Une exposition consacrée aux sites historiques Achir et Rapidum, situés respectivement dans les communes de Kef-Lakhdar et Djouab, à l’Est de Médéa, s’est ouverte, mardi, au musée des arts et des traditions populaires de Médéa, à l’occasion de la célébration du Mois du patrimoine (18 avril/18 mai), déclinée cette année sous le slogan «Le patrimoine culturel algérien et ses prolongements africains».
Accessible au public jusqu’au 23 du mois courant, cette exposition permettra aux visiteurs de faire une immersion dans les profondeurs de l’histoire de la région, à travers des cartes et des documents illustrés, mettant en lumière ces deux villes historiques érigées à deux époques différentes et oeuvre de deux civilisations distinctes, en l’occurrence musulmane pour le cas de Achir et romaine pour celui de Rapidum, a indiqué le chef de service du patrimoine au niveau de la direction de la culture et des arts, Ahmed Merbouche.
L’exposition est une opportunité pour lever le voile sur des aspects méconnus de l’histoire de Achir et Rapidum, mais également sur les techniques d’architecture utilisées et les différentes étapes de construction de ces deux villes qui témoignent du passage deux civilisations qui ont façonné, chacune à sa manière, l’histoire de la région, a-t-il expliqué.
Première capitale de l’ère Fatimide en Algérie, Achir, localisée dans l’actuelle commune de Kef-Lakhdar, à 88 km à l’est de Médéa, a été fondée par le roi Ziri Benmenad Es-Senhadji, vers l’an 936, en signe d’allégeance au calife fatimide Abou El-Kassem El Kaim.
Culminant à plus de 1400 mètres d’altitude, le site constituait, au vu de son emplacement, un obstacle pour d’éventuels attaques extérieures. Entourée de terres agricoles fertiles et disposant d’abondantes sources d’eau, Achir offrait les conditions idoines, à l’époque, pour la fixation des populations, s’agrandir et surtout, résister à un risque de siège par des troupes belligérantes, a fait savoir Ahmed Merbouche.
L’aboutissement de ce premier chantier entrepris par les Senhadja incitera quelques années plus tard le fondateur de Achir, Ziri Benmenad, à lancer la construction de deux autres villes situées à Méliana (Ain-Defla) et Mezghena, au nord-est de Médéa, a rappelé le même responsable. Selon M. Merbouche, la construction de la ville d’Achir s’est faite en trois étapes.
La première consistait dans le choix de l’emplacement de la future capitale, la deuxième étape était celle de l’édification des murailles pour sécuriser le site et le personnel en charge de l’édification de la ville, tandis que la dernière étape a englobé la construction des palais, des hammams et autres infrastructures indispensables à la vie en communauté.
Ziri Benmenad a fait appel, pour l’édification de cette ville, aux meilleurs architectes et maçons de l’époque qui exerçaient, notamment à Souk Hamza (Bouira) et à Msila. Les matières ayant servi à la construction d’Achir ont été récupérées des ruines d’anciennes villes romaines édifiées dans la région.
La ville a connu, peu de temps après son édification, un grand essor économique et attira, très vite, de nombreux chroniqueurs, historiens, poètes et autres scientifiques, outre l’arrivée massive de marchands et de négociants qui vont contribuer à l’apogée du règne des Senhadja, a-t-il noté. Le site a bénéficié d’un plan de protection destiné à préserver les vestiges encore en l’état de cette cité musulmane et éviter sa dégradation, en attendant l’engagement de travaux de sauvegarde de certains éléments de l’édifice, a fait savoir M. Merbouche.
S’agissant de la ville antique de Rapidum, localisée à Djouab, à 80 km au sud-est de Médéa, celle-ci a été édifiée du temps de l’empereur Publius Aelius Hadrianus qui régna entre 117 et 138 de l’ère chrétienne. La cité était à l’origine un camp militaire regroupant quelque 500 soldats, entre fantassins et cavaliers, avant de connaître des transformations par la suite pour devenir un grand centre urbain. Elle était composée, à ses débuts, de trois quartiers occupés par des vétérans de la légion romaine et des autochtones romanisés.
Elle se développa ensuite rapidement, grâce au commerce et au troc, mais aussi pour des raisons de sécurité et le désir de fixation des gens, jusqu’à comptabiliser, entre l’an 167 et 250 après JC, pas moins de 8000 habitants, ce qui équivalait à une population des grandes villes côtières.
Suite à une décision de l’empereur Setimus Severus, la garnison militaire stationnée à Rapidum est déplacée vers Altava, près de Pomaria (Tlemcen), marquant ainsi le début de déclin de la cité, qui se vida complètement de ses habitants à cause des guerres livrées par différents opposants à l’occupation romaine, entre 270 et 275 après J.C.
Le site de Rapidum qui renferme des dizaines de blocs de pierres ayant servi à sa construction est protégé, depuis des années, par une clôture pour éviter l’intrusion de personnes étrangères et sa dégradation, a souligné M. Merbouche.