Mentions spéciales aux oubliés de Cannes

04/06/2023 mis à jour: 01:20
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Une image du film La maison brûle, autant se réchauffer

Le plus Algérien des Brésiliens était de retour à Cannes cette année. Karim Aïnouz avec Firebrand  met en scène rien de moins que Jude Law pour un biopic sur la sixième épouse du Roi Henri VIII. Déjà sélectionné à Cannes pour son autofiction autour de ses racines algériennes O marinheiro das montanhas (Le Marin des montagnes), où, de père algérien et de mère brésilienne, revient sur ses terres. 

Même si le film est inscrit avec la bannière brésilienne, le film est coproduit par l’Algérie à travers la société de production de Richard Djoudi, producteur franco-algérien du film de Phillipe Faucon La trahison  et Mascarades de Lyes Salem, associé à Yacine Laloui dans Laith Média à Alger. D’ailleurs, Karim Aïnouz n’oublie jamais de décrire le lien fort entre l’Algérie et le Brésil, deux pays qu’il qualifie «d’amour, de révolution et d’échec». 

Ce qui rejoint un peu la deuxième bonne surprise a surtout été ce court métrage La maison brûle, autant se réchauffer, de Mouloud Aït Lotna. Jeune cinéaste de 32 ans dont c’est le premier court métrage, sélectionné dans la catégorie «Quinzaine des cinéastes», avec Mehdi Ramdani et Mohamed Lefkir dans les rôles principaux, ce petit film contemplatif décrit la vie quotidienne dans un village de Kabylie et contrairement à ce que le titre semble indiquer, il ne s’agit pas d’un retour sur les incendies meurtriers de l’année dernière mais des difficultés de la vie dans les montagnes. 

Avec une belle image dans une ambiance gris sombre d’un temps lourd et nuageux d’une région qui a du mal à garder ses enfants, de la retenue, de la pudeur, ce premier film en tamazight sélectionné à Cannes, casse les clichés en mettant en scène trois amis hésitants, un jeune Kabyle pieux qui prend le chemin de l’exil en France pendant que son ami va retourner dans le désert au sud de l’Algérie «pour admirer la voie lactée» et «écouter le silence» alors que le troisième décide de rester sur place. 

Sur une musique, Matoub Lounès et Amazigh Kateb, mention spéciale à Idir Benaïbouche, qui campe un gardien de carrière acariâtre à l’humour violent. Trois itinéraires opposés pour ce court métrage émouvant réalisé par Mouloud Aït Liotna, dont ce n’est pas le vrai nom, mais un hommage à son village d’origine, sur un scénario de Mouloud Ouyahia, dont c’est le vrai nom et qui n’est autre que le réalisateur. Bientôt en Algérie ? «La première africaine je la réserve aux Rencontres cinématographiques de Béjaïa, c’est obligatoire», a déclaré le réalisateur. Mais jusqu’au 11 juin, on peut visionner le film gratuitement sur le site festivalscope, rubrique «Quinzaine des cinéastes», avec inscription et création de compte. 

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