Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a appelé à une dissuasion nucléaire renforcée et averti qu'il n'hésiterait pas à «anéantir» la Corée du Sud, «principal ennemi» du pays, a rapporté un média d’Etat hier, cité par l’AFP.
Accompagné de hauts responsables du parti et de l’armée, Kim Jong-un a visité lundi et mardi plusieurs usines de munitions. Il a déclaré à cette occasion que la priorité de Pyongyang doit être de «renforcer les capacités militaires d’autodéfense et la dissuasion nucléaire en premier lieu», d’après l’agence officielle KCNA.
La Corée du Nord ne déclenchera pas «unilatéralement» un conflit, a dit le numéro un nord-coréen, selon KCNA, mais n’a «pas non plus l’intention d’éviter une guerre». «Si la (Corée du Sud) ose tenter d’utiliser (ses) forces armées contre la (Corée du Nord) ou de menacer sa souveraineté et sa sécurité (...), nous n’aurons aucune hésitation à anéantir la (Corée du Sud) en mobilisant tous les moyens et les forces» en notre possession, a-t-il prévenu, selon l’agence officielle.
Dimanche, la Corée du Nord a procédé, pour le troisième jour d’affilée, à de nouveaux exercices d’artillerie à munitions réelles sur sa côte ouest, près de la frontière maritime avec la Corée du Sud. Selon l’agence de presse sud-coréenne Yonhap, citant une source militaire, l’armée nord-coréenne a tiré des obus qui sont tombés juste au nord de la frontière maritime entre les deux pays, près de Yeonpyeong, une île sud-coréenne isolée en mer Jaune, près de la côte nord-coréenne.
Vendredi dernier, les habitants de Yeonpyeong et de Baengnyeong, une autre île sud-coréenne située tout près de la Corée du Nord, avaient reçu l’ordre de se rendre dans les abris en raison de tirs d’artillerie nord-coréens dans les eaux environnantes. Plus de 200 obus ont été tirés, selon Séoul, dont l’armée a riposté au moyen d’un exercice de tirs à munitions réelles quelques heures plus tard à Yeonpyeong. Et samedi, l’armée sud-coréenne a annoncé que la Corée du Nord avait tiré 60 obus dans les eaux près de Yongpyeong, près de la ligne de démarcation maritime.
Accélérer les préparatifs
Cette escalade militaire en mer Jaune est l’une des plus sérieuses sur la péninsule depuis 2010, quand le Nord a bombardé Yeonpyeong, faisant quatre morts, dont deux civils. Elle survient après une salve de déclarations belliqueuses du dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, qui a notamment menacé ces derniers jours d’«anéantir» la Corée du Sud et les Etats-Unis. L’île de Yeonpyeong, qui compte environ 2000 habitants, est située à 115 kilomètres à l’ouest de Séoul et à une dizaine de kilomètres au sud de la côte nord-coréenne. Egalement très proche de la Corée du Nord, Baengnyeong, 4900 habitants, se trouve à 210 kilomètres de la capitale.
Au terme d’une réunion du comité central du Parti des travailleurs de Corée, à la fin de décembre, Kim Jong-un a ordonné l’accélération des préparatifs militaires en vue d’une «guerre» pouvant «être déclenchée à tout moment». Il a aussi exclu toute réconciliation avec la Corée du Sud, soulignant la «situation de crise persistante et incontrôlable» qui, selon lui, a été déclenchée par Séoul et Washington avec leurs exercices militaires conjoints dans la région.
Les deux Corées sont toujours techniquement en guerre depuis la fin du conflit en 1953, qui s’est conclu sur un armistice et non un traité de paix. Depuis plus de 70 ans, la péninsule connaît une alternance de périodes d’aggravation des tensions et de relative détente.
Leurs relations sont actuellement au plus bas depuis des décennies. L’an dernier, la Corée du Nord a inscrit son statut de puissance nucléaire dans sa Constitution et a tiré plusieurs missiles balistiques intercontinentaux, en violation des résolutions de l’ONU. Les Etats-Unis, la Corée du Sud ou encore le Japon accusent Pyongyang de violer des sanctions internationales en faisant acheminer des missiles vers la Russie, en guerre avec l’Ukraine.
La Corée du Nord a également réussi à mettre en orbite un satellite espion à la fin de l’année dernière.