Nécessité de réorganiser la filière avicole : Appel à la création de coopératives professionnelles

01/10/2023 mis à jour: 00:52
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Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural rassure les consommateurs sur la baisse, dans les prochains jours, du prix du poulet, ainsi que les opérations de réhabilitation des bâtiments d’élevage de volaille. La rareté du poussin d’un jour, les grosses chaleurs et les incendies de forêt ont affecté brutalement le cheptel avicole. En plus de ces facteurs fragilisant une filière désorganisée, s’ajoute l’envolée des prix des matières premières sur le marché mondial.

La hausse du prix du poulet de chair, ces deux derniers mois, est sur toutes les lèvres. Dans la commune de Guerrouma, des éleveurs avec qui nous nous sommes entretenus se disent aussi concernés par cette situation. «La cherté des aliments et la succession des maladies touchant le cheptel sont à l’origine de cette envolée des prix», a estimé Ahmed, un éleveur de poulet de chair, installé depuis des années dans la commune de Guerrouma sur, les hauteurs de Lakhdaria, à l’ouest de Bouira.

«Durant la saison des grandes chaleurs, nous avons perdu beaucoup de notre production. Les maladies ne cessent de provoquer des dégâts», a-t-il ajouté non sans désolation, refusant d’ouvrir les portes de sa ferme d’élevage, craignant des maladies pouvant contaminer son cheptel. Les pertes enregistrées et qui s’accumulent d’année en année ont contraint un nombre important de producteurs à arrêter leur activité.

Les établissements servant de production de poulet de chair sont abandonnés, a-t-on constaté au cours de notre tournée dans la région de Lakhdaria. «Nous avons décidé de marquer une période d’arrêt dans l’attente que les prix de l’aliment et du poussin, qui oscillent entre 180 et 200 DA, baissent», nous a affirmé un autre éleveur.

Pour le président du Conseil national interprofessionnel de la filière avicole (Cnifa), de la wilaya de Bouira, Mohamed Habbas, les contraintes fragilisant la production et auxquelles sont confrontés les éleveurs sont identifiées. Citant la cherté de l’aliment et autres intrants (eau, médicaments…), M. Habbas a fait état du manque de poussins destinés à l’élevage. «La production nationale se chiffre à 40%. Cela reste insuffisant», dit-il en ajoutant que ce problème ne se pose pas uniquement en Algérie mais à travers plusieurs pays du monde, notamment en Europe.

«Les pouvoirs publics, via le ministère de l’Agriculture, ont même facilité la tâche à nos importateurs pouvant alimenter le marché en poussins. Mais la situation est un peu compliquée d’autant plus que plusieurs pays souffrent du même problème», a-t-il indiqué. Les importateurs de poussins d’un jour destinés à l’élevage assurent au moins 60% des besoins de la filière nationale.

Cependant, explique le président du Cnifa, la rareté de poussin n’est pas l’unique raison de la cherté du poulet sur les étals. M. Habbas a indiqué que le coût très élevé des différents intrants ont également influé sur le prix de revient. «C’est tout à fait normal que de nombreuses avicultures abandonnent cette activité. La cherté de l’aliment et les cumuls de problèmes ont obligé nos éleveurs à se détourner de cette activité», a-t-il regretté.

Nécessité de s’organiser en coopérative

De son côté, la directrice des services agricoles (DSA), Tira Adra, qui a souligné les efforts consentis par les autorités locales, à leur tête le wali de Bouira, Lamouri Abdelkrim, ayant initié récemment une journée d’étude et de formation aux profits des professionnels de la filière, a appelé les professionnels de la filière à s’organiser en coopérative. «On ne peut pas cerner une problématique si les professionnels de la filière ne sont pas organisés», a-t-elle précisé.

Tout en soulignant que la production des viandes blanches, arrêtée au 17 septembre dernier, est de 167 640 quintaux, la DSA a rappelé la mobilisation de tous les moyens possibles pour accompagner les éleveurs. «Nous assurons, en collaboration avec nos partenaires de la Chambre d’agriculture et les instituts de formation spécialisés, des cycles de formation gratuits dédiés aux éleveurs.

Les protocoles de vaccination contre toutes les maladies pouvant impacter les productions sont suivis et respectés», a ajouté Mme Tira, en rappelant que 2567 bâtiments d’élevage et 473 autres établissements de poules pondeuses ont été recensés dans la wilaya de Bouira. Malgré les difficultés que traverse la filière, des éleveurs restent optimistes et espèrent une baisse prochaine du prix du poulet. Jusqu’à hier, sur les étals du marché couvert de la ville de Bouira, il était cédé à 570 DA le kilo.

S’exprimant, mardi dernier, sur les ondes de la Chaîne 1 de la Radio algérienne, le porte-parole du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, Messaoud Bendridi, a rassuré les consommateurs sur la baisse, dans les prochains jours, du prix du poulet. Qualifiant la hausse constatée sur les marchés nationaux de «conjoncturelle», M. Bendridi a précisé que la baisse du prix du poulet se concrétisera grâce aux opérations de réhabilitation des bâtiments d’élevage de volaille.

L’intervenant a ajouté que la baisse sera significative soit au niveau de l’Office national des aliments de bétail (ONAB) ou chez les éleveurs privés. Aussi, le porte-parole du ministère de l’Agriculture a rassuré les aviculteurs quant à la disponibilité des denrées alimentaires et des matières premières au niveau de l’ONAB.

S’agissant des poussins, M. Bendridi a confirmé que l’ONAB est prêt à fournir ce produit à des prix raisonnables, invitant, dans ce sillage, les éleveurs à se rapprocher de cet office pour obtenir les intrants nécessaires. Le ministère de l’Agriculture va, en outre, réunir prochainement les responsables de la Fédération des éleveurs de volaille et ceux du Conseil professionnel paritaire de cette filière pour fixer les modalités permettant de stabiliser le prix du poulet tout au long de l’année.  

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