La commission mixte d’historiens algériens et français sur la période coloniale et de la Guerre d’indépendance, qui a tenu, mercredi dernier à Constantine, sa première réunion de travail, s’est accordée sur plusieurs points, dont la restitution de deux millions de documents «numérisés» à l’Algérie, a rapporté le site électronique Tout sur l’Algérie (TSA), citant une source proche du dossier.
Il est aussi prévu la restitution de «rouleaux» de documents de la période ottomane, deux crânes de résistants algériens et des objets ayant appartenu à l’Emir Abdelkader, l’un des symboles de la lutte contre la colonisation française.
Outre la numérisation et l’ouverture d’un portail permettant l’accès aux archives des premières décennies de la colonisation, la commission mixte a convenu d’approfondir le chantier de l’historiographie, a révélé, pour sa part, le journal français Le Monde. Il s’agira en particulier d’«élaborer une chronologie» des épisodes marquants de la période coloniale et une «bibliographie commune des recherches et des sources en Algérie et en France sur le XIXe siècle».
La commission mixte a suggéré aussi le «lancement» d’un «programme d’échange et de coopération» en vertu duquel 15 doctorants et chercheurs algériens viendraient travailler sur les archives françaises, tandis que 15 de leurs pairs français iraient se pencher sur les archives algériennes, a ajouté la même source. Les deux pays sont invités à offrir «toutes les facilités d’accès aux fonds».
Enfin, la commission a appelé de ses vœux «l’identification des cimetières et des tombes» de détenus algériens enterrés en France et la «valorisation de ces lieux de mémoire». Ces propositions seront soumises aux deux chefs d’Etat, Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, qui sont à l’initiative de la création de cette instance.
La création de cette instance de dix membres chargée d’étudier les archives algériennes et françaises portant sur la période coloniale avait été annoncée en août 2022 à Alger par les présidents français, Emmanuel Macron, et algérien, Abdelmadjid Tebboune. Elle a pour mission de travailler «sur l’ensemble de leurs archives de la période coloniale et de la Guerre d’indépendance.
Ce travail scientifique a vocation à aborder toutes les questions, y compris celles concernant l’ouverture et la restitution des archives, des biens et des restes mortuaires des résistants algériens, ainsi que celles des essais nucléaires et des disparus, dans le respect de toutes les mémoires. Ces travaux feront l’objet d’évaluations régulières sur une base semestrielle», selon la Déclaration d’Alger pour un partenariat renouvelé, ayant sanctionné la visite officielle du président français en Algérie.
Cette instance conjointe s’était réunie en avril dernier par visioconférence. Elle est coprésidée côté algérien par l’historien Mohamed Lahcen Zighidi. En novembre 2022, la Présidence algérienne avait désigné M. Zighidi et les historiens Mohamed El Korso, Idir Hachi, Abdelaziz Fillali et Djamel Yahiaoui pour faire partie de cette commission.
Les cinq historiens français qui en font partie sont Benjamin Stora (également coprésident de la commission), Florence Hudowitz (conservatrice au Mucem), le professeur des universités Jacques Frémeaux ainsi que les historiens et enseignants universitaires Jean-Jacques Jordi et Tramor Quemeneur, a souligné l’Elysée. Le président Tebboune avait indiqué que cette commission aura à traiter la question liée à la mémoire «sous l’angle historique et non politique».
Concernant le temps qui lui est imparti, le chef de l’Etat a précisé avoir évoqué avec son homologue français «un délai d’une année ou moins, si le travail est finalisé avant». «Mais s’ils (les spécialistes) prennent encore plus de temps, tant mieux, car les bonnes choses prennent du temps», avait-il noté.