L’organisation régionale rejette le plan de transition de 3 ans de l’armée : Bras de fer se durcit entre la Cédéao et Niamey

22/08/2023 mis à jour: 11:59
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Plusieurs pays membres de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont rejeté l’idée d’une transition de trois ans au Niger, proposée samedi dernier par le général Abdourahamane Tiani, chef des putschistes qui ont renversé le président Bazoum le 26 juillet.

Le Commissaire aux affaires politiques et à la sécurité de la Cédéao, Abdel-Fatau Musah, l’a affirmé hier dans une interview accordée à Al Jazeera.

«Une période de transition de trois ans est inacceptable», a-t-il dit. «Nous voulons que l’ordre constitutionnel soit restauré le plus rapidement possible», a-t-il ajouté, réaffirmant la position de l’organisation régionale depuis le coup d’Etat.

Il a souligné que ce plan de transition n’est rien d’autre qu’un «rideau de fumée» pour le dialogue et la diplomatie, alors que la Cédéao a déjà annoncé avoir fixé une «date d’intervention» au Niger.

C’est ce que corroborent les déclarations belliqueuses et les mouvements de troupes constatés ces derniers jours dans le Sahel, attisant les craintes exprimées par de nombreux pays, dont l’Algérie, quant à une forte déstabilisation de la région.

Dans une allocution lue à la télévision nigérienne, le général Abdourahamane Tiani a pourtant appelé à un «dialogue national» et «inclusif» qui devra formuler des «propositions concrètes» sous 30 jours, afin de poser «les fondements d’une nouvelle vie constitutionnelle».

«Notre ambition n’est pas de confisquer le pouvoir», a-t-il assuré.  Face à une éventuelle intervention militaire, Tiani a cependant  répliqué : «Le Niger ne resterait pas les bras croisés».  «Si une agression devait être entreprise contre nous, elle ne sera pas la promenade de santé à laquelle certains croient», a-t-il prévenu.

C’est dans ce contexte que les manifestations de rues se sont poursuivies à Niamey et dans la plus grande ville, Agadez, contre toute volonté d’ingérence étrangère. Lors de ces manifestations, des slogans hostiles à la Cédéao et aux puissances occidentales ont été scandés.

«Scénario apocalyptique »

A Agadez, des manifestants ont demandé le départ de toutes les bases militaires étrangères, notamment la base américaine installée à l’aéroport de la ville baptisée Base 201, selon des médias locaux.

La France et les Etats-Unis déploient respectivement 1500 et 1100 soldats  au Niger.  Invité dimanche de la radio sénégalaise Sud FM, le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, a dit redouter un «scénario apocalyptique» pour l’Afrique de l’Ouest en cas d’intervention au Niger. «Il n’y a aucune raison pour que les Africains aillent faire la guerre pour réinstaller un Président.

Il va gouverner qui ?» a-t-il déclaré à Sud FM et repris par Sputnik. Il a ainsi estimé que la situation autour du Niger dépasse les considérations simplistes d’une intervention militaire. Selon lui, il s’agit d’une «balkanisation qui se trame et le premier acte est la dislocation de la Cédéao» en tant que communauté économique.

Et d’ajouter : «Les mêmes qui s’étaient partagé l’Afrique sur un plateau d’argent à Berlin entre 1884 et 1885, sous le couvert d’actions humanitaires, sont les mêmes qui tirent aujourd’hui les ficelles pour un conflit dévastateur en Afrique de l’Ouest.» Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, dont le pays cherche également à s’implanter en  Afrique, a, lui aussi, mis en garde contre le recours à la force armée au Niger.

«L’intervention militaire de la Cédéao au Niger entraînera une déstabilisation dans de nombreux Etats du continent, c’est inacceptable», a-t-il déclaré hier aux journalistes du pool présidentiel à son retour de Budapest, selon Sputnik.

Sur un autre plan, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) a tiré hier la sonnette d’alarme face à la dégradation de la situation humanitaire au Niger, frappé de blocus par les pays de la Cédéao. «Plus de deux millions d’enfants ont été touchés par la crise et ont  désespérément besoin d’une aide humanitaire», a alerté l’organisation dans un communiqué.

«Avant les récents troubles civils et l’instabilité politique au Niger»,  l’Unicef estimait déjà en 2023 «à 1,5 million le nombre d’enfants de moins de 5  ans souffrant de malnutrition, dont au moins 430 000 souffrant de la forme la plus mortelle de malnutrition».

En outre, les «pénuries d’électricité» – déjà fréquentes au Niger et multipliées par les sanctions infligées au pays par la Cédéao – affectent  la chaîne du froid et peuvent compromettre l’efficacité des «vaccins infantiles» stockés dans les structures de santé.

L’Unicef rappelle qu’elle «continue d’apporter une aide humanitaire aux enfants dans tout le pays».Toutefois, elle alerte que ses «fournitures vitales restent bloquées aux différents points d’entrée du pays», comme à la frontière avec le Bénin.  

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