La 15e édition du Festival de la chanson oranaise a été ouverte dans la soirée de dimanche à la salle le Maghreb. Une édition prévue au départ sur trois jours comme le montre l’affiche annonçant l’événement, mais qui a été finalement rallongée pour durer cinq jours.
«C’est le ministre de la Culture lui-même qui a décidé d’une rallonge budgétaire, afin de donner plus de consistance à cet événement», a indiqué Bouchra Salhi, directrice de la culture de la wilaya d’Oran, en marge de la cérémonie.
Dans sa déclaration publique, s’exprimant justement au nom de son ministère, elle a indiqué que cet événement n’est pas seulement une célébration de la chanson, mais une contribution à montrer l’enracinement culturel et la diversité patrimoniale qui caractérisent le pays tout entier.
Elle remettra plus tard la distinction honorifique en guise d’hommage au compositeur Abdellah Benahmed prévu au programme de cette soirée d’ouverture. «Je tiens d’abord à souhaiter la bienvenue au public d’Oran qui s’est déplacé, mais je dirais aussi que le patrimoine que nous célébrons aujourd’hui n’est pas seulement la fierté des seuls Oranais, mais celle de toute l’Algérie», a-t-il indiqué presque surpris de voir les projecteurs braqués sur lui. «Je n’ai pas l’habitude de parler de ma personne, car ce sont mes travaux qui parlent pour moi et c’est mon grand défaut», devait-il ajouter modestement en se retournant vers Souad Bouali, commissaire du Festival, pour chercher une confirmation en guise d’appui : «Vous me connaissez, n’est-ce pas ?»
En effet, avant l’entame du show proprement dit, une projection vidéo montre les portraits d’un grand nombre d’artistes, dont quelques-uns ne sont plus de ce monde auxquels il a offert ses compositions. C’est la consécration de toute une carrière. La parenthèse fermée, c’est Houria Baba qui a été choisie pour ouvrir le bal. Véritable faiseuse d’ambiance, habituée du Festival, elle n’a rien perdu de son enthousiasme en déclarant dès son entrée : «Je suis venue vous souhaiter la bienvenue et je veux un maximum de youyous !»
Néanmoins, cette fois, elle s’est présentée avec une chanson un peu moins rythmée que son habitude, mais toujours empreinte de générosité (mrahba bedayf lli dja) composée par son frère Houari Baba qui est lui-même interprète et au programme de cette même soirée.
Redonner du grain à moudre aux paroliers
Quand le Festival a été lancé vers la fin des années 2000, beaucoup étaient sceptiques quant à la renaissance d’un style qu’on donnait pour révolu et dont il ne restait que des icônes. Ce qui est certain, c’est que l’initiative a non seulement duré, mais elle a motivé beaucoup de jeunes et surtout elle a redonné du grain à moudre à différents paroliers et compositeurs qui sont revenus à l’activité.
Le performeur suivant, Houari Oulhaci, est l’un des jeunes artistes découverts par ce Festival il y a plusieurs années. Le titre qu’il a interprété, «Ma djatniche gaâ fi bali» (elle ne m’est pas venue à l’esprit) est composé par Djamel Bendahmane sur des paroles signées Belhadri Belhadri.
Le suivant, Sofiane Abdellah, s’est d’abord essayé à la déclamation de poèmes du genre «melhoun», avant d’entamer sa chanson-hommage évoquant plusieurs des pères fondateurs du genre «wahrani», comme évidemment Blaoui El Houari et Ahmed Wahbi, mais aussi Bezerga et Ahmed Saber.
Présent parmi le public et parlant de manière générale, Mohamed Benkamla, musicien et ancien du Palais de la culture, constate une focalisation sur Oran, ses quartiers et ses anciennes figurent, et estime que le genre n’empêche pas de traiter diverses autres thématiques.
Celui-ci a une raison particulière d’être dans la salle, car une de ses filles fait partie de l’orchestre accompagnateur dirigé par Khalil Baba-Ahmed. Elle est violoniste et n’est pas la seule, ce qui est inédit pour ce genre d’orchestres. A ce propos, il n’est pas inutile de faire remarquer qu’il y a un déséquilibre sonore flagrant entre la section électrique (deux synthétiseurs, basse et guitare) soutenue par une batterie et les autres instruments (violons, violoncelles, oud et même saxo).
La prestation est techniquement sans doute irréprochable, mais l’âme du genre n’y est pas tout à fait. Quoiqu’il en soit, l’autre chanteur annoncé sur scène a interprété justement «Hallit Bab Wahran» (j’ai ouvert la porte d’Oran) sur une composition de Kouider Berkane, l’un des musiciens (il est aussi violoniste) à avoir dans le passé dirigé un des orchestres accompagnateurs.
Hormis Djahida qui a interprété des paroles de Belhadri sur une musique de Toufik Boumellah, d’autres chanteuses un peu moins connues ont eu les faveurs du public présent, et c’est le cas de Sabrina et de Fatima Msirdi. La soirée qui s’est poursuivie dans la nuit a également concerné d’autres chanteurs, nombreux à vouloir participer à ce Festival qui a dû être décalé de quelques mois, et c’est sans doute ce qui explique que la salle a été moins remplie que d’habitude. Mais il reste encore d’autres soirées pour se rattraper.
Oran
De notre bureau Djamel Benachour