Mettre immédiatement fin à l’effusion de sang au Soudan est une urgence absolue pour la diplomatie africaine et la communauté internationale. La situation fait courir à ce pays un risque majeur d’un embrasement comparable au funeste scénario qui déchire le Yémen et la Libye. Le spectre du chaos demeure le maître ultime. L’exacerbation aiguë des violences, qui étaient déjà chroniques avec des conséquences tragiques, martyrise les Soudanais.
Ainsi, la malédiction continue dans ce Soudan frère qui a déjà subi vingt-deux ans de guerre, qui a atteint un summum des atrocités avec un génocide au Darfour ayant fait plus de 2 millions de morts.
Les affrontements armés qui ont éclaté à la mi-avril, dans ce vaste et richissime pays d’Afrique, ont déjà fait plus de 420 morts et un nombre inestimable de blessés. Les combats font rage entre les belligérants que sont l’armée régulière et les paramilitaires des Forces de soutien rapide. Cette guerre fratricide a des enjeux dépassant de loin les frontières de ce brave pays qui subit une situation mortifère.
Comme de nombreuses nations en proie à des difficultés sécuritaires et économiques, le Soudan n’échappe malheureusement pas aux convoitises émanant de grandes puissances étrangères qui se disputent l’influence et le contrôle des richesses, notamment des mines d’or. Cette situation est un exemple type d’une chronique et non moins désastreuse combinaison de vulnérabilités locales et de chocs exogènes.
De grandes puissances s’impliquent ouvertement dans ce conflit soudanais, appuyant un camp ou un autre suivant leurs intérêts. Le pays a subi des violences chroniques auxquelles ni la sécession entre le Nord et le Sud en 2011 et encore moins les accords de paix n’ont pu y mettre un terme. La situation actuelle est tragique pour nos frères soudanais.
Deux initiatives de médiation ont déjà été lancées pour s’interposer entre deux anciens belligérants, l’une émanant de l’Union africaine, l’autre de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), qui regroupe 18 pays africains, dont le Soudan. Face à cette crise humanitaire, la Commission de l’Union africaine a appelé au dialogue, à un cessez-le-feu immédiat, à la protection des civils et à la restauration de la paix.
Cela passe par la nécessité d’instaurer une médiation et une reprise des négociations entre les deux camps. L’UA peut tirer avantage de son expérience, elle qui a déjà mené deux difficiles missions de restauration de la paix au Soudan. Une mission dite African Union Mission in Sudan (AMIS) est intervenue dans la région du Darfour entre 2005 et 2007, en proie à une guerre civile. Cette force a été par la suite remplacée par la Mission conjointe des Nations unies et de l’Union africaine au Darfour (Minuad).
Financée par l’ONU, cette force, qui compte 18 000 hommes, est la première mission avec déploiement de forces armées, menées par l’UA. En dépit du manque de moyens et des grandes difficultés du terrain, ces deux initiatives ont tout de même pu protéger des civils et faciliter l’accès de l’aide humanitaire. Cette fois-ci encore, le règlement de ce conflit sanglant passe nécessairement par la recherche pressante d’un accord de paix et d’une solution politique.