L’effet de la pandémie de Covid-19 est dramatique. Selon le rapport, la maladie «a bloqué trois décennies de progrès constants dans la réduction de l’extrême pauvreté», dans la mesure où «le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté a augmenté pour la première fois depuis une génération.»
La marche risque d’être ratée. Le monde ne sera, probablement, pas meilleur en 2030 comme le veut la communauté internationale depuis 2015. A seulement sept ans de la date limite fixée pour la mise en œuvre des 17 objectifs de Développement durable (ODD), l’heure est au scepticisme. Le dernier rapport d’évaluation de ces ODD élaboré par l’ONU dresse un constat très pessimiste.
Selon le document, l’agenda, fixé par les dirigeants du monde pour améliorer le sort de l’humanité, est «en péril», appelant ainsi à un «plan de sauvetage» pour que personne ne soit laissé pour compte. Avant de présenter le bilan chiffré, l’instance onusienne alerte. «L’incapacité à redoubler d’efforts à l’échelle mondiale pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD), qui promettent un monde meilleur pour tous, pourrait alimenter une plus grande instabilité politique, bouleverser les économies et entraîner des dommages irréversibles à l’environnement naturel», met en garde ce rapport, publié lundi dernier.
Pour les rédacteurs de ce document, les effets combinés de la crise climatique, de la guerre en Ukraine, des sombres perspectives économiques mondiales et des effets persistants de la pandémie de Covid-19 «ont révélé des faiblesses systémiques» et «ont considérablement entravé les progrès vers les objectifs». Ainsi, sur les quelque 140 cibles pouvant être évaluées, la moitié d’entre elles, note le document, «présentent des déviations modérées ou sévères» par rapport à la trajectoire souhaitée. «En outre, plus de 30% de ces objectifs n’ont enregistré aucun progrès ou, pire, une régression en dessous du niveau de référence de 2015».
Faim et insécurité alimentaire
L’effet de la pandémie de Covid-19 est dramatique. Selon le rapport, la maladie «a bloqué trois décennies de progrès constants dans la réduction de l’extrême pauvreté», dans la mesure où «le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté a augmenté pour la première fois depuis une génération». «Si les tendances actuelles persistent, d’ici 2030, 575 millions de personnes resteront piégées dans l’extrême pauvreté et environ 84 millions d’enfants et de jeunes ne seront toujours pas scolarisés», alerte le document, précisant que la plupart des personnes concernées sont celles habitant en Afrique subsaharienne.
«De façon choquante, le monde est revenu à des niveaux de faim pas connus depuis 2005», ajoute le rapport. Environ un humain sur trois (2,3 milliards de personnes), relèvent les auteurs du document, «vivait en insécurité alimentaire modérée ou grave en 2021, et la malnutrition infantile est toujours un problème mondial».Se référant aux données recueillies en 2022 dans 119 pays, le même rapport, indique que 56% des pays n’avaient pas de lois interdisant la discrimination directe et indirecte à l’égard des femmes.
Concernant les conditions climatiques, l’ONU affirme que «la hausse de la température mondiale a déjà atteint 1,1°C au-dessus des niveaux préindustriels» et «elle devrait atteindre ou dépasser le point de basculement critique de 1,5°C d’ici 2035». «Si l’absence de progrès est universelle, ce sont les plus pauvres et les plus vulnérables qui subissent les pires effets de ces défis mondiaux sans précédent», avertit le rapport.
L’espoir subsiste
En dressant ce tableau sombre, le rapport n’a pas omis de mettre en relief les progrès réalisés dans certains domaines de 2015. Il souligne que «la part de la population mondiale ayant accès à l’électricité est passée de 87% en 2015 à 91% en 2021, avec près de 800 millions de personnes supplémentaires connectées». Le document montre aussi «qu’en 2021, 133 pays avaient déjà atteint la cible des ODD sur la mortalité des moins de 5 ans, et 13 autres devraient le faire d’ici 2030».
«Malgré le ralentissement de la croissance mondiale du secteur de l’industrie, les industries de moyenne-haute et haute technologie ont affiché des taux de croissance robustes. Les pays en développement ont installé une capacité de production d’énergie renouvelable record de 268 watts par habitant en 2021. De plus, le nombre de personnes utilisant l’internet a augmenté de 65% depuis 2015, atteignant 5,3 milliards de personnes dans le monde en 2022», explique la même source.
Ces gains importants en matière de développement, estime le document, «démontrent qu’une percée vers un avenir meilleur pour tous est possible grâce à la combinaison d’une action collective et d’une volonté politique forte, et à l’utilisation efficace des technologies, des ressources et des connaissances disponibles».
Pour rappel, l’agenda 2030 de développement durable a été adopté le 25 septembre 2015 par les Nations unies. Il fixe 17 Objectifs de développement durable (ODD) pour répondre aux enjeux mondiaux du développement, tels que le climat, la biodiversité, l’énergie, l’eau mais aussi la pauvreté, l’égalité des genres, la prospérité économique ou encore la paix, l’agriculture, l’éducation...