Ouverte le 18 avril à l’occasion de la célébration du début du mois du patrimoine, l’exposition a été une occasion pour le public, notamment les écoliers qui commençaient à affluer dès lundi, de découvrir des pans entiers de la culture ancestrale algérienne et africaine.
«L’exposition qui comprend des objets du fonds du musée a été pensée en adéquation avec la thématique choisie cette année, à savoir ‘Le Patrimoine culturel algérien et ses extensions africaines’», explique Hicham Sekkal, directeur de l’institution.
Ainsi, à titre illustratif, des armes blanches et des objets de la vie quotidienne de pays cités plus haut côtoient les boucliers et les tambours d’appel à la guerre de la région du Hoggar ou des objets de décoration de Beni-Ounif et de Beni-Abbès au même titre que des tissages de Tunisie présentent des similitudes avec les savoir-faire de Ghardaïa, etc.
«Les pièces en question, représentant des savoir-faire locaux, datent du 19ème siècle et sont collectées durant la même période et cela se comprend car, à l’époque, nombre de pays africains autres que l’Algérie étaient eux aussi sous domination de l’empire colonial français», indique Leila Boutaleb, chargée de communication du musée mais faisant également office de guide pour l’exposition.
Le musée lui-même existait bien avant la construction vers 1930 de l’actuel édifice rebaptisé Ahmed Zabana après l’indépendance, en hommage au martyr de la guerre d’indépendance. Une grande partie de l’exposition est consacrée à l’art rupestre comprenant peintures et gravures et couvrant plusieurs périodes dites bovidienne, avec les représentations pastorales situées aux alentours du 5ème millénaire avant notre ère, caballine, suivant l’introduction des représentations du cheval désormais domestiqué, ou alors cameline, correspondant à l’introduction du dromadaire avec l’aridité.
La plus ancienne période dite classique des «Têtes rondes» comme la représentation de cet «Archer» ou de cette «Dame noire» remonte à plus de 9000 ans selon certaines classifications chronologiques. L’art rupestre qu’on retrouve notamment dans plusieurs régions du Grand sud Algérien telles l’Atakor, le Youf Ahakit, Tin Tazarift, la mystérieuse cité rupestre de Sefar etc., est d’une richesse exceptionnelle car étalé sur plusieurs millénaires.
L’art rupestre réalisé sur les roches, généralement en extérieur, s’oppose à l’art pariétal notamment européen qu’on retrouve dans les grottes. Mais toutes ces représentations, parmi les premières formes de l’art pictural de l’humanité, ont fait l’objet d’études et de plusieurs publications datant d’avant et après l’Indépendance. Malheureusement des pans entiers de ces fresques sont en proie à des dégradations diverses d’origine naturelle mais aussi et surtout humaine énumérées à l’occasion de cette exposition.
Les organisateurs ont donc à juste titre jugé utile d’adjoindre une partie de sensibilisation montrant les attitudes à adopter ou surtout à éviter lors des visites des régions où sont implantés les sites en question.
Des outils préhistoriques, dont notamment ceux trouvés dans les grottes du mont Murdjadjo à Oran, sont également exposés via des photographies, prouvant par la même occasion que l’occupation humaine de la région remonte à des temps particulièrement reculés. Une autre partie de l’exposition est réservée à la période antique avec, via des panneaux, un ensemble de mosaïques classées datant de cette période et représentant, pour certaines, des scènes diverses élaborées à la gloire des empereurs romains et retrouvées du côté de l’actuelle Bethioua (anciennement Portus Magnus).
Des mosaïques qui ont été déplacées vers le musée pour y être conservées. Le musée Zabana dispose d’une bibliothèque et c’est à ce titre que plusieurs ouvrages se rapportant à l’histoire et à la culture algérienne et africaine sont également exposés pour appuyer l’importance de la recherche dans ces domaines de la connaissance.