Le phénomène de la migration devient, aujourd’hui, de plus en plus important et complexe, recoupant les inégalités entre les genres, les droits de l’homme, la xénophobie, l’économie, les conflits, la politique et la sécurité. Cette question bouscule les pays des deux rives de la Méditerranée, dès lors que ce fléau engendre de nombreux drames humains.
Si l’immigration irrégulière constitue un problème pour l’Europe, elle l’est également pour les pays du sud de la Méditerranée, en l’occurrence pour les pays du Maghreb qui font face, eux aussi, depuis quelques années, à une immigration clandestine. L’Organisation internationale pour les migrants (OIM) a lancé, hier, un appel à financement, premier du genre, de 7,9 milliards de dollars, pour faire face aux défis des déplacements de population.
Elle a justifié cette demande de fonds pour 2024, par le fait que «les migrations irrégulières et forcées ont atteint des proportions sans précédent» et les défis auxquels «nous faisons face sont de plus en plus complexes, notamment dans un contexte financier difficile pour toutes les organisations humanitaires confrontées à la multiplicité de graves crises humanitaires».
Le projet «Migrants disparus» de l’OIM montre qu’au moins 60 000 personnes ont péri ou disparu lors de dangereux périples ces neuf dernières années. Les conséquences d’une aide sous-financée et fragmentaire ont, explique l’OIM, un coût élevé, non seulement en termes d’argent mais aussi en termes de danger croissant pour les migrants qui s’exposent à la migration irrégulière, au trafic illicite et à la traite des êtres humains.
L’appel de l’OIM comporte plusieurs volets dont 3,4 milliards de dollars «pour sauver des vies et protéger les personnes en déplacement». L’organisation estime à 2,7 milliards de dollars les besoins pour «travailler sur des solutions au déplacement, y compris la réduction des risques et des impacts du changement climatique» et 1,6 milliard de dollars pour faciliter les voies régulières de migration.
Enfin, l’institution souhaite consacrer 163 millions de dollars pour les travaux visant à transformer l’OIM, «afin de fournir des services de manière meilleure et plus efficace.»
«La migration contribue à la prospérité»
L’OIM promet de se concentrer sur les initiatives et programmes axés sur le renforcement de l’adaptation au climat, la protection des droits de l’homme, les besoins du marché du travail et soutient les gouvernements dans leur gestion des migrations. Selon Mme Amy Pope, première femme à diriger l’organisation depuis 2023, un financement intégral permettrait à l’OIM d’aider près de 140 millions de personnes, entre autres, les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays et les communautés locales qui les accueillent.
Cela permettrait, précise le document, d’approfondir également le travail de développement de cette institution qui aide à prévenir de nouveaux déplacements.
C’est un des axes stratégiques d’intervention de la directrice générale qui veut aussi mobiliser le secteur privé qui, dans les pays occidentaux, n’arrive souvent pas à trouver la main-d’œuvre et mise sur les immigrés.
«Il est incontestable que la migration, lorsqu’elle est bien gérée, contribue grandement à la prospérité et au progrès mondiaux», affirme Mme Pope, notant qu’elle est souvent vue comme une menace dans de nombreux pays et se trouve au cœur des affrontements politiques, à la veille d’importantes échéances électorales, en Europe et aux Etats-Unis par exemple. «Nous sommes à un moment critique et nous avons conçu cet appel pour contribuer à tenir cette promesse.
Nous pouvons et devons faire mieux», insiste-t-elle, soulignant que les voies de migration régulière et les systèmes de protection sont limités. Ils exposent les personnes vulnérables à la violence, à l’exploitation et au danger.
Pour l’OIM, la migration est une pierre angulaire du développement mondial et de la prospérité. Les 281 millions de migrants internationaux génèrent 9,4% du PIB mondial. Une migration bien gérée a le potentiel de faire avancer les résultats en matière de développement, de contribuer à l’adaptation aux changements climatiques et de promouvoir un avenir plus sûr et plus pacifique, durable, prospère et équitable.