La cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, a continué avant-hier à Hiroshima à faire pression sur le Fonds monétaire international (FMI) concernant les négociations avec la Tunisie, «de fait bloquées, faute de pragmatisme dans le traitement du dossier». La responsable italienne s’est demandée, lors de la réunion du G7, «si la rigidité était la meilleure voie à suivre et quelles seraient les alternatives si ce gouvernement tunisien tombe».
Par ailleurs, et dans l’objectif d’examiner la question de l’immigration, notamment la Tunisie, Mme Meloni a rencontré la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Se sont joints à une bonne partie de la réunion les présidents américain, Joe Biden, et français, Emmanuel Macron.
Les observateurs présents à Hiroshima, en contacts très étroits avec la délégation de Meloni, ont rapporté au quotidien français Le Figaro que la cheffe du gouvernement italien a dit à l’adresse des autres dirigeants du G7 que «la Tunisie se trouve dans une situation très difficile et… face à un risque imminent de défaut de paiement». Elle a dit pressentir «un risque d’aggraver des situations déjà mal engagées».
Il est vrai que le courant ne passe pas très bien, après le 25 juillet 2021, entre les autorités tunisiennes et les délégations du FMI. En effet, hormis le super-ministre tunisien de l’Economie et du Développement, Samir Saïed, un banquier de souche, ayant roulé sa bosse au Golfe, les autres responsables tunisiens sont plutôt des cadres administratifs et ne disposent pas des entrées nécessaires pour défendre crânement la position de leur pays. C’est ce qui explique, par ailleurs, que Samir Saïed était seul lors des dernières réunions du printemps du Groupe de la Banque mondiale.
Pas de diktat
Les observateurs internationaux ont constaté l’absence de réactivité et de suivi entre Tunisiens et experts du FMI, malgré l’annonce, début mai, d’un accord imminent, par Jihad Azour, directeur MENA et Asie centrale du groupe. «Nous avons travaillé avec les autorités et les amis de la Tunisie pour mobiliser des garanties de financement supplémentaires, et les autorités ont progressé dans ce que nous appelons les actions préalables.
Il reste encore quelques points à finaliser», a-t-il déclaré dans un entretien à Bloomberg et repris par l’Agence Ecofin. El Watan a également parlé de cet accord imminent. Mais, il semble que les décideurs du FMI continuent à mal digérer les propos du président tunisien Saïed, insistant sur le fait que «les diktats du FMI sont inacceptables».
Il a clairement dit, le 6 avril : «Pour ce qui est du FMI, les expériences comparées (levées des subventions des produits alimentaires de base) ont laissé de graves séquelles comme ce fut le cas en Tunisie en janvier 1984. Nous tenons à protéger le pouvoir d’achat des couches pauvres et moyennes», a martelé le président Saïed, en précisant que l’alternative consiste à «compter sur nous-mêmes».
En réponse à ces propos du Président tunisien, les responsables du FMI ont officiellement dit qu’ils ne cherchaient pas à déstabiliser socialement la Tunisie. Américains, Italiens et Français ont clairement affiché leur soutien à la Tunisie dans ses négociations avec le FMI.
La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a annoncé la possibilité du passage du dossier tunisien lors du conseil d’administration de mi-juin. Aucune confirmation officielle n’a accompagné, entre-temps, cette possibilité et c’est ce qui explique la pression faite par l’Italienne Meloni, anxieuse face à une possible faillite de la Tunisie. La cheffe du gouvernement italien ne veut pas se retrouver face à un départ massif de Subsahariens et de Tunisiens vers l’Italie, au cas où le pouvoir local n’arrive plus à protéger ses côtes.
Tunis
De notre correspondant Mourad Sellami
Hausse de 30% des réservations hôtelières par rapport à 2019
Les réservations hôtelières de la nouvelle saison touristique en Tunisie ont augmenté de 30 % par rapport à l’année 2019 augurant une reprise du secteur touristique, a indiqué le président de la Fédération tunisienne des agences de voyages et de tourisme, Ahmed Betaieb. Betaieb a relevé que la destination Tunisie a retrouvé son attractivité grâce aux efforts déployés par toutes les parties concernées, évoquant, à cet effet, les prévisions d’une hausse du nombre des nuitées passées dans les unités hôtelières en Tunisie à des taux variant entre 20 et 30% par rapport à l’année 2019 (année de référence). Le président de la Fédération a évoqué le retour à la normale du nombre des touristes des marchés européens «classiques» (Allemagne, France et l’Angleterre) par rapport à l’année 2019 contre l’apparition d’un nouveau marché, l’Arménie. Il a souligné que l’existence de destinations touristiques concurrentes oblige la Tunisie à surmonter les problèmes et défis posés dans le secteur du tourisme et à se positionner aux premiers rangs en attirant les touristes des destinations traditionnelles, des pays voisins et de toutes les parties du monde. La Tunisie avait attiré, jusqu’au 20 décembre 2019 (l’année de référence avant la pandémie de coronavirus), environ 9 millions et 30 000 touristes à un moment où les recettes du secteur ont augmenté pour dépasser 5350 millions de dinars tunisiens (DT), selon les données fournies par l’ancien ministre du Tourisme, René Trabelsi. Au 30 novembre 2019, le nombre de nuitées passées en unités hôtelières a augmenté de 11,3% par rapport à la même période en 2018, pour atteindre 28,8 millions de nuitées. R. I.