Marché de Souk El Asser à Constantine : Un lieu emblématique en perdition

09/05/2023 mis à jour: 00:34
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Pourtant, ce site mérite bien mieux (photo : Ahcene Boussouf)

En sortant du sabbat (passage voûté) de la rue du 12 mai 1956 (ex-rue Chevalier) située dans le quartier de la Casbah de Constantine, pour entrer au marché de Souk El Asser, on se retrouve juste devant la façade principale de la mosquée Sidi El Kettani. Cette dernière est fermée depuis neuf ans, attendant une réouverture qui a trop tardé. 

Programmé dans le cadre d’un plan de réhabilitation des lieux de culte à l’occasion de l’événement de «Constantine, capitale de la culture arabe 2015», cet ouvrage historique est inscrit encore sur la liste d’attente pour la reprise des travaux. L’édifice et l’école qui se trouve juste à côté, construits vers 1789 par Salah bey qui a gouverné le Beylik de l’Est entre 1771 et 1792, font partie intégrante de tout l’espace qui s’étend jusqu’au ravin et qui regroupe le célèbre Souk El Asser. 

Héritage historique de Salah bey, ce lieu emblématique pour les habitants de la ville de Constantine se trouve dans un état de dégradation regrettable. Depuis l’année 2005, et la publication au Journal officiel du décret classant tout le périmètre de la vieille ville de Constantine se trouvant sur le rocher comme patrimoine national protégé, plusieurs annonces ont été faites sur une éventuelle réhabilitation de Souk El Asser. Des propositions d’études ont même été avancées, mais rien de concert n’a vu le jour. 

Dix-huit ans après, Souk El Asser est un espace en perdition, alors qu’il faisait la fierté des habitants de la ville depuis l’indépendance jusqu’aux années 1990, date à laquelle il a amorcé sa descente aux enfers. «Je viens faire mes commissions presque chaque jour à Souk El Asser. Jeune déjà, je venais avec mon père qui était lui aussi parmi les fidèles clients de ce lieu ; on était fiers nous les Constantinois d’avoir un marché pareil qui était le plus fréquenté depuis l’époque coloniale et après l’indépendance ; aucun autre marché ne pouvait rivaliser avec lui pour la qualité de ses produits qui provenaient des jardins potagers et des vergers de Hamma Bouziane», a témoigné un vieil habitant de la ville. «Malheureusement, l’image de Souk El Asser s’est complètement dégradée ; le lieu a perdu de son charme ; il a perdu aussi ses clients; même ses anciens commerçants l’ont déserté ; on ne retrouve plus l’âme de ce lieu historique ; c’est vraiment regrettable», se désole-t-il.

Tout est à refaire 

Hier, lors d’une tournée effectuée sur les lieux, une triste image de Souk El Asser saute aux yeux. La partie centrale couverte est dans état lamentable. Une bonne partie des étals est vide. Depuis son existence, le marché n’a jamais bénéficié d’un aménagement digne pour séparer les tables et les organiser en carrés, afin de mieux exploiter l’espace et assurer une meilleure circulation. Jusqu’à ce jour, les étals de fortune sont séparés les uns des autres par de simples planches, alors que les toits sont imperméables à la pluie. C’est le point noir de ce marché qui a besoin d’une réfection totale de ses gouttières rongées par les moisissures et bouchées par des dépôts de terre. 

L’autre problème de ce lieu est l’absence d’un réseau d’évacuation des eaux pluviales. «En hiver, on ne peut pas circuler tant les lieux sont inondés», réclame un commerçant. Un autre ajoute que le lieu a perdu de son attrait en raison de ces problèmes. «On exerce dans des conditions misérables, on a besoin qu’on donne de l’importance à ce lieu comme on l’a fait pour d’autres marchés ; cela ne coûte rien à la commune d’aménager les lieux pour qu’ils deviennent plus accueillants», indique-t-il. 

On ne peut parler de Souk El Asser sans évoquer les mauvaises odeurs, mai aussi les saletés qui s’accumulent en face du siège de l’ex-Dar El Imam. Une bâtisse qui remonte à l’époque coloniale et qui relève du secteur des affaires religieuses. 

On peut même lire une plaque devant son portail indiquant son inauguration le 14 juillet 2003 par le défunt président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Une question se pose toujours : pourquoi les campagnes de toilettage et de nettoyage qui ont été menées dans plusieurs quartiers n’ont-elles pas touché cette partie de la ville ? 

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