Mouvements migratoires : Deux millions d’Algériens ont émigré en 10 ans

04/05/2023 mis à jour: 04:16
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Les jeunes diplômés algériens sont séduits par des carrières professionnelles à l'étranger - Photo : H. Lyès

Les pays de l’Union européenne ont accueilli, entre 2012 et 2020, une moyenne annuelle de 23 207 Algériens en situation irrégulière, avec «un pic de 38 465 personnes interceptées en 2020.»

Le chiffre est fourni par l’agence des Nations unies Undesa. Environ 2 millions d’Algériens ont émigré entre 2010 et 2020. Selon le chercheur-sociologue Mohamed-Saïb Musette, qui a repris toutes les données disponibles sur les flux migratoires en provenance de l’Algérie dans une note adressée à notre rédaction, l’écrasante majorité (80%) de ces migrants s'est établie en France et le reste a choisi une des 19 autres destinations.

Relevant l’indisponibilité des données officielles algériennes concernant les mouvements migratoires de l’Algérie vers l’étranger, le spécialiste a analysé, dans son document, les indicateurs élaborés par les instances des Nations unies (Undesa), de l’OCDE (Eurostat) et de France (Insee).

Selon lui, l’OCDE apporte plus de précisions sur ce flux, en soulignant que «le stock des Algériens dans les pays membres de l’OCDE est de l’ordre de 1,7 million en 2020». «La moyenne des flux annuels (2010-2020) est de l’ordre de 38 630 migrants admis dans les pays de l’OCDE, avec un pic de 41 880 en 2019, année marquée par le hirak en Algérie.

Le flux baisse à 32 400 en 2020, année marquée par la crise sanitaire engendrée par la Covid-19. Le flux moyen annuel vers la France entre 2010 et 2020 est de l’ordre de 22 000 migrants, toutes catégories confondues», explique Mohamed-Saïb Musette.

Les chiffres de l’Eurostat, souligne-t-il, «apportent encore d’autres indicateurs pour les pays couverts par cette agence». «Le flux moyen des Algériens, admis en résidence pour la première fois, est de l’ordre de 37 000 dans les pays de l’UE. La France a accordé des résidences pour une moyenne de 27 000 Algériens.

Les motifs d’admission en France sont en moyenne, pour la période 2012-2020, pour des raisons familiales (66%), pour des raisons d’éducation (22%) et pour emploi (4%). Le pic enregistré pour le motif d’éducation en France avait atteint un peu plus de 9 000 admis en 2017», relève-t-il.

Une moyenne de 23 000 harraga algériens par an

En France, ajoute-t-il, l’Insee fait état, dans son rapport publié au début de l’année en cours, de l’arrivée en France de «887 000 migrants en provenance de l’Algérie en 2021».

«Ce stock est plus que doublé par rapport aux données (378 000) de 1968», note le sociologue. De 2012 à 2020, souligne encore Mohamed-Saïb Musette, 40 000 Algériens ont émigré chaque année légalement, alors que 22 000 autres arrivent annuellement de manière irrégulière (harraga).

«Cela donne un total de 62 000 départs/an durant la dernière décennie. Ces départs concernent toutes les catégories (âge, sexe, niveau d’instruction). Des études approfondies sont nécessaires pour parler de la fuite des compétences, de la féminisation des migrations ou encore du rajeunissement des flux migratoires», indique-t-il.

Toujours en citant les données de l’Eurostat, le chercheur évoque également que les pays de l’Union européenne ont accueilli, entre 2012 et 2020, une moyenne annuelle de 23 207 Algériens en situation irrégulière, avec «un pic de 38 465 personnes interceptées par les forces sécuritaires en 2020». «Cette lecture des données de sources différentes doit être prise avec toutes les précautions d’usage, car les indicateurs sont construits selon des définitions bien précises», nuance-t-il.
 

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