Meta, l'entreprise dirigée par Mark Zuckerberg, s'oppose vigoureusement à une récente législation exigeant des géants du monde numérique qu'ils établissent des accords commerciaux justes avec les médias pour la diffusion de leurs contenus.
En réaction à une nouvelle loi canadienne contraignant les géants technologiques à rémunérer les éditeurs, Meta a débuté le mardi en bloquant l'accès des Canadiens aux contenus médiatiques sur Facebook et Instagram. Les liens et les publications provenant des médias locaux et internationaux ne seront plus visibles pour la population canadienne, a annoncé Meta. Cette action sera progressivement mise en place dans les prochaines semaines. Sur les médias sociaux, de nombreux Canadiens ont partagé des captures d'écran montrant des comptes de médias devenus inaccessibles. Par exemple, un contenu publié par Radio-Canada sur Facebook a été bloqué quelques minutes seulement après sa mise en ligne.
La loi C-18 sur l'information en ligne, adoptée en juin, est inspirée d'une mesure similaire mise en place en Australie en 2021. Elle vise à soutenir l'industrie des médias canadiens en difficulté. Cette loi exige que les géants du numérique concluent des accords commerciaux équitables avec les médias locaux pour la diffusion de leur contenu sur les plateformes en ligne, sous peine de devoir se soumettre à un arbitrage obligatoire. Selon un rapport parlementaire publié en octobre 2022, cette législation pourrait permettre aux journaux canadiens de bénéficier d'environ 330 millions de dollars canadiens (soit environ 226 millions d'euros) chaque année.
La maison mère de Facebook et Instagram défend l'idée que cette loi repose sur une fausse perception, affirmant que Meta ne profite pas injustement du contenu d'actualité partagé sur ses plateformes, mais que c'est plutôt l'inverse. Selon l'entreprise américaine, les médias choisissent volontairement d'utiliser Facebook et Instagram pour accroître leur audience et augmenter leurs profits, sachant pertinemment que ce n'est pas les informations qui incitent les utilisateurs à utiliser ces plateformes.
La nouvelle ministre du Patrimoine, Pascale St-Onge, a critiqué cette décision de manière sévère, en soulignant que 80% de tous les revenus publicitaires en ligne au Canada sont captés par Meta et Google. Elle a ajouté que la préservation d'une presse libre et indépendante est cruciale pour la démocratie. La ministre a également noté que d'autres pays envisagent d'introduire des lois similaires pour faire face aux mêmes enjeux.
Dans le même temps, Google prévoit également d'adopter une mesure semblable lorsque la loi entrera en vigueur, dans quelques mois. Cette situation attire l'attention de plusieurs pays qui observent attentivement le conflit entre Ottawa et les géants de la Silicon Valley.