La situation des droits de l’homme au Maroc ne cesse de se dégrader. A l’image de tous les régimes dictatoriaux, celui du royaume chérifien n’admet aucune présence d’une voix discordante dans le pays.
Le décor ne change pas. Et le tableau de la situation des droits de l’homme ne cesse de s’assombrir : détenus politiques, chasse aux activistes et aux journalistes qui osent exercer librement leur profession et emprisonnement des opposants ainsi que des porteurs d’idées considérées par le pouvoir en place comme étant «subversives».
En effet, les organisations internationales, dont l’ONG Amnesty International, ainsi que des défenseurs des droits de l’homme et des voix politiques et syndicales au Maroc ne cessent de lancer des appels à la libération des détenus du hirak du Rif et de tous les détenus d’opinion du royaume.
Parmi ces détenus, il y a Nasser Zefzafi et ses compagnons, condamnés arbitrairement à 20 ans de prison ferme pour avoir été des leaders du mouvement du Rif, qui a dénoncé le traitement réservé à la population dans la région d'Al Hoceïma. Maintenus en détention depuis près de 10 ans déjà, Zefzafi et ses camarades ont subi des actes de torture avant leur condamnation, et continuent à être maltraités en prison.
Sensibilisée par les proches de ces détenus, Amnesty International, en collaboration avec des organisations de défense des droits humains, a mené une campagne internationale pour demander aux autorités marocaines de les libérer.
La campagne avait reçu des milliers de courriels adressés au gouvernement marocain pour lui rappeler que l’arrestation et la condamnation de Zefzafi étaient inacceptables, tout en appelant à sa libération immédiate. Dans sa «lettre de pétition» adressée au Chef du gouvernement marocain et diffusée le 13 décembre dernier sur son site, Amnesty International a demandé de «libérer immédiatement et sans condition Nasser Zefzafi (...), et d’annuler sa déclaration de culpabilité injuste».
Les arrestations et les condamnations dans le cadre de simulacres de procès ont concerné également des journalistes, dont le seul tort est d’avoir tenté d’exercer librement leur profession dans un environnement médiatique totalement inféodé au pouvoir.
Parmi les cas les plus connus, il y a Omar Radi et Soulaimane Raissouni, deux journalistes indépendants condamnés en appel en 2022 respectivement à six et cinq ans de prison pour des allégations d'«agressions sexuelles». Un autre journaliste, en l’occurrence Taoufik Bouachrine, éditorialiste arabophone influent, incarcéré depuis 2018, a écopé de 15 ans de prison pour une accusation de «viol» et «traite d’être humain». Les trois journalistes ont nié ces accusations, affirmant être visés pour leurs opinions critiques vis-à-vis du pouvoir.
Selon l’ONG Human Rights Watch, les «autorités emploient tout un manuel de techniques sournoises pour réprimer les opposants, tout en s’efforçant de conserver intacte l’image du Maroc en tant que pays respectueux des droits». «Ces techniques forment un écosystème de répression visant non seulement à museler les voix critiques, mais aussi à effrayer tous les détracteurs potentiels de l’Etat marocain», avait dénoncé Human Rights Watch.