L’Italie prévoit une vente d’actifs de 21 milliards d’euros : Une opportunité pour l’Algérie ?

09/10/2023 mis à jour: 04:03
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L'Italie est un pays qui offre d'innombrables opportunités économiques intéressantes - Photo : D. R.

L’Algérie dispose d’importants atouts pour renforcer sa compétitivité, dont son partenariat stratégique qu'elle entretient avec l’Italie, indépendamment des leviers financiers, à savoir des réserves de change excédant les 80 milliards de dollars.

Dans son document économique et financier (DEF) publié récemment, le Trésor italien a fait part d’un projet de cession d’actifs d’une valeur de 21 milliards d’euros, soit l’équivalent de 1% du PIB. Ce programme de vente d’actifs, qui s’étalera de 2024 à 2026, s’inscrit dans le cadre des efforts déployés par la Première ministre Georgia Meloni pour maîtriser la dette italienne, la deuxième de la zone euro en proportion du PIB.

Ce n’est pas la première fois que l’Italie met en vente ses bijoux de famille, pour faire face à ses déboires financiers. Un important programme de privatisations et de cessions de participations est actuellement à l’étude, a annoncé le Trésor italien. Cette annonce relance, de plus belle, l’idée, voire les opportunités qui s’offrent à l’Algérie grâce auxquelles le pays pourrait acquérir des actifs et des participations outre-frontières.

Il est vrai que ces acquisitions ne se feront pas sans condition et que des groupes mondiaux viendront se bousculer probablement au portillon des actifs proposés à la vente, mais l’Algérie dispose d’importants atouts pour renforcer sa compétitivité, dont le partenariat stratégique qu’elle entretient avec l’Italie, indépendamment des leviers financiers à savoir, entre autres, des réserves de change excédant les 80 milliards de dollars investies dans les banques souveraines occidentales.

L’Italie réclamerait, probablement, aux repreneurs et acheteurs de ses actifs la protection des emplois et le maintien des sièges sociaux sur son sol, mais l’Algérie pourrait, à son tour, doubler les profits en améliorant son Produit national brut (PNB) qui n’est plus calculé depuis des décennies. L’Algérie est un partenaire stratégique pour l’Italie sachant que le gaz était jusque-là le combustible qui fait tourner le réacteur de ce partenariat, même si les deux pays œuvrent en faveur d’une diversification des relations commerciales et économiques. Des investissements dans les domaines des industries pharmaceutiques, mécaniques, des travaux publics, dans l’économie numérique et les énergies renouvelables sont prévus, afin d’impulser une nouvelle dynamique à ce partenariat algéro-italien.

Cette coopération pourrait ainsi s’élargir aux programmes de cessions-acquisitions que prépare le gouvernement de Georgia Meloni, un tremplin pour renforcer davantage le partenariat stratégique qu’entretiennent les deux pays. L’Algérie pourrait être en bonne posture pour rafler la mise, pour peu qu’une ingénierie financière soit mobilisée à cet effet, dotée de tous les instruments et de l’autonomie nécessaire afin de mettre en place une stratégie d’achats d’actifs à l’international. L’idée qui a émergé au début des années 2000, alors que le pays commençait à engranger les bénéfices d’un baril de pétrole nettement plus rentable, était de créer un fonds souverain tourné vers l’investissement productif. Il n’en a pas été ainsi, puisque cette idée a laissé place au FRR (Fonds de régulation des recettes), alors que les réserves de change étaient investies dans les banques souveraines occidentales.

Revoilà l’idée de création d’un fonds souverain

L’idée de création d’un fonds souverain, à l’image de ce qui se faisait dans les monarchies du Golfe, a été étouffée dans l’œuf. L’Algérie est restée ainsi de marbre face aux multiples appels à investisseurs étrangers lancés par les capitales occidentales au lendemain de la crise des subprimes qui a mis à genoux la finance mondiale. Le débat ne peut être clos, puisque de nouvelles opportunités s’offrent à l’Algérie, sur fond d’indicateurs macroéconomiques plutôt encourageants.

De l’avis de Mohamed Achir, enseignant-chercheur à l’université de Tizi Ouzou, le débat est à deux niveaux. D’abord, plutôt que de faire du FRR un instrument servant simplement à combler le déficit budgétaire répétitif, il serait plus judicieux d’affecter une partie de ses ressources pour des investissements productifs en partenariat avec des entreprises étrangères. Autrement dit, «il serait utile de créer des joint-ventures dans les secteurs industriels, des énergies renouvelables, etc.

Le partenariat avec des entreprises italiennes, par exemple, doit s’élargir vers plusieurs secteurs d’activité». Pour cela, Mohamed Achir plaide clairement en faveur d’une réforme profonde du Fonds national d’investissement (FNI).

D’autre part, «il y a maintenant une grande opportunité dans l’investissement à l’international, surtout en Europe où des entreprises de plusieurs secteurs d’activité, dont les domaines industriels, cherchent des partenaires et des participations, dans un environnement marqué par la relocalisation. Des entreprises quittent la région asiatique, en quête de raccourcissement des chaînes de valeurs, mais qui font face à une crise énergétique, à une augmentation des coûts du capital et à un problème de main-d’œuvre. Ce pourquoi, la rive sud de la Méditerranée, dont l’Algérie, pourrait bénéficier de ce contexte de relocalisation», estime Mohamed Achir, contacté par El Watan.

Dans le programme de cession d’actifs sur lequel planche l’Exécutif italien, Mohamed Achir y voit une opportunité pour l’Algérie. «L’augmentation également du coût du capital et du coût de financement des investissements dans la zone euro peut donner des opportunités aux fonds souverains des pays à travers des prises de participation dans de grandes entreprises.

C’est pourquoi l’Algérie doit créer un fonds souverain et se positionner stratégiquement pour prendre des participations et influencer les décisions des conseils d’administration dans leur quête de relocalisation ou de création des filiales», explique Mohamed Achir. L’utilité de la création d’un fonds souverain est toujours d’actualité.

Quant à la question de sa gestion, laquelle avait d’ailleurs fait capoter les premiers projets de création d’un fonds souverain, datés des années 2000, Mohamed Achir estime que le pays dispose d’importantes compétences d’ici et au sein de la diaspora, en mesure de relever ces défis, pour peu qu’ils soient attributaires d’une autonomie de management suffisante, selon l’orthodoxie de la finance internationale. 

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