La Corée du Sud a sanctionné le patron du service de renseignement nord-coréen, pour des activités illégales en ligne suivant le tir de missile de Pyongyang mi-décembre, le dernier en date, a annoncé hier le ministère des Affaires étrangères, cité par l’AFP.
Ri Chang Ho, le directeur du Bureau général de reconnaissance, est accusé par Séoul d’avoir «gagné des devises étrangères à travers des activités illégales en ligne et le vol de technologie». Son engagement a contribué à «générer des revenus pour le régime nord-coréen et à procurer des fonds pour ses activités nucléaires et liées aux missiles», a précisé le communiqué.
L’agence dirigée par Ri Chang Ho est soupçonnée de superviser des groupes de piratage informatique, Kimsuky, Lazarus et Andariel, déjà sous le coup de sanctions de la part de la Corée du Sud.
En plus du patron du renseignement,, Séoul a sanctionné sept autres Nord-Coréens, dont l’ancien diplomate basé en Chine, Yun Chol, pour leur implication dans le commerce de lithium 6, un métal utilisé par le secteur nucléaire et soumis à des sanctions des Nations unies.
Les individus sanctionnés ne peuvent conduire des transactions financières et de change avec des Sud-Coréens sans l’autorisation de Séoul, une mesure jugée symbolique par les analystes en raison du commerce très limité entre les deux pays.
Depuis octobre 2022, la Corée du Sud a placé sur sa liste noire 83 personnes et 53 entités, selon son ministère des Affaires étrangères, en réaction au développement du programme nord-coréen d’armes nucléaires et de missiles illégaux, qui s’est accéléré sous l’actuel dirigeant, Kim Jong Un. Très tendues, les relations entre Pyongyang et Séoul se sont encore dégradées en novembre à la suite du lancement du satellite espion nord-coréen. Lancement réussi après deux échecs en mai et en août.
Les Occidentaux, le Japon et la Corée du Sud ont dénoncé ce lancement, tout comme le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, jugeant que l’utilisation de technologies de missiles balistiques violait les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. En conséquence, Séoul a annoncé la suspension d’un accord qui a été conclu en 2018 par les deux pays pour réduire les tensions militaires. La Corée du Sud, le Japon et les Etats-Unis ont intensifié ces dernières semaines leur coopération en matière de défense, notamment sur les questions liées à la cybersécurité.
Les trois alliés soupçonnent Pyongyang d’avoir engrangé l’an dernier quelque 1,7 milliard de dollars (1,5 milliard d’euros) par le biais des cryptomonnaies, qui serviraient à financer son programme illégal d’armes nucléaires et de missiles. La Corée du Nord, visée par différentes sanctions internationales, a tiré le 18 décembre un missile balistique de longue portée, potentiellement capable de frapper les Etats-Unis quelques heures seulement après un autre lancement tard dans la nuit d’un missile à courte portée. Ces deux tirs consécutifs interviennent quelques jours après des mises en garde de Séoul et Washington, qui ont averti Pyongyang que «toute attaque nucléaire» contre les Etats-Unis ou leurs alliés entraînerait la fin du régime de Kim Jong-un, le dirigeant nord-coréen. Ce dernier a affirmé par la suite qu’il n’hésitera pas à répliquer par l’arme atomique si son pays est «provoqué» par des armes nucléaires.
L’année dernière, le Nord s’est déclaré puissance nucléaire «irréversible» et a annoncé à plusieurs reprises qu’elle n’abandonnerait jamais son programme nucléaire, que le régime considère comme essentiel à sa survie.
Le récent rapprochement de la Corée du Nord avec la Russie inquiète par ailleurs les Etats-Unis et leurs alliés sud-coréen et japonais. Selon Séoul, Pyongyang fournit des armes à Moscou en échange de technologies spatiales russes visant à mettre en orbite un satellite d’espionnage militaire.