La Banque mondiale constate que les femmes jouissent d’environ deux tiers des droits reconnus aux hommes et que nulle part dans le monde, les femmes n’ont les mêmes droits que les hommes.
La longue marche des femmes pour la conquête de leurs droits et pour l’égalité des genres a été jalonnée d’immenses progrès, et ce, dans les quatre coins du monde. Malgré les progrès accomplis au fil des générations, les femmes font toujours face à de plus grandes difficultés que les hommes sur le marché du travail.
D’importants écarts persistent entre les genres en termes de revenus et d’avancement professionnel, selon de nombreux rapports d’organisations internationales spécialisées et d’experts en la matière. Des inégalités qui se cumulent donc, qu’il s’agisse du taux d’emploi, de l’exercice d’un travail à temps partiel, de rémunération ou encore de la qualité de l’emploi.
Les revenus perçus par les femmes tout au long de leur vie sont donc plus faibles, de même que l’écart entre les genres en matière d’opportunités économiques est beaucoup plus important.
En effet, bien que de nombreux pays à travers le monde aient accompli des progrès considérables dans la promulgation de lois qui garantissent l’égalité des chances pour les femmes, près de 2,4 milliards de femmes en âge de travailler dans le monde ne bénéficient toujours pas des mêmes droits que les hommes, selon la Banque mondiale.
Or, en comblant l’écart entre les sexes en matière d’emploi, le PIB par habitant pourrait augmenter à long terme de près de 20% en moyenne, selon la même source. La Banque mondiale constate que les femmes jouissent d’environ deux tiers des droits reconnus aux hommes et que nulle part dans le monde les femmes n’ont les mêmes droits que les hommes.
Dans son rapport «Les Femmes, l’Entreprise et le Droit 2.0», il est révélé qu’aucune des 190 économies examinées dans le monde n’ait atteint la parité juridique entre les genres dans les domaines mesurés.
Selon le rapport qui passe au peigne fin les politiques qui limitent l’inclusion économique des femmes, il a été signifié que le cadre juridique international relatif aux droits humains des femmes, tel qu’il est énoncé dans la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) et dans les conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT), et les législations nationales sont améliorées et adaptées dans la plupart des pays au monde.
Désormais, les femmes évoluent dans un environnement juridique dans lequel elles évoluent en tant qu’entrepreneures et employées, comme elles font l’objet de politiques qui les protègent contre la violence ou influent sur leur liberté de circulation, leur capacité à posséder des biens ou à en hériter, ou leur accès à des services de garde d’enfants.
Certes, des disparités existent entre les pays, et les économies à haut revenu accordent plus de droits aux femmes. Les domaines de la sécurité, de l’entrepreneuriat et de la garde d’enfants sont ceux qui demandent le plus d’amélioration.
Des domaines fondamentaux tels que la réglementation du marché du travail, des services de garde d’enfants de qualité et d’un coût abordable, le soutien à l’entrepreneuriat et la sécurité des femmes accusent un retard considérable par contre dans les économiques à faible revenu.
Sur l’entrepreneuriat, à proprement parler, les lois sur les marchés publics et la question de savoir si les lois établissent des quotas pour accroître la présence des femmes dans les conseils d’administration, la Banque mondiale révèle que seuls deux cinquièmes environ des cadres d’appui nécessaires pour promouvoir la mise en œuvre de lois sur l’égalité des genres ont été mis en place.
La marge d’amélioration est importante dans toutes les économies.
Même dans les économies à haut revenu de l’OCDE, les mécanismes de mise en œuvre font largement défaut, puisque seuls 68% de cadres d’appui ayant été adoptés. Dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, seul un quart des cadres de mise en œuvre mesurés existent actuellement, un peu moins en Afrique subsaharienne, selon la même source.
Ne se limitant pas au constat, le rapport de la Banque mondiale estime que dans l’ensemble, les cadres d’appui nécessaires pour garantir l’application des lois dans toutes les économies font largement défaut dans toutes les catégories de revenu à l’autre, mettant ainsi en évidence la difficulté à traduire les droits légaux en opportunités concrètes pour les femmes.
A titre illustratif, il utile de signaler qu’en ce qui concerne les compétences liées à l’intelligence artificielle, et à l’échelle mondiale, seuls 22% des professionnels dans ce domaine sont des femmes, contre 78% d’hommes.
Ces variations soulignent le besoin impérieux d’adopter des approches proactives et nuancées dans toutes les économies, quel que soit le niveau de revenu, afin de combler le fossé entre les dispositions légales et l’autonomisation effective. Les cadres d’appui pourraient être renforcés davantage dans des domaines critiques comme le travail, les actifs, la garde d’enfants et la rémunération.
Et à propos de rémunération, et à en croire une étude de l’OCDE, environ 75% de l’écart salarial entre les genres pour des compétences similaires reflètent les différences de salaire à l’échelle des entreprises et incluent les disparités en termes de tâches et de responsabilités et, dans une moindre mesure, les différences de rémunération pour un travail de valeur égale. Les 25% restants sont liés à la plus grande proportion de femmes dans les secteurs à bas salaires.
En somme, les chiffres des études et rapports d’organisations internationales spécialisées font ressortir le travail accompli mais aussi ce qui reste à faire.
Et à ce titre, la Banque mondiale indique que s’agissant de la rémunération, environ 52% des économies du monde ont des dispositions juridiques imposant une rémunération égale pour un travail de valeur égale, mais seulement 18% mettent en œuvre des mesures de transparence salariale ou des mécanismes d’application pour combler l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes.
Dans le domaine de l’entrepreneuriat, seules 13% des économies exigent que les sociétés cotées en bourse disposent d’un quota de femmes juridiquement contraignant au sein des conseils d’administration, et seulement 35% des économies publient des statistiques sur les entreprises appartenant à des femmes qui sont essentielles pour la conception de politiques et de programmes publics efficaces.
La principale contrainte dans le domaine des actifs reste l’absence de reconnaissance juridique des contributions non monétaires d’une femme à sa famille, ce qui est vrai dans 29% des économies.
Enfin, dans 33% des économies, l’âge auquel les hommes et les femmes peuvent prendre leur retraite n’est pas le même, et dans 43% des économies, les périodes d’absence pour s’occuper des enfants ne sont pas prises en compte dans les prestations de retraite. Seules 15% des économies offrent une forme quelconque d’incitation qui se répercute sur les prestations de retraite au profit des femmes.
Algérie : 17% de femmes chefs d’entreprise
En Algérie, beaucoup d’acquis ont étés arrachés par les femmes pour leurs émancipations dans le monde du travail ces dernières années, même si beaucoup reste encore à faire.
Selon la présidente de l’Association des femmes algériennes chefs d’entreprises (SEVE), Mme Chahrazed Saâdi, l’Algérie dispose d’un fort potentiel féminin puisque les universités comptent aujourd’hui 60% d’étudiantes mais les chiffres du monde du travail sont loin de refléter ce potentiel puisque seulement 17% des chefs d’entreprise sont des femmes.
Des femmes qui font aussi leur percée dans le domaine des startups, à en croire le ministre de tutelle. Des percées notées aussi à la lecture des derniers chiffres communiqués par le centre national des registres de commerces (CNRC) qui fait état d’une augmentation du nombre de femmes commerçantes de près de 18% au cours des 5 dernières années et qui sont désormais quelque 182 000 registres de commerce sous noms de femmes en ce début du mois en cours.
Les femmes représentent actuellement environ 8% du nombre total des commerçants inscrits au CNRC, estimés début mars à 2246. 725, selon la même source.
Sur le nombre total de femmes commerçantes actuellement immatriculées (181 820 commerçantes), 166 115 commerçantes sont immatriculées en tant que personnes physiques et 15 705 en tant que personnes morales (gérantes d’entreprise).
Concernant la répartition géographique des commerçantes, le plus grand nombre d’entre elles se trouvent dans les grands pôles économiques et urbains, comme Alger, Oran, Tizi Ouzou et Constantine.
La tranche d’âge entre 39 et 48 ans représente 25,20% du nombre total de femmes inscrites, tandis que la tranche d’âge de 49 à 58 ans constitue 24,53%.
Par secteur d’activité, les femmes commerçantes (personnes physiques) activent principalement dans le domaine de la distribution en détail à hauteur de 48,29%, les services (39,55%), la production de biens (8,81%), la distribution en gros (3,16%), la production artisanale (0,16%) et l’exportation avec 61 femmes pour un taux de 0,03%.