Le gala de clôture de la 38e édition de la Mostra de València-Cinema del Mediterrani s’est déroulé dans le lieu même où Paolo Sorrentino a reçu la palme d´honneur il y a quelques jours, la Sale Iturbi du Palau de la Música rénovée, avec plusieurs clins d’œil à l’univers du cinéaste italien.
Le grand gagnant de la soirée est sans conteste le film libanais Riverbed, de Bassem Breche, qui a remporté la Palme d’or, le prix de la meilleure photographie (Nadim Saoma) et celui de la meilleure bande originale (Sharif Senhaoui).
La star du film, Omaya Malaeb, a reçu les statuettes au nom de l’équipe, compte tenu des difficultés rencontrées pour obtenir un visa d´entrée en Espagne du Liban, en raison du conflit à Ghaza. La «poésie visuelle» du film l’a rendu digne de ces prix, ainsi que le fait d’avoir réussi à unir «deux temporalités différentes et le fait que les espaces intérieurs et extérieurs deviennent un personnage aussi fort que les deux actrices principales», selon le jury, composé de Maria Hatzakou (Grèce), Diana Al Halabi (Liban), Fatma Cherif (Tunisie) et Michela Occhipinti (Italie).
Un film qui explique de manière inattendue l’histoire de Salma et de sa fille de retour Thuraya, et leur tentative de préserver, maintenir et reconstruire leurs vies les unes avec les autres. Salma a survécu de nombreuses années en protégeant son indépendance, elle a atteint sa paix en abandonnant tout attachement. Mais le passé ne lâche pas Salma et ramène Thuraya, vaincue, divorcée et enceinte.
La Palme d’argent a été décernée au Portugal à Susana Nobre, réalisatrice de Cidade Rabat, un film qui a ému le jury par son traitement de «la perte, la solitude et la féminité, ainsi que par son portrait tendre de la vie quotidienne d’une femme à travers une mise en scène délicate et sans prétention».
Un autre lauréat de la soirée est le film marocain Déserts, qui a remporté le prix du meilleur réalisateur pour Faouzi Bensaïdi et le prix du meilleur acteur pour ses deux acteurs principaux, Fehd Benchemsi et Abdelhadi Talbi. Le film est une comédie aux accents mystiques qui dénonce l’abandon des villages du Sud marocain. Le palmarès a également été marqué par la présence de Claudia Faci, la protagoniste absolue du film valencien Marina, Unplugged, d’Alfonso Amador, qui plonge dans la rhétorique de l’extrême droite.
Le prix du meilleur scénario a été décerné à Vladimir Perišic et Alice Winocour pour Lost Country, un film qui se déroule en 1996, à Belgrade, lors d’une campagne électorale que le parti de Miloševic a fini par perdre de manière inattendue.
Le Liban a également gagné dans la section informative du festival, puisque le film Dancing On The Edge Of A Volcano a obtenu le score maximum dans le Premi À Punt del Públic, qui signifie l’engagement de l’organisme public à acquérir les droits du lauréat. Il s’agit d’un documentaire de Cyril Aris qui raconte la situation complexe à laquelle l’équipe du film Costa Brava, Lebanon (également projeté au festival) a dû faire face lorsque, alors que la production était sur le point de commencer et en pleine pandémie, une explosion s’est produite dans le port de Beyrouth.
L’Algérie a également participé à cette 38e édition de la Mostra de València Avec le film La Famille (al-aayla) de Merzak Allouache, programmé en section informative. Alger 2019. Alors que le Hirak bat son plein et que l’espoir d’un changement politique profond souffle sur l’Algérie, Merouane, ancien ministre corrompu, et Khadidja, son exubérante épouse, n’ont qu’une idée en tête : revendre leurs nombreux biens mal acquis et quitter le pays avec leur fille Sarah, avant que la justice ne les rattrape.
Mais dans l’urgence et la panique de ce départ forcé, chaque membre de la famille s’affirme et les antagonismes se multiplient. Les liens forts qui soudent la famille résisteront-ils ?
Espagne
De notre correspondant Ali Ait Mouhoub