Plus de 150 morts en 24 heures : La ville de Khan Younès ravagée

01/02/2024 mis à jour: 04:19
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Photo : D. R.

Des tirs d’artillerie ont visé, hier, l’hôpital Nasser de Khan Younès, le plus grand du sud du territoire. Des milliers de civils y sont réfugiés, tout comme dans l’hôpital du Croissant-Rouge palestinien, Al Amal, près duquel le personnel a signalé des combats tandis que la nourriture manquait.

Les mois passent et les bombardements contre les civils de Ghaza se poursuivent devant nos yeux sidérés. La Bande de Ghaza, victime de bombardements incessants, barbares et indiscriminés, est  aujourd’hui «inhabitable», selon le Bureau des droits de l’homme des Nations unies.

Le nombre d’observateurs sur le terrain diminue, la grande partie des journalistes, témoins encombrants, étant morts ou partis. Le ministère palestinien  de la Santé a déjà recensé plus de 26 700 morts et 65 000 blessés depuis le début de la guerre.

Khan Younès, dans le sud de Ghaza, est désormais le théâtre de combats meurtriers entre le Hamas et l’armée israélienne, forçant les habitants à fuir et mettant en danger les hôpitaux. Alors que les pays médiateurs tentent de parvenir à une nouvelle trêve, des frappes nourries et des tirs de chars continuent de viser cette ville largement détruite.

Les Etats-Unis, l’Egypte et le Qatar travaillent en coulisses pour persuader Israël et le Hamas de s’engager dans une nouvelle trêve. Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, en exil au Qatar, est attendu au Caire pour des discussions sur un projet de trêve.

Cependant, le Hamas exige un cessez-le-feu total en préalable à tout accord, notamment sur la libération des otages israéliens, tandis qu’Israël refuse tout arrêt des combats tant que «le Hamas n’est pas éliminé».

La délégation du Hamas doit rencontrer «des responsables du renseignement égyptien», a déclaré à l’AFP un responsable du mouvement à Ghaza, pour discuter d’une proposition formulée lors d’une récente réunion à Paris entre le directeur de la CIA, William Burns, et des responsables égyptiens, israéliens et qataris.

De mardi à mercredi, plus 150 Palestiniens sont tombés en martyrs et 313 personnes ont été blessées, selon l’agence Wafa. Hier matin, des tirs d’artillerie ont visé l’hôpital Nasser de Khan Younès, le plus grand du sud du territoire. Des milliers de civils y sont réfugiés tout comme dans l’hôpital du Croissant-Rouge palestinien, Al Amal, près duquel le personnel a signalé des combats tandis que la nourriture manquait.

Cadavres dépouillés de leurs organes

L’aviation de l’occupation a par ailleurs lancé des raids aériens sur le camp de Nuseirat, au centre de la Bande de Ghaza, sur la zone nord de la ville de Beit Lahia au nord de la bande de Ghaza et sur la zone orientale de Khan Younès, dans le nord et le sud de la Bande de Ghaza, explique Wafa, selon laquelle les forces d’occupation israéliennes ont tiré des obus au hasard sur des maisons dans la région d’Al Sina’a, à l’ouest de la ville de Ghaza.

Ajoutant à la détresse, les opérations d’aide aux civils de l’Unrwa sont menacées après que 12 des 30 000 employés régionaux de l’agence ont été accusés par Israël – sans preuve aucune – d’implication dans l’attaque du 7 octobre. Treize pays ont suspendu leurs financements à cette agence, mettant en danger le système humanitaire à Ghaza.

Cela aurait des conséquences catastrophiques pour la Bande de Ghaza, ont mis en garde des chefs de plusieurs organisations de l’ONU. Ces accusations surviennent après une décision de la Cour internationale de Justice (CIJ) demandant à Israël d’empêcher d’éventuels actes de «génocide» et de prendre des mesures immédiates pour l’aide humanitaire à Ghaza.

La situation humanitaire se détériore rapidement. Ces derniers jours, des précipitations abondantes ont causé des dommages aux structures fragiles des camps temporaires des déplacés. La guerre a également placé la population au bord de la famine, selon le Programme alimentaire mondial.

Les experts convergent tous vers la même conclusion, affirmant n’avoir jamais été témoins d’une guerre d’une telle intensité au cours de leur carrière.

Christina Wille, directrice d’Insecurity Insight, une association basée en Suisse qui analyse l’impact de la violence sur la population civile en termes de sécurité alimentaire, de santé et d’éducation, explique : «Toutes les infrastructures essentielles sont touchées, rendant la vie extrêmement difficile, voire impossible dans certaines parties de Ghaza.

Dans certains quartiers, même si vous trouvez de la nourriture, vous ne pourrez pas la faire cuire, car il n’y a pas d’eau.» Les enterrements des défunts se déroulent dans des conditions insoutenables. Mardi, un camion a transporté 80 cadavres à l’hôpital Najjar de Rafah avant d’être enterrés dans un charnier de la ville via le poste-frontière de Kerem Shalom, en provenance d’Israël.

Selon les forces d’occupation, ces corps avaient été collectés pour être examinés en Israël, puis ramenés à Ghaza après confirmation qu’ils n’étaient pas des otages israéliens. Dans les faits, et selon des témoins sur place, les cadavres auraient été dépouillés de leurs organes. 
 

 

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