Le Parti des travailleurs (PT) dirigé par Louisa Hanoune rejette toute intervention militaire étrangère au Niger, appuyant ainsi la position officielle de l’Etat algérien. Lors d’une cérémonie dédiée à l’installation du secrétariat national de la commission ouvrière de sa formation, Hanoune a qualifié l’éventualité d’une telle intervention de «perspective chaotique» pour toute la région.
Convoquant l’histoire, elle énumère ce qui lie l’Algérie au Niger à savoir les 1000 km de frontières, les questions historiques, économiques et même identitaires. Des éléments qui mettent notre pays, selon elle, dans une position «d’alerte extrême».
Pour Mme Hanoune s’il est normal que l’ANP et les institutions civiles soient mobilisées face au danger, le peuple est également concerné par cette affaire. Elle met ainsi en garde contre cette ingérence militaire qui affecterait, de son avis, «les intérêts stratégiques de l’Algérie», «menacera la sécurité du pays», et sans omettre «l’accélération de flux migratoires massifs». «Cette situation nous met en état d’alerte car la menace de l’ingérence étrangère dans ce pays est un développement grave qui aura un impact sur le continent et notre pays. En réalité il s’agit d’une menace directe sur la vie de nos citoyens des wilayas limitrophes», insiste-t-elle.
Dans cette affaire, le PT en veut au Sénégal qui sombre dans une crise politique sans précédent à l’occasion de la présidentielle mais qui a pris part à la menace contre le Niger. «Une telle intervention aggraverait la migration déjà tragique ainsi que le terrorisme qui ensanglante plusieurs pays du Sahel à commencer par le Niger même, et constitue une menace directe pour notre sécurité nationale», avertit Hanoune et de rappeler la conférence internationale d’urgence organisée en 2011 par le PT et l’UGTA contre les guerres d’intervention militaire étrangère.
A l’époque, il s’agissait de défendre le Mali qui était la cible. «Aujourd’hui encore, nous pensons que les problèmes internes ne sauraient constituer des obstacles devant la libre initiative pour organiser la mobilisation populaire contre la guerre impérialiste directe ou par procuration, contre l’intervention militaire étrangère au Niger, en défense de tous les peuples et nations de la région, dont les nôtres», a martelé la patronne du PT.
Cette dernière reste persuadée que les enjeux qui sous-entendent cette intervention militaire n’ont rien à avoir avec « la légitimité constitutionnelle » pas plus que ne l’avaient été la démocratie et les droits de l’homme pour justifier les interventions militaires criminelles en Libye, Irak, Afghanistan au Yémen… «Il s’agit, exclusivement, pour les impérialismes Occidentaux d’assurer la poursuite du pillage des richesses du Niger alors que le peuple nigérien est privé des conditions élémentaires de vie, plongé dans la misère et il s’agit également d’imposer le maintien au Niger d’une présence militaire étrangère multinationale», croit savoir Hanoune qui estime que c’est au peuple nigérien et à lui seul de décider de son sort et donc du sort de son pays.
Pour un système de péréquation
Lors de cette rencontre, le PT s’est prononcé aussi sur la situation qui prévaut dans le pays et surtout le phénomène de la hausse des prix des produits de large consommation qui malgré la criminalisation de la spéculation, la flambée des prix n’a pas cessé. Pour la responsable du PT, d’autres facteurs sont à l’origine de la hausse des prix et de l’inflation galopante et de citer dans la foulée «la réduction anarchique des importations » qui touche aussi des matières premières, des intrants, des produits phytosanitaires. Ce qui, a-t-elle dit, «étrangle les agriculteurs». La réduction des importations a entrainé également «la fermeture en cascade de petites et moyennes entreprises ».
En outre, et pour limiter la descente aux enfers du pouvoir d’achat des Algériens, la première dame du PT, plaide pour des augmentations générale de salaires et de primes, du point indiciaire, voire du SNMG et de revoir l’échelle mobile des salaires et des pensions. Elle réclame aussi le «plafonnement» des prix des produits de large consommation et «l’ouverture d’offices de distribution et de vente de ces produits» et aussi de grandes surfaces de commercialisation. Elle est, par ailleurs, en faveur d’un «système de péréquation» dans les prix. En somme l’urgence pour l’heure, selon Louiza Hanoune, consiste à entreprendre des mesures d’apaisement politique.