Le ministère public marocain a décidé hier de remettre en liberté, mais d’engager des poursuites contre le défenseur des droits humains Fouad Abdelmoumni pour, notamment, «diffusion d’allégations mensongères» après, selon des médias locaux, une publication sur Facebook où il relayait des accusations «d'espionnage de la France par le Maroc».
M. Abdelmoumni «a été libéré après avoir comparu ce matin devant le procureur du roi près le tribunal de première instance de Casablanca, qui a décidé de le poursuivre en état de liberté», a indiqué à l’AFP son avocat, Mohamed Nouini. Cet activiste de 66 ans, voix critique des autorités marocaines et membre du parti la Fédération de la gauche démocratique, avait été interpellé mercredi puis placé en garde à vue, une arrestation qui avait suscité de vives critiques des défenseurs des droits humains. La diffusion de fausses informations qui lui est reprochée serait liée à une publication où M. Abdelmoumni évoque, selon les médias locaux, une «prétendue implication du Maroc dans l’espionnage de la France» à travers le logiciel espion israélien Pegasus. «La France, qui voit sa position décliner parmi toutes les nations, ne voudrait pas céder au chantage d’un Etat faible qui utilise tous les moyens de pression à sa disposition (...) sans oublier l’espionnage», a-t-il écrit mardi sur Facebook. En 2021, le Maroc avait été accusé d’avoir utilisé Pegasus pour infiltrer les téléphones de plusieurs personnalités publiques nationales et étrangères, dont M. Macron, selon une vaste enquête menée par un consortium de médias internationaux sur la base de données obtenues par les organisations Forbidden Stories et Amnesty International.
M. Abdelmoumni est poursuivi pour «outrage à des corps constitués», «signalement d’un crime fictif dont il sait l’inexistence» et «diffusion d’allégations mensongères», a précisé le porte-parole du parquet, cité hier par l’agence marocaine MAP.
Son procès s’ouvrira le 2 décembre, selon son avocat, qui estime que, par principe, M. Abdelmouni ne devrait pas être poursuivi «car il s’agit de liberté d’expression», tout en qualifiant de «décision juste» sa remise en liberté provisoire.