Depuis trois jours, les wilayas du nord de l'Algérie, y compris la capitale Alger, sont plongées sous un épais nuage de poussière. Ce phénomène, devenu récurrent ces dernières années, soulève des questions urgentes sur les implications environnementales et la nécessité de renforcer les mesures de lutte contre la désertification et les changements climatiques.
Ciel rouge, temps lourd, chaleurs et respiration difficile notamment pour les asthmatiques : tel est le constat de ces deux derniers jours où un nuage de poussière a pris d’assaut les wilayas du nord du pays, notamment la Capitale. Au moment où nous mettons en ligne, les particules de sable continuent leur invasion. Résultat : opération nettoyage obligatoire dans la majorité des maisons et les stations de lavage de véhicules envahies par les véhicules ensablés. Pourquoi ce phénomène ? Les tempêtes de sable actuelles, qui persistent dans la capitale et les villes côtières, trouvent leur origine dans le désert du Sahara. Des vents forts transportent des particules de poussière sur des milliers de kilomètres, affectant non seulement l'Algérie mais atteignant également des régions du sud de l'Europe. Athènes, par exemple, a récemment vu son ciel devenir orange à cause de ces tempêtes, évoquant une scène martienne.
Changements climatiques en soutien
Avec ce ciel orangé, Mars n’est pas prête à quitter la Terre. C’est du moins ce que prévoient les scientifiques. Les dernières études climatiques confirment que ces tempêtes de sable, loin d'être des incidents isolés, deviendront de plus en plus fréquentes. Carlos Pérez Garcia Bando, un expert en tempêtes de sable à l’Institut de Supercomputing de Barcelone, explique que les particules de sable les plus fines, une fois soulevées par des vents violents, peuvent parcourir de longues distances. Les particules les plus lourdes ne voyagent pas loin. La récurrence de ces événements est aggravée par les conditions climatiques sèches et le manque de couverture végétale.
Le changement climatique est justement pointé du doigt dans l’accentuation de la fréquence et l'intensité des tempêtes de sable. Les fortes chaleurs, l’absence de couverture végétale et la sécheresse aident les particules de poussière à rester longtemps en suspension dans l'air, affectant la qualité de l'air sur des milliers de kilomètres.
Dans le volet chaleurs, l’Office National de Météorologie (ONM) avait lancé aujourd’hui un bulletin météorologique spécial (BMS) de canicule dans plusieurs wilayas de l’est et du sud du pays. Une vague de chaleur affectera, ce mercredi, des wilayas du sud du pays, avec des températures caniculaires pouvant dépasser localement 49 degrés, indique ce l’ONM. Placée en vigilance "Orange", cette vague de canicule affectera Bordj Badji Mokhtar, In Salah, Adrar, Sud de Timimoun et Tamanrasset (Ouest), avec des températures maximales atteignant ou dépassant 49 degrés et minimales oscillant entre 34 et 38 degrés, précise la même source. Ce BMS persistera jusqu’à vendredi. Pour les wilayas de l’est, à savoir le Sud de Skikda, Annaba, El Taref, Mila, Constantine et Guelma, les températures oscilleront entre 42°c et 44°c. Le BMS prendra fin courant de cette soirée.
Dans ces conditions météorologiques, les tempêtes de poussière posent des risques significatifs pour la santé publique. Les particules en suspension peuvent aggraver les maladies respiratoires, nécessitant des précautions comme le port de masques pour les personnes vulnérables. De plus, elles contribuent à l'acidification des sols et à la dégradation des écosystèmes terrestres et marins.
Importance Cruciale du Barrage Vert
Le Barrage Vert, cette barrière végétale contre la progression du désert, joue un rôle vital dans la prévention de ces phénomènes météorologiques extrêmes. Les zones dépourvues de végétation favorisent le déplacement du sable par des vents violents, contribuant ainsi à la fréquence et à l'intensité des tempêtes de poussière. Face à cette menace croissante de la désertification, il devient impératif de renforcer notre ceinture verte. Les efforts de l’Algérie, qui a inspiré l’Afrique dans la lutte contre la remontée du désert, doivent être associés à ceux des 11 pays africains impliqué dans le projet de la Grande Muraille Verte.
Les nuages de sable qui frappent actuellement le nord du pays sont un rappel poignant de l'urgence climatique. Ils soulignent la nécessité d'actions concertées pour lutter contre la désertification et renforcer les mesures de protection environnementale et des populations contre les effets néfastes des changements climatiques.