Mohamed Yaddadène nous livre, à travers cet entretien, ses appréciations sur l’évolution du marché automobile actuel ainsi que ses prévisions dans la foulée de la relance de l’activité automobile à l’orée de l’année 2024 qui signe l’entrée en activité de plusieurs marques de voitures sur le marché.
Entretien réalisé par Aziz Kharoum
[email protected]
-L’Algérie a réservé une enveloppe budgétaire de 2,6 milliards de dollars à l’importation de véhicules pour l’année 2023 où seulement 40% ont été consommés. A votre avis, les résultats prévisionnels sont-ils concluants sachant que l’année s’achève dans quelques semaines ?
Une situation qui a vu une seule marque du Groupe Stelantis, Fiat El Djazair, qui s’est investie depuis l’obtention de l’agrément avec une gamme de produits et surtout un projet industriel de fabrication dont le démarrage est annoncé avant la fin de l’année, contrairement aux deux autres marques Emin Auto Jac et Opel qui ont démarré ces dernières semaines avec des objectifs ambitieux mais les volumes seront loin de répondre à la demande du marché pour toutes les marques.
-Plusieurs agréments définitifs ont été délivrés depuis quelques mois à des représentants pour la commercialisation de véhicules. Seule la marque Fiat a entamé l’activité. A quel niveau se situe le blocage pour les autres?
A chacun sa stratégie avec son partenaire étranger pour réaliser ce qui est prévu, n’oublions pas que la production obéit à une certaine planification dans le temps, selon des budgets alloués pour programmer le lancement
-Les responsables du secteur annoncent vouloir injecter un volume d’environ 180 000 véhicules neufs sur le marché pour l’année 2023. Certains concessionnaires de marques obtiennent un quota de véhicules plus élevé que d’autres marques. Quels sont les critères d’octroi des quotas de véhicules ?
Au risque de me répéter, chaque groupe ou marque fonctionne selon sa stratégie, en termes d’objectifs et de volumes pour essayer de répondre à la demande. Les étapes de préparation pour réaliser le lancement d’un nouveau concessionnaire obéissent à des procédures dans le respect de la réglementation et des standards de la marque concernée. Le tout doit rester dans la limite du budget alloué pour le volet importation du secteur.
-L’arrivée en Algérie de plusieurs marques de voitures chinoises changera- t-elle la prédominance du marché actuel lequel est caractérisé par une forte présence de véhicules de marques européennes, japonaises et coréennes ?
L’offre s’élargit avec les nouveaux agréments, ça va se diversifier avec une meilleure segmentation des produits en fonction des besoins du marché, les marques chinoises seront en force, en attendant les japonaises et les coréennes. Les nouvelles marques vont élargir l’offre et contribuer à assurer la disponibilité, compte tenu de la demande. Toutefois, chaque marque s’inscrit dans une nouvelle stratégie si les clients ciblés sont segmentés selon des critères adaptés. A mon avis avec une telle offre, ces marques pourront répondre partiellement aux besoins des clients, sachant que ce ne sont pas tous les Algériens qui pourront s’offrir un SUV aux prix affichés, il faudra réfléchir sur une réelle segmentation par les prix et surtout intégrer les petites citadines qui représentent une part importante de la demande. Tout en espérant que le mix produits/prix réponde à toutes les catégories de notre clientèle.
-Le délai de livraison des nouveaux véhicules est fixé actuellement à quatre mois extensibles. Trouvez-vous cela évident ?
Les délais de livraison sont limités selon le cahier des charges d’abord. Ensuite en Europe, les délais de livraison sont plus longs, donc chaque marque doit se projeter sur un plan
planifié pour espérer réduire les délais.
-Selon votre lecture, la grille tarifaire affichée sur les nouveaux véhicules en cours de commercialisation influera-t-elle de sitôt sur le marché de voitures d’occasion, lequel est cristallisé par une flambée injustifiable des prix ?
Les effets seront palpables à terme, une fois que toutes les marques auront commencé à mettre des produits sur le marché, les prix de l’occasion vont continuer dans la même direction, à moins que les concessionnaires fassent des efforts, l’étude des structures de prix et fassent également des promotions pour séduire les clients. Les délais de livraison sont trop longs, ce qui pousse les clients à se rabattre sur le marché de l’occasion. Le marché de l’occasion possède ses clients dans l’immédiat, je ne vois pas une grande incidence, on verra bien d’ici la fin du premier semestre 2024.