Un mouvement critique à l’encontre des autorités maliennes de transition a dit son intention de s’opposer à la tenue d’un référendum sur une nouvelle Constitution le 18 juin. «L’Appel du 20 février pour sauver le Mali» estime dans une déclaration transmise à hier l’AFP que les militaires n’ont reçu aucun mandat pour «nous plonger dans l’inconnu, voire nous soumettre aux règles de l’Etat de non-droit».
Il juge que la réforme constitutionnelle, en plus d’être illégale, est superflue, et qu’il vaudrait mieux organiser des élections pour un retour rapide des civils au pouvoir. «L’Appel du 20 février» est une tentative de rassemblement de partis et d’organisations de la société civile enclenchée par plusieurs groupes et personnalités qui ont pris leurs distances avec les autorités. «L’appel du 20 février» assène que le projet remet «gravement» en cause l’indépendance de la justice et «organise l’impunité de quelques personnalités».
Quant au référendum, «L’Appel du 20 février» dit qu’il est « illégal » et qu’ « aucune condition n’est réunie » pour sa tenue dans un pays dont «plus des deux tiers» échappent selon lui au contrôle de l’Etat, ce que réfute le gouvernement. «Nous empêcherons, sans nul doute, par les voies de droit, la tenue même de ce référendum irrégulier», dit le collectif. Le Mali «n’est pas confronté à un problème de Constitution, la seule alternative est de tourner la page de cette transition en déphasage, tant avec les principes de l’Etat de droit qu’avec les valeurs républicaines», dit-il.
C’est la deuxième expression organisée d’hostilité au projet de nouvelle Constitution depuis l’annonce, la semaine passée, de la date du référendum. Une vingtaine d’associations religieuses, culturelles ou politiques ont annoncé samedi s’unir pour obtenir le retrait du principe de laïcité de l’Etat dans le projet.
Au cours d’une conférence de presse samedi 6 mai à Bamako, les responsables de ce front ont clairement laissé entendre que si le mot «laïcité» n’était pas retiré du projet, ils n’appelleraient pas à voter en faveur du texte.
Parmi les membres du tout nouveau front «anti-laïcité», il y a l’association des femmes musulmanes du Mali, le Club de soutien à l’Imam Mahmoud Dicko ou encore la Ligue islamique des prédicateurs du Mali.
Dans la salle de rencontre pleine à craquer, tous les participants ont scandé à plusieurs reprises. «Non à la laïcité prônée dans le nouveau projet de Constitution».
On pouvait lire le même slogan sur des feuilles brandies.
Plus de 90 % des Maliens sont musulmans. Et dans le contexte actuel, pour tenter de faire plier le gouvernement, ces associations musulmanes menacent d’appeler à voter «non» au référendum du 18 juin et de faire une jonction avec des partis politiques opposés à la transition.
La Constitution est un élément clé du vaste chantier de réformes invoqué par les militaires pour justifier de continuer à diriger jusqu’en 2024 ce pays confronté à la propagation terroriste et à une profonde crise multiforme.
L’alliance de «L’Appel du 20 février pour sauver le Mali» presse pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel afin de tourner la page de transition.
Le débat sur la tenue ou non du référendum sur le projet de Constitution devrait être plus animé cette semaine. Les partisans des autorités de transition ne se sont pas encore exprimés.