Mohamed Bencheneb : Figure de proue de la culture

28/03/2023 mis à jour: 04:06
APS
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Photo : D. R.

L’intellectuel Mohamed Bencheneb (1869-1929) est considéré comme un des plus éminents penseurs algériens du XXe siècle pour avoir été le premier docteur dans l’histoire de l’Algérie et un des plus importants chercheurs de sa génération, versé dans les domaines des langues, de la traduction et de la littérature comparée.

Le grand érudit Bencheneb a marqué l’histoire algérienne par son savoir encyclopédique, son riche parcours dans les domaines de la recherche, de la littérature, de la culture, de l’histoire et de l’éducation, tout en étant un fervent défenseur de l’identité nationale.

Cette personnalité hors pair avait vécu durant la période allant de la fin de la résistance populaire jusqu’à la naissance du mouvement national, au sein duquel il s’est affirmé comme un militant qui défendait, corps et âme, la culture algérienne au moment où le colonisateur pensait avoir réussi à l’aliéner. Né le 26 octobre 1869 à Aïn Deheb (ex-Takbou), le défunt est issu d’une grande famille de Médéa.

Il a reçu ses premiers enseignements auprès de son cheikh Ahmed Barmak, qui l’a initié aux sciences coraniques, avant de poursuivre ses études dans les écoles primaire et secondaire. Il quitte Médéa pour se rendre à Alger où il rejoint l’Ecole normale supérieure (ENS) de Bouzaréah. A peine âgé de 19 ans, il devient enseignant de langue et de littérature françaises à l’école du Cheikh Sidali, à proximité de la capitale du Titteri.

Quatre ans plus tard, Bencheneb rejoint l’école Ibrahim Fatah à Alger, où il se consacra à l’étude de la langue italienne, tout en s’approfondissant dans l’étude de la rhétorique, de la logique et du monothéisme en suivant les cours du savant Abdelhalim Bensmaïa.

Des années plus tard, il obtient un diplôme universitaire en langue arabe de l’université d’Alger, avant de se consacrer à l’apprentissage des langues espagnole, allemande, latine, persane, turque et hébraïque. Mohamed Bencheneb décroche son baccalauréat en 1896. En 1898, il est nommé enseignant à la medersa El Kattania de Constantine. Au début du XXe siècle, il est nommé à la medersa Thaâlibiyya d’Alger où il a côtoyé de nombreux savants, oulémas et chouyoukh.

En 1908, il est nommé maître de conférences à la faculté des lettres de l’université d’Alger et est élu membre de l’académie scientifique arabe à Damas (Syrie) en 1920, année où il fut le premier Algérien à décrocher un doctorat de l’université d’Alger.

Le regretté a pris part à plusieurs Congrès internationaux en Afrique du Nord et en Europe, dont le 14e Congrès des orientalistes tenu à Alger en 1905 et le 17e Congrès des orientalistes à Oxford (Angleterre) en 1928. Mohamed Bencheneb a tissé des relations avec plusieurs intellectuels, dont l’Egyptien Ahmed Timor Bacha, le Tunisien Hassan Hosni Abdelwaheb, et les orientalistes espagnol Miguel Palacios et russe Ignati Krachkovsky.

Etant polyglotte qui maîtrisait plusieurs langues étrangères, comme l’arabe, le français, le farsi, l’allemand, le turc, l’italien, l’espagnol, le latin et l’hébreu, il fut le premier chercheur à s’intéresser aux langues et à la traduction, et à s’ouvrir sur les littératures étrangères, à travers les études pionnières qu’il a réalisées sur les termes turcs et persans utilisés dans le dialecte algérien (darija).

Mohamed Bencheneb publia de nombreuses recherches, à l’instar de l’étude sur les «Sources musulmanes dans la divine comédie de Dante», parue en 1919 dans la Revue africaine, devenant ainsi le précurseur de la littérature comparée en Algérie. La vie du Cheikh était riche en activités scientifiques et culturelles, côtoyant des savants et des érudits algériens et étrangers.

Tout au long de son parcours scientifique, il s’est distingué par son militantisme actif en faveur de la préservation de l’histoire et du patrimoine authentique des Algériens et des musulmans. Il n’avait jamais hésité à mettre en valeur son costume traditionnel qu’il arborait avec fierté même lors des plus grandes rencontres et conférences internationales.

Bencheneb lutta, durant plus de 35 ans, avec l’arme du savoir qui lui servait de bouclier face à la politique coloniale d’aliénation, visant à effacer l’identité nationale, laissant derrière lui un précieux legs d’environ une cinquantaine de livres et publications dans les différentes sciences sociales et humaines et les divers domaines, notamment littéraires, intellectuels, et religieux.

Parmi ses ouvrages, figurent Proverbes de l’Algérie et du Maghreb et Les Mots turcs et persans conservés dans le parler algérien. Le penseur est décédé le 5 février 1929 à l’âge de 60 ans dans la ville antique de La Casbah. Il est inhumé au Mausolée de Sidi Abderrahmane Thaâlibi, où se trouve le cimetière familial, ainsi qu’une rue baptisé de son nom. De nombreux ouvrages ont été dédiés à cette personnalité hors pair, notamment Mohamed Bencheneb : sa vie et son héritage, de Abderrahmane Djillali.

 

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