Classé en 2016 au patrimoine national, le mausolée royal dit de Syphax va bénéficier en urgence d’une opération de sauvetage en attendant l’adoption d’un plan de protection et de mise en valeur (PPMVSA), un projet qui va incessamment être discuté et adopté par l’APW.
Pour les historiens, ce monument est l’un des plus importants de l’histoire antique de l’Afrique du Nord, dont Imedrassen (Batna), les mausolées du Khroub, de Maurétanie (Tipasa), de Dougga (Tunisie) et de Sabratha (Libye).
Composé de deux parties distinctes, une structure aérienne en pierre de taille et une autre souterraine. Si pour ce qui reste de la structure aérienne, elle s’élève actuellement à 5 m du sol, sa hauteur initiale était de 17 à 18 m avant la destruction d’une tour qui le coiffait.
Ce monument, dit également de Béni Rhénane, selon la toponymie d’une ferme en contrebas du mont Skouna depuis lequel il domine l’antique Siga, la capitale de Syphax, elle dont les ruines dorment de l’autre côté, sous un tumulus, sur la rive gauche de l’embouchure de la Tafna qui débouche sur la plage de Rachgoun, face à laquelle trône en mer, à 4 km, l’île du même nom.
Situé en outre à 12 km à l’ouest de Béni Saf, ce monument est également inscrit depuis 2002 sur la liste indicative du patrimoine mondial de l’Unesco. Les dégradations qu’il a subi du fait des intempéries ont été aggravées par les agressions répétées de chercheurs de trésors venus le visiter nuitamment, pioches en main, des pilleurs, à l’exemple de ceux des tombes des pharaons en Égypte. Les travaux d’urgence vont concerner la partie visible, en externe, mais également les chambres funéraires, en sous-sol. La galerie de celui-ci, étalée sur 45 m, aligne une succession de dix chambres et dispose de trois accès. Ces chambres étaient réparties entre trois compartiments cloisonnés auxquels on accédait séparément par l’intermédiaire d’un puits donnant sur une porte à herse.
Les profanateurs et des pillards ont pratiqué des ouvertures dans les cloisons entre les compartiments, ce qui permet depuis de parcourir la galerie d’un bout à l’autre, mais qui a eu pour résultat de déstabiliser la structure de ce témoin de l’histoire et de le menacer d’effondrement. L’opération d’urgence, budgétisée par le ministère de la Culture, en étude et réalisation, permettra de stopper sa dégradation qui a en fait débuté avec sa destruction partielle depuis la défaite de Syphax en 202 avant JC par les Romains et l’annexion de Siga par Bocchus II, l’aguellid du Maurétanie occidentale, l’actuel Maroc.
Le dégagement du site et sa fouille partielle par Gustave Vuillemot au début des années soixante ainsi que des travaux suivis de nouvelles fouilles par une mission algéro-allemande en 1976 et 1978 ont également participé à sa mise en péril. Pour ce qui est du PPMSA cité plus haut, nous y reviendrons lorsqu’il fera l’objet d’un arrêté ministériel publié au Journal officiel après son adoption en tant que projet par l’APW.