour se faire soigner, examiner, ausculter et opérer à Akbou.
Un homme, cependant, incarne mieux que quiconque ce domaine de la santé. C’est le docteur Ahcene Rekis, l’une des figures locales les plus anciennes et les plus charismatiques de la médecine.
Né le 16 avril 1941, ce bon docteur est l’exemple type du médecin de famille qui soigne ses patients de génération en génération, du grand-père au dernier-né de la famille.
Depuis l’année 1972, date de son installation, rue de la Santé, dans ce qui est aujourd’hui appelé l’ancienne ville, son cabinet, est fréquenté par des cohortes de montagnards, hommes, femmes et enfants, qui voyaient en cet homme plus un saint faiseur de miracles qu’un médecin. Ses patients ont foi en lui.
Cette foi et ce respect sont dus aussi au fait qu’ils savent bien qu’ils seront auscultés et pris en charge même s’ils ne disposent pas d’argent. Le docteur Ahcene Rekis est ainsi fait.
Il connaît bien ses patients et il peut deviner derrière la vieille dame ou le paysan en habits traditionnels usé, le citoyen démuni. Celui-là même qui propose de payer la visite avec une poule, un litre d’huile d’olive ou une douzaine d’œufs.
Son bon cœur lui a donc dicté de ne jamais faire payer les plus pauvres. Mieux encore, il lui arrive de leur donner de l’argent pour acheter les médicaments des ordonnances ou des radios qu’il prescrit.
Sinon, au mieux, il les oriente vers des associations bénévoles pour les prendre en charge. Outre ses compétences en médecine, ce qui a contribué à lui conférer cette aura, cette célébrité, ce respect ainsi que cet amour que les habitants de la région lui témoignent de façon unanime est son dévouement et son sens du sacrifice à tel point qu’on l’appelle «Le Médecin des Pauvres».
«A chaque fois qu’on l’a sollicité, il a répondu présent pour prendre en charge les malades les plus démunis et lors de nos sorties pour des visites à domicile dans les villages, il lui est arrivé d’ausculter plus de 70 malades au cours d’une seule journée», témoigne un président d’association qui le sollicite régulièrement.
Le bon docteur, quant à lui, répond avec humilité qu’il n’a fait que son devoir. «Nous avons eu la chance de faire des études et nous rendons service aux citoyens», dit-il souvent.
Pour lui, le premier geste du médecin qui ausculte un malade est de lui tendre l’oreille. «Il faut écouter le malade qui entre dans votre cabinet. L’écoute fait partie intégrante du traitement», a-t-il coutume de dire.
«L’un de mes beaux-parents était malade et alité depuis deux ans quand je me suis décidé à l’emmener dans son cabinet. Eh bien, il a été complètement guéri après le traitement qu’il lui a prescrit», témoigne un habitant d’Akbou.
«Je ne le connais pas personnellement, mais il m’a souvent examiné quand j’étais jeune. C’est quelqu’un de charismatique et d’austère dans le cabinet comme dans la vie publique. Il semblait concevoir sa mission comme un sacerdoce. Les pauvres se soignaient gratuitement chez lui et, mieux encore, c’est parfois lui-même qui payait l’ordonnance. C’est un mythe vivant. Je crois qu’il fait partie de la génération des médecins qui ont choisi de rentrer dans un pays qui en avait grandement besoin. Des gens vraisemblablement marqués par le dénuement qui fut leur lot durant la période coloniale et la guerre», témoigne Mohamed Bessa, un autre habitant d’Akbou.
Plusieurs hommages lui ont déjà été rendus par les habitants d’Akbou et le mouvement associatif de la région en reconnaissance pour sa longue carrière professionnelle et son dévouement envers les malades.
Dernièrement, le bon docteur Rekis fut la cible de rumeurs malveillantes sur les réseaux sociaux le donnant pour mort et presque enterré.
Les Akbouciens ont été très soulagés quand cette méchante rumeur a été démentie quelques heures plus tard. Ils espèrent que Dieu prêtera vie pour encore de longues années à cet homme de grande sensibilité et d’empathie, à ce médecin exceptionnel devenu un modèle pour ses pairs.