L'ordre des avocats de Tizi Ouzou rend hommage à Ali Boumendjel : «Sa mort est un crime doublé d’un mensonge d’Etat»

24/03/2022 mis à jour: 19:44
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Fadila Boumendjel, hier, lors de son témoignage sur son oncle, à l’occasion de la Journée de l’avocat organisée à Tizi Ouzou

L'Ordre des avocats de Tizi Ouzou a marqué, hier, la Journée nationale de la corporation des robes noires par un hommage au martyr de la Révolution, Ali Boumendjel, revisité, notamment par sa nièce, Fadila Boumendjel-Chitour, professeure à la faculté de médecine d’Alger et militante pour les droits humains. Elle est revenue, dans son intervention, sur la vie et le combat de son oncle et de son père, Ahmed, qui était l’avocat du FLN (Fedération de France) à Paris. 

«Mon oncle a été arrêté à l’âge de 37 et séquestré à El Biar, avant que l’on maquille son assassinat en un suicide. Sa mort a été une grande tragédie pour la famille, ses parents et ses frères sont morts sans avoir connu la vérité sur les circonstances de sa disparition. 

Mon grand-père est, d’ailleurs, décédé quelques mois seulement après les supplices subis par son fils», a-t-elle relaté tout en affirmant que cet acte restera toujours comme «une onde de choc» indéfiniment répétée de génération en génération. «Un traumatisme énorme pour la famille. J’étais adolescente lors de ce drame et je me rappelle encore de cette situation», a-t-elle lancé avant de revisiter les qualités de ce révolutionnaire qui a été envoyé par le FLN aux congrès mondiaux de paix, où il a fait un grand discours, quelques temps avant d’être capturé durant la Bataille d’Alger. «Un grand républicain et un profond démocrate, il était un homme de paix.  Il était avec Abane Ramdane, au collège de Blida, dans cette pépinière de grands militants», a-t-elle témoigné. «Sa mort est un crime doublé d’un mensonge d’Etat», a-t-elle martelé avant de s’étaler sur la reconnaissance de l’assassinat d’Ali Boumendjel. «La famille n’a pas cessé de réclamer la vérité sur les circonstances de sa mort et de crier à l’injustice. 

En 2000, le général Paul Aussaresses a fini par reconnaître qu’il s’agit d’un assassinat. L’année dernière, Emmanuel Macron a reçu sa famille et la France a reconnu officiellement l’assassinat de Boumendjel», a-t-elle déclaré. «La reconnaissance est affreusement tardive», a-t-elle soutenu, tout en souhaitant la reconnaissance pour d’autres martyrs anonymes, victimes de crimes coloniaux. «Mon oncle a été particulièrement reconnu et honoré, malheureusement, ce n’est pas le cas pour beaucoup d’autres. Il est temps que l’on parle des martyrs anonymes», a-t-elle insisté. 

Par ailleurs, elle estime que le 23 mars, Journée nationale de l’avocat, doit rester une date symbolique, tout en rappelant le combat fondateur de la corporation des robes noires pour la fidélité et la continuité. L’invitée du barreau des avocats de la wilaya de Tizi Ouzou a également félicité la corporation pour son travail de défense des détenus du mouvement populaire le hirak qui croupissent dans les prisons. 

Notons qu’à l’occasion, les familles des avocats décédés ont été honorées comme il a été procédé aussi à la levée de stage pour 200 nouveaux avocats appelés à prêter incessamment serment pour entamer leur carrière.  Me Salah Brahimi, président de l’Ordre des avocats de Tizi Ouzou,  a rappelé, lui aussi, que Ali Boumendjel est né le 24 mai 1919 à Relizane au sein d’une famille d’instituteurs originaires d’Ath Menguellet, dans la région de Ain El Hammam. 

«Il était un nationaliste qui assurait la défense des militants du FLN. Il a été assassiné par l’armée coloniale. Le crime avait été reconnu une première fois par le général Aussaresses. Il l’est désormais par l’Etat français», a-t-il déclaré.   

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