Belmekki, père et fille, Mourad et Meriem, exposent leurs œuvres picturales à la bibliothèque Sophia du Centre de documentation économique et sociale (CDES), le Centre qui marque ainsi son premier événement culturel de la saison.
Si le père est aujourd’hui et depuis pas mal d’années l’un des artistes qui ont pignon sur rue à Oran, ce n’est pas le cas de sa fille que les amateurs d’art découvrent pour la première fois.
En réalité pour la deuxième fois, si on doit compter l’expo de même nature organisée dans un lieu inhabituel, l’initiative d’un particulier, une dame, qui permet aux artistes d’exposer dans sa cafétéria-pâtisserie, aujourd’hui, malheureusement pour les artistes en herbe, fermée. «Je rappelle qu’à cette occasion, c’est ma fille qui a réussi à vendre des tableaux et pas moi, et c’est pour vous dire que le marché de l’art (s’il existe réellement) est complètement imprévisible», s’étonne, affectueusement, Mourad Belmekki du haut d’une notoriété, fruit d’un talent que lui reconnaissent également ses pairs. La fille est aujourd’hui diplômée en biologie (botanique), mais cela fait une bonne dizaine d’années qu’elle s’essaye à l’art.
«C’est un ensemble de dessins réalisés durant cette période, et c’est moi qui lui ai suggéré de les mettre en valeur avant de les exposer», explique l’artiste dont le but consiste maintenant à la pousser à s’émanciper, à voler de ses propres et à s’affranchir de l’influence, au début tout à fait normale, qu’un père peut avoir sur sa descendance.
Une influence qu’on peut déceler par exemple dans la manière de concevoir les personnages plutôt effilés, souvent agglutinés. Dans les deux cas, les tons bleuâtres dominent cette exposition qui s’est décidée à la hâte et «au détour d’une rencontre imprévue sur le pas de la porte du Centre», explique Leila Tenci, animatrice.
Comme quoi, le hasard fait bien les choses et celui de réunir deux générations l’est tout aussi bien.
«Nous avons préféré ne pas donner de titres aux tableaux exposés pour donner libre cours à l’imagination des uns et des autres», explique également Mourad Belmekki dont les œuvres, moyen format, se démarquent de celles de la fille, plus petites et pouvant être apparentés à des aquarelles avec des couleurs souvent plus claires d’où transparaissent les traits de crayon. Par opposition, fidèle à ses talents de coloriste (il revendique lui-même cette part d’artisan qui sommeille en lui), mais évidemment aussi de composition, le père ne cesse d’impressionner. Explorateur né, il revient presque à chaque exposition avec un registre différent.
C’est autant d’études que de manières de voir le monde en général et l’homme en particulier. Artiste prolifique, il profite de cet évènement pour exposer un des ses tout derniers travaux, un prélude à une nouvelle exploration celle, dit-il, de «personnages vus à contre jour» et qu’il compte enrichir pour une série devant représenter un énième registre. Dans cet avant-goût, on peut voir une espèce de dialogue entre mirage désertique, reflets aquatiques et filigrane «miniature».
Les travaux semblent se complexifier mais restent toujours accessibles car l’artiste, par ailleurs enseignant en art, fidèle à lui-même, refuse l’élitisme mais sans pour autant verser dans le simplisme. Il est un des peintres les plus importants de sa génération mais jouit aussi peut-on dire d’une popularité évidemment relative eu égard à la place de l’art dans la société où il vit. L’exposition dure jusqu’au 14 octobre.