Mesures de restriction de circulation et révision des accords bilatéraux : La France choisit l’escalade

27/02/2025 mis à jour: 13:52
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Les propos du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, tenus mardi sur la chaîne BFM TV, au sujet de l’Algérie, n’ont pas tardé à faire réagir le ministère des Affaires étrangères (AE).

Barrot a, lors de son intervention,  révélé que des «mesures de restriction de circulation et d’accès au territoire national pour certains dignitaires algériens» avaient été prises. Il s’est aussi dit «prêt à en prendre davantage» si la coopération franco-algérienne «n’est pas reprise». 

Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines a exprimé la «surprise» et l’«étonnement» de l’Algérie face à des mesures de restriction de circulation et d’accès au  territoire français prises par le gouvernement français à l’encontre de ressortissants algériens titulaires de documents de voyage spéciaux les exemptant de formalités de visas. 

«Le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères a fait état de mesures de restriction de circulation et d’accès au territoire français prises à l’encontre de ressortissants algériens titulaires de documents de voyage spéciaux les exemptant de formalités de visas», lit-on dans le  communiqué. 

«Le gouvernement algérien (…) n’a été aucunement informé comme le commandent les dispositions de l’article 8 de l’accord algéro-français en matière d’exemption réciproque de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques ou de service», a ajouté la même source, précisant que les autorités algériennes n’«ont aucune connaissance de pareilles mesures restrictives à l’exception de deux cas précis intervenus sur la période récente». 

Et de préciser : «Le premier cas, sur demande d’explications algériennes, a fait l’objet d’expression de regrets de la part des autorités françaises et a été qualifié d’incident malheureux dû à une rupture dans la chaîne de commandement. 

Le deuxième cas intervenu très récemment fait l’objet actuellement d’une même demande d’explications adressée aux autorités françaises.»

L’annonce de ces mesures dont l’Etat algérien «n’a pas été informé s’inscrit dans la longue liste des provocations, des intimidations et des menaces dirigées contre l’Algérie. Celles-ci sont de nul effet sur notre pays qui n’y cédera pas. Toute mesure attentatoire à ses intérêts fera l’objet de mesures réciproques, strictes et immédiates», a souligné le communiqué des AE. 

«L’Algérie est manifestement devenue l’enjeu de querelles politiques intra-françaises, où tous les coups bas politiciens sont permis dans le cadre d’une compétition, dont l’extrême droite est l’instigateur, le référant et le donneur d’ordres», a indiqué la même source. au sujet de l’Algérie. Parmi les faits qui ont concouru à la détérioration des relations entre les deux pays, figure essentiellement le drame qui s’est déroulé à Mulhouse et qui a coûté la vie à un ressortissant portugais. 

Dans cette affaire, le gouvernement français s’est prononcé d’une seule voix pour retenir une motivation politique. Interrogé depuis le Salon de l’agriculture, le président français, Emmanuel Macron, a qualifié l’attaque d’«acte terroriste islamiste».  

                              ( Le ministre français des Affaires étrangères intervenant sur BFM TV )

 

Discours ouvertement xénophobe

Au 20h de TF1 dimanche, Bruno Retailleau a déclaré vouloir des «peines de sûreté» pour pouvoir maintenir des «individus très dangereux» en rétention au-delà du maximum actuel de 90 jours. Lundi, au micro de RTL, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, a appelé à «changer la loi». 

Aussi, l’attaque au couteau fait également l’objet d’une instrumentalisation dans le cadre du conflit diplomatique qui oppose la France à l’Algérie, concernant la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. 

Du côté du Rassemblement national, Bardella s’est emparé du drame pour développer un discours ouvertement xénophobe et proposer des mesures brutales contre les Algériens. Il a ainsi appelé à «remettre en cause l’accord de 1968 qui facilite l’arrivée de ressortissants algériens sur notre sol» donné à l’Algérie. «La France va demander au gouvernement algérien que soit réexaminée la totalité des accords» de 1968 entre les deux pays, a, de son côté, déclaré le chef du gouvernement français, François Bayrou. 

Hier, à l’issue du Conseil interministériel de contrôle de l’immigration (CICI) tenu à Matignon, François Bayrou a fait plusieurs annonces. Parmi elles, le réexamen de la totalité des accords régissant les flux entre la France et l’Algérie qui «ne sont pas respectés», et «le recours à la force frontière sera généralisé à l’ensemble de l’Hexagone» pour lutter contre l’immigration illégale. François Bayrou a donné hier «six semaines» pour le réexamen des accords de 1968. 

«Pendant ce temps, va être présentée au gouvernement algérien une liste, d’urgence, de personnes qui doivent pouvoir retourner dans leur pays et que nous considérons comme particulièrement sensibles», a-t-il ajouté, sans en préciser le nombre. 

«S’il n’y avait pas de réponse au bout du chemin, il n’y a pas de doute que c’est la dénonciation des accords qui serait la seule issue possible», a prévenu le chef du gouvernement français, assurant néanmoins que «ce n’est pas celle que nous souhaitons». En outre, François Bayrou a assuré ne pas avoir de volonté d’entrer dans «l’escalade» avec l’Algérie. M. Abdelkrim

 

 

 

 

Le Conseil de la nation annonce la suspension de ses relations avec le Sénat français 

Le Conseil de la nation a annoncé hier la suspension immédiate de ses relations avec le Sénat français, y compris le protocole de coopération parlementaire signé entre les deux chambres le 8 septembre 2015, indique un communiqué du Conseil. «Dans un glissement continu et une dérive d’une extrême gravité, reflétant la montée de l’extrême droite française et sa domination sur la scène et la décision politique françaises, le président du Sénat français a effectué une visite à la ville de Laâyoune occupée, dans la République arabe sahraouie démocratique. Un acte inacceptable et non surprenant, qui méprise la légitimité internationale et s’oppose fermement aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies – dont son pays est l’un des membres permanents- censés défendre les droits de l’homme et le droit des peuples colonisés à l’autodétermination, plutôt que de tenter de les saper, de les effacer, de les annuler et de les nier», indique une déclaration du bureau du Conseil de la nation, réuni sous la présidence de Salah Goudjil, président du Conseil. «Le bureau du Conseil de la nation, tout en condamnant et en dénonçant vigoureusement cette visite, ses justifications et ses objectifs, et en la rejetant catégoriquement, la considère comme un défi flagrant, un parti pris scandaleux, voire une harmonisation avec les politiques coloniales et les thèses makhzéniennes hostiles à la légitimité internationale et aux chartes des Nations unies», ajoute la même source. «Par conséquent, tout en tenant le côté français responsable des conséquences de cette visite irresponsable, provocatrice et ostentatoire, le bureau du Conseil de la nation, sous la présidence de  Salah Goudjil, président du Conseil de la nation, annonce la suspension immédiate de ses relations avec le Sénat de la République française, y compris le protocole de coopération parlementaire signé entre les deux chambres le 8 septembre 2015».

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