A la veille du 80e anniversaire des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, une telle reconnaissance s’impose d’autant plus qu’on ne peut laisser les extrêmes-droites et les droites de gouvernement radicalisées poursuivre inlassablement et sans opposition véritable leur campagne politique et culturelle destinée à réhabiliter le criminel passé colonial de la France.
C’est en 1945 que mon humanitarisme fut confronté pour la première fois au plus atroce des spectacles. J’avais vingt ans. Le choc que je ressentis devant l’impitoyable boucherie qui provoqua la mort de plusieurs milliers de musulmans, je ne l’ai jamais oublié. Là se cimente mon nationalisme.» Kateb Yacine
«Ce ne sont pas les informations qui nous font défaut. Ce qui nous manque, c’est le courage de comprendre ce que nous savons et d’en tirer les conséquences.» Sven Lindqvist
Dans quelques semaines, le 8 mai 2025. Les plus hautes autorités de l’Etat et de très nombreux élus de la République vont commémorer le 80e anniversaire de la victoire des Alliés contre l’Allemagne nazie et la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dans la plupart des cas, et notamment du côté des extrêmes droites, des droites de gouvernement radicalisées comme à l’Elysée, sans oublier, hélas, certains maires et parlementaires appartenant aux formations politiques qui composent le Nouveau front populaire, les massacres commis par la France en Algérie seront tus alors qu’ils débutent le jour même et qu’ils ont fait près de 30 000 victimes.
Certains les ignorent, ce qui témoigne du caractère toujours scandaleusement partiel des programmes élaborés pour les collèges, les lycées et les universités. D’autres euphémisent ces massacres en prenant soin de ne pas mettre en cause la France, le gouvernement provisoire de la République et ceux qui président alors aux destinées du pays : le général de Gaulle, le gouvernement, les ministres communistes - Charles Tillon et François Billoux -, auxquels s’ajoutent plusieurs ministres socialistes. La préservation des mythologies nationales, partisanes et personnelles est à ce prix.
D’autres enfin, de Marine Le Pen aux Républicains, vantent les supposés «aspects positifs» de la colonisation, traitent les faits, pourtant établis depuis longtemps par les chercheurs et les historiens [1], en chien crevés, et se livrent à un obscène révisionnisme ou négationnisme.
Retour du «refoulé» colonial ? Une certaine doxa qui se veut et qui se croit critique le répète à l’envi, alors que ce concept, emprunté à Sigmund Freud, est ravalé au rang d’«outil décoratif [2]» dépourvu de toute capacité à favoriser la connaissance et à expliquer la situation présente. «Assumé colonial» bien plutôt qui est inscrit dans la loi scélérate, jamais abrogée, du 23 février 2005 votée par les droites de l’époque déjà soucieuses de la progression du Front national qu’elles prétendent combattre en lui empruntant des éléments politiques et rhétoriques majeurs.
A preuve, l’article premier de cette loi qui est ainsi rédigé : «La nation exprime sa reconnaissance aux femmes et aux hommes qui ont participé à l’œuvre accomplie par la France dans les anciens départements français d’Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Indochine ainsi que dans les territoires placés antérieurement sous la souveraineté française.» (Souligné par nous.) Immarcescibles beautés de la langue de Molière grâce auxquelles les guerres de conquête, les massacres, les déportations des populations civiles, la torture, les viols et les disparitions forcées sont sublimés en «œuvre» et en délicate «présence».
L’implicite étant que ces dernières furent évidemment positives, ce pourquoi le «législateur», comme disent les juristes, n’a pas estimé nécessaire de recourir à cet adjectif jugé redondant. Un mot suffit pour exprimer des conceptions apologétiques et mensongères de la colonisation. Conformément au roman impérial-républicain élaboré par Jules Ferry, ses nombreux soutiens et une majorité de savants et d’’universitaires convertis aux «glorieuses aventures ultra-marines», cette «présence» est supposée avoir apporté «aux races inférieures» d’hier et à «l’homme africain - qui n’est pas assez rentré dans l’histoire», dixit Nicolas Sarkozy - président (Discours de Dakar, du 26 juillet 2007 [3]), les splendeurs bien connues de la civilisation française. Ancienne et persistante, cette réhabilitation de l’histoire coloniale se nourrit de la glorification toujours plus revendiquée, envahissante et agressive de cette période réputée faste où l’Hexagone régnait sur tous les continents. A cela s’ajoutent les honneurs toujours scandaleusement accordés à certains officiers supérieurs qui ont pourtant commis des crimes de guerre, voire même des crimes contre l’humanité [4].
Rappelons donc quelques faits en insistant sur ceci : il ne s’agit pas d’opinions, contrairement aux affirmations péremptoires de ceux qui, confrontés aux premiers, les ravalent au rang d’appréciations subjectives nourries par la colère ou l’indignation pour mieux nier ou minorer ces réalités, et disqualifier ceux qui les ont établies grâce à de multiples recherches. 8 mai 1945 à Sétif. Des milliers de manifestants «indigènes» se regroupent dans la rue principale du centre européen de cette ville où, pour des raisons sécuritaires et de prestige, sévit une ségrégation raciale et spatiale commune à de nombreuses autres agglomérations d’Algérie et de l’empire. A 9h25, Saâl Bouzid, jeune scout algérien, est assassiné par un policier français. De quoi est-il coupable ?
D’avoir osé participer à ce rassemblement pacifique en portant le drapeau de l’Algérie indépendante pour exiger, avec beaucoup d’autres «Arabes», la libération du leader nationaliste Messali Hadj, alors déporté à Brazzaville et placé en résidence surveillée, et défendre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Celui-là même qui est débattu à la Conférence de San Francisco (25 avril-26 juin 1945) à laquelle participe le représentant de la France Georges Bidault, désigné par le général de Gaulle. Admirable principe, assurément, puisqu’il est inscrit dans l’article premier de la Charte des Nations unies adoptée à l’issue de cette conférence, mais ni l’un ni l’autre ne s’applique dans les territoires de l’empire où s’impose toujours un relativisme politique et juridique catastrophique parce que ruineux des droits et libertés fondamentaux des colonisés.
Dans les jours qui suivent la sanglante répression de la manifestation précitée, des émeutes éclatent. Une centaine d’Européens sont tués. Pour rétablir l’ordre colonial et terroriser les «Arabes», les forces armées françaises et de nombreuses milices composées de civils multiplient les «opérations».
Elles ont duré plusieurs semaines. Bilan de ce qui doit être désormais qualifié de massacre : entre 20 000 et 30 000 victimes, arrêtées, torturées et exécutées sommairement. «Agir vite et puissamment pour juguler le mouvement», tels sont le 15 mai 1945, les ordres du général Raymond Duval qui commande les troupes dans cette région.
Elles les ont appliqués à la lettre, car la France est alors prête à tout pour défendre l’empire jugé indispensable à son statut de grande puissance européenne et mondiale. En raison des caractéristiques raciales et religieuses – celles-ci sont liées à l’Islam - qui leur sont imputées, les «indigènes» algériens sont perçus comme des barbares qui font peser des menaces existentielles sur la stabilité de l’ordre colonial. Pour le rétablir, il est donc légitime de recourir à des violences extrêmes. Ainsi fut fait.
Les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata ne sont pas des coups de tonnerre dans un ciel serein. Au contraire, il s’agit de l’une des premières applications particulièrement meurtrières de la doctrine néo-impériale élaborée par de Gaulle puis approuvée par les participants à la conférence de Brazzaville (30 janvier 1944-8 février 1944) organisée par le Comité français de la libération nationale (CFLN).
En ouverture des travaux, après avoir salué «l’immortel génie» de la France toute désignée pour élever les «hommes vers les sommets de dignité et de fraternité», le général ajoute : «Entre la métropole et l’Empire, le lien [est] définitif. (…) Il appartient à la nation française et il n’appartient qu’à elle de procéder, le moment venu, aux réformes impériales de structure qu’elle décidera dans sa souveraineté [5]». Quelques jours plus tard, conformément à ces orientations, la déclaration finale de la conférence rejette «toute possibilité d’évolution hors du bloc français et toute Constitution, même lointaine, de self-government». Lumineux ! Comme l’écrivait le romancier Tomasi Di Lampedusa dans Le Guépard, «il faut que tout change pour que rien ne change». Des transformations, certes, mais pour restaurer au plus vite la domination de l’Hexagone sur ses colonies dans un contexte bouleversé par la Seconde Guerre mondiale.
Des indépendances, il n’est donc pas question, et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est d’abord et avant tout le droit des peuples blancs à disposer d’eux-mêmes doublé du droit qu’ils continuent de s’octroyer à disposer des peuples dits «exotiques» toujours jugés incapables de se diriger librement.
Et pour combattre celles et ceux qui osent s’élever contre ces orientations, la France redevenue républicaine est impitoyable. A preuve ce qui a été perpétré en Algérie à partir du 8 mai 1945 avec l’approbation de l’ensemble des forces politiques, SFIO et Parti communiste compris. Trois jours plus tard, son organe officiel, L’Humanité, dénonce les «éléments troubles d’inspiration hitlérienne [qui] se sont livrés à Sétif à une agression armée contre la population qui fêtait» la victoire contre l’Allemagne nazie. Ignoble mensonge politique et théorie complotiste forgés à dessein qui témoignent des pratiques staliniennes de la direction de cette organisation.
Le 31 du même mois, alors que les massacres se poursuivent et qu’ils ont déjà fait d’innombrables victimes, L’Humanité récidive, salue l’arrestation de «Ferrat Abbas» et condamne de nouveau les membres du «Comité des amis du manifeste», cette «association pseudo-nationale, dont les membres ont participé aux tragiques incidents de Sétif [6]».
Par un renversement rhétorique des plus classiques, celles et ceux qui subissent la domination et l’exploitation coloniales imposées par la France depuis 1830, et qui se sont dressés afin d’y mettre un terme en s’affirmant comme des sujets politiques individuels et collectifs, sont criminalisés et rendus responsables de ce qu’il s’est passé. Autre façon de disqualifier leurs luttes anti-impérialiste et démocratique, et de légitimer une fois de plus l’action des forces armées.
Compte tenu des responsabilités politiques et militaires désormais mises au jour, des ordres donnés et de ce qu’il s’est passé, les massacres précités doivent être, a minima, qualifiés de crimes d’Etat puisque ce sont bien les autorités françaises, en Algérie comme en métropole, qui sont tout à la fois responsables et coupables. Plus précisément encore, ils sont aussi des crimes contre l’humanité conformément à l’article 212-1 du code pénal qui vise notamment les «atteintes volontaires à la vie», «la torture», «la disparition forcée», «la persécution de tout groupe ou de toute collectivité identifiable pour des motifs d’ordre politique, racial, national, ethnique, culturel, religieux…» commis en «exécution d’un plan concerté». Autant d’actes et d’éléments essentiels qui sont bien présents dans les événements qui nous intéressent, ce pourquoi il est parfaitement légitime de les qualifier de la sorte.
Au-delà des départements français d’Algérie, il s’agit aussi de signifier à l’ensemble des colonisés qu’aucune contestation significative ne sera tolérée. Contrairement à des chronologies sommaires et aux opinions de responsables politiques souvent oublieux, ignares ou pleutres, les massacres commis dans ce territoire ne sont pas l’épilogue sanglant de la politique ultra-marine hexagonale, mais le prologue d’exactions, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité perpétrés jusqu’au début des années 1960. En attestent ceux de Haiphong (23-27 novembre 1946) : 6000 morts, de Madagascar (mars 1947-mars 1948) : près de 89 000 morts, la répression des manifestations à Sfax en Tunisie (5 août 1947), 29 morts, la guerre d’Indochine (décembre 1946-juillet 1954) 400 000 victimes «indigènes» et, cinq mois plus tard, le début du conflit algérien qui s’achève le 18 mars 1962 après avoir fait entre 300 000 et 500 000 morts parmi les «Arabes» [7]. Entre 1945 et 1964, l’Hexagone a donc été presque constamment engagé dans des opérations et des conflits militaires d’ampleur qui se sont soldés par près d’un million de morts. Chiffre supérieur au nombre de Français – militaires, résistants, civils – qui ont été tués au cours de la Seconde Guerre mondiale (environ 600 000). Telles sont les réalités que nombre de responsables politiques osent, aujourd’hui encore, nommer «l’œuvre» de la France avec le soutien de philo-idéologues et de quelques historiens qui, préférant la défense des mythologies nationales à la volonté de savoir, sont les fidèles ventriloques de la doxa impériale-républicaine [8].
Relativement à la reconnaissance claire, précise et circonstanciée des massacres du 8 Mai 1945, ni François Hollande président ni Emmanuel Macron ne se sont engagés dans cette voie alors que le second, au cours d’un voyage en Algérie en tant que candidat à la magistrature suprême (février 2017), avait déclaré : «La colonisation était un crime contre l’humanité.» Une fois à l’Elysée, le prétendu «Jupiter maître des horloges» s’est bien gardé de réitérer de tels propos. En ces matières comme en plusieurs autres, malgré quelques «petits pas» encensés par sa majorité d’hier et des historiens-conseillers qui pensent avoir l’oreille de ce président, l’opportunisme et la pusillanimité l’ont emporté : il faut bien ménager ses alliés politiques. Rappelons donc à Emmanuel Macron, comme à ceux qui sont convaincus que la France, en raison de ses glorieuses traditions prétendues, est toujours aux avant-postes du progrès, quelques décisions importantes prises par des Etats étrangers. Contrairement à cette image d’Epinal entretenue par beaucoup, c’est l’inverse qui est vrai, car Marianne n’est pas, sur ces sujets notamment, une vaillante combattante de la liberté, de l’égalité et de la fraternité mais une marâtre inique, percluse de préjugés et d’immobilisme indignes.
Il y a plusieurs années déjà, d’anciennes puissances coloniales ont reconnu les crimes perpétrés hier dans leurs possessions. C’est le cas de l’Allemagne, pour le génocide (1904) des tribus Hereros et Namas commis dans les territoires du Sud-Ouest africain (actuelle Namibie), de la Grande-Bretagne, pour les crimes de masse qui ont frappé les Mau-Mau au Kenya dans les années 1950, de la Nouvelle-Zélande, de l’Australie, du Canada et des Etats-Unis [9] à l’endroit des populations autochtones massacrées, déportées et spoliées. Et la très glorieuse France ? Au mieux, la veulerie et le conservatisme des élites politiques de ce pays perdurent, au pire une partie d’entre elles vantent les «bienfaits» supposés de la colonisation.
Aux terribles violences physiques autrefois infligées aux colonisés, tous ces responsables irresponsables ajoutent la violence symbolique du silence, voire du mépris qu’ils opposent aux héritiers de l’immigration coloniale et post-coloniale qui, avec d’autres, luttent depuis des années pour la reconnaissance de cette histoire, laquelle affecte toujours leur existence, parfois au plus intime.
A défaut de pouvoir juger les auteurs des actes que l’on sait, par manque de courage politique hier, parce qu’ils ne sont sans doute plus de ce monde aujourd’hui, reconnaître, c’est rendre une justice symbolique qui spécifie les responsabilités, y compris étatiques, nomme les coupables, qualifie les crimes qu’ils ont commis, réhabilite les victimes, en leur accordant la considération individuelle et collective qui leur est due [10], et rappelle ce pourquoi elles ont lutté. Si victimes elles furent, assurément, c’est, entre autres, parce qu’elles se sont dressées contre le «talon de fer» de la colonisation pour défendre leurs droits fondamentaux et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. A la veille du 80e anniversaire des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, une telle reconnaissance s’impose d’autant plus qu’on ne peut laisser les extrêmes droites et les droites de gouvernement radicalisées poursuivre inlassablement et sans opposition véritable leur campagne politique et culturelle destinée à réhabiliter le criminel passé colonial de la France. Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire. Dernier ouvrage paru : Racismes d’Etat, Etats racistes. Une brève histoire, éditions Amsterdam, 2024.
Par Olivier Le Cour Grandmaison , Universitaire

El Watan publie, avec l’aimable autorisation du professeur Olivier Le Cour Grandmaison et le site Médiapart, ce texte sur les massacres du 8 Mai 1945.
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[1]. Cf., notamment, Y. Benot, Massacres coloniaux. 1944-1950 : la IVe République et la mise au pas des colonies, La Découverte, 2001, A. Rey-Goldzeiguer, Aux origines de la guerre d’Algérie 1940-1945. De Mers El Kébir aux massacres du Nord-Constantinois, La Découverte, 2002 et J-L. Planche, Sétif 1945 : Chronique d’un massacre annoncé, Perrin, 2010.
[2]. Michel de Certeau, L’Ecriture de l’histoire, Paris, Gallimard folio-histoire, 2002, p. 341.
[3]. Cf., sous la dir. de Adame Ba Konaré, Petit précis de remise à niveau sur l’histoire africaine à l’usage du président Sarkozy, La Découverte, 2009.
[4]. Le 24 octobre 2024, une statue de Marcel Bigeard a ainsi été érigée dans un square de Toul, sa ville natale.
[5]. Discours du général de Gaulle le 30 janvier 1944. (Souligné par nous.)
[6]. Cité par A. Ruscio, Les Communistes et l’Algérie. Des origines à la guerre d’indépendance, 1920-1962, Paris, La Découverte, 2019, p. 125 et 127. Un an plus tard, le Parti communiste soutient le principe de l’Union française, cette réforme de l’empire destinée à reconduire la domination française outre-mer, qui est incluse dans la constitution de la Quatrième République.
[7]. Rappelons aussi le massacre des tirailleurs sénégalais au camp de Thiaroye, (1er-2 décembre 1944), environ 70 morts, et la guerre longtemps oubliée menée par la France au Cameroun (1955-1964) qui a laissé derrière elle plusieurs dizaines de milliers de victimes. Voir Armelle Mabon, Prisonniers de guerre «indigènes». Visages oubliées de la France occupée, Paris, La Découverte, 2019 et Thomas Deltombe, Manuel Domergue, Jacob Tatsitsa, Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique, Paris, La Découverte, 2011.
[8]. «Actuellement», regrette Alain Finkielkraut, «on n’enseigne plus que l’entreprise coloniale avait aussi pour but d’éduquer, d’apporter la civilisation aux sauvages.» Entretien au journal israélien Haaretz, 18 novembre 2005. Conformément à la légende dorée forgée sous la Troisième République, son compère en apologétique et en mensonges par omission ou par ignorance, Pascal Bruckner, oppose le colonialisme britannique, mû par la recherche du profit et fondé sur la ségrégation des «indigènes», au modèle français qui repose sur «la conviction d’apporter, outre-mer, la liberté et la civilisation». Il précise : c’est là une «différence fondamentale» entre «l’Empire» conquis et administré par Londres, et celui de la République. Un racisme imaginaire. Islamophobie et culpabilité, Grasset, 2017, p. 32-33. Heureux les graphomanes hâtifs et superficiels qui prennent les trivialités qu’ils débitent pour d’importantes découvertes. Quant à «l’Immortel» académicien-historien, Pierre Nora, il écrit : «L’idée nationale-républicaine compote un dernier trait qui la distingue du reste de l’Europe, c’est l’universalisme à la française qui a présidé à l’aventure coloniale.» Recherches de la France, Gallimard, 2013, p. 552. (Souligné par nous.)
[9]. Cf. L-G. Tin, De l’esclavage aux réparations. Les textes-clés d’hier et d’aujourd’hui, Les Petits Matins, 2013.
[10]. Suite à la Conférence mondiale contre «le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance», qui s’est tenue à Durban en septembre 2001, une autre conférence, dite d’examen, a eu lieu à Genève en avril 2009. Aux paragraphes 62 et 63, le document final rappelle «que l’esclavage et la traite des esclaves, en particulier la traite transatlantique, l’apartheid, le colonialisme et le génocide, ne doivent jamais être oubliés et, à cet égard, se félicite des mesures prises pour honorer la mémoire des victimes. Prend note des mesures prises par les pays qui (…) ont exprimé des remords, présenté leurs excuses, créé des mécanismes institutionnels tels que les commissions vérité et réconciliation et/ou restitué des objets culturels, (…) et demande à ceux qui n’ont pas encore contribué à restaurer la dignité des victimes de trouver des moyens appropriés de le faire». Document HR/PUB/09/4 ; site officiel du Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies.