«Il y a absence de clôture, d’éclairage, d’assainissement… Le danger est omniprésent. C’est l’insécurité totale à la zone de Tala Athmane», déplorent des investisseurs.
Des entrepôts abandonnés. La rouille est visible sur la tôle qui se dégrade inexorablement et se corrode sous les aléas des saisons. Tel est l’état alarmant des locaux de quelques entreprises qui ont mis la clef sous le paillasson à la zone d’activité de Tala Athmane relèvant de la commune de Tizi Ouzou, où la situation est vraiment indescriptible.
Les conditions pour encourager l’investissement ne sont, en aucun cas, réunies dans ces lieux qui nécessitent véritablement une attention particulière des responsables concernés. C’est un cri de détresse que lancent les quelques promoteurs de projets qui maintiennent péniblement leurs activités.
Ils se plaignent surtout de l’absence de clôture. «Ici, à partir de 18h, c’est comme le Far West. Le danger est omniprésent. C’est l’insécurité totale. Comment voulez-vous qu’il y ait développement dans des conditions pareilles ? C’est un calvaire», déplore, dépité, Rachid Salah, président de l’Association des investisseurs de la wilaya de Tizi Ouzou (AITO), que nous avons rencontré sur les lieux où il a mis en place une entreprise de récupération des déchets. Le constat établi est effarant.
Selon lui, depuis plus de quarante ans après la création de cette zone, rien n’est fait. Il y a des opérateurs économiques SDF alors que sur les 160 lots disponibles, il n’y en a que 26 qui sont opérationnels. Notre interlocuteur nous a parlé aussi du problème d’électricité, d’assainissement, d’éclairage, des oppositions et des marchés informels.
La situation administrative de cet espace censé être totalement occupé par des investissements qui participent au développement de l’économie locale, est des plus délicates. Il y a un grand chevauchement de plans au niveau du cadastre et de l’agence foncière. 80 lots sont en litige alors qu’il y a des opérateurs qui ont construit, en 1985, avec permis de construire, nous a-t-on précisé sur place. Il y a des terrains qui ne sont pas exploités depuis plus de 40 ans.
Cela sans parler de ceux qui ont quatre à cinq lots, nous a-t-on également souligné tout en mettant l’accent sur le prix de concession jugés exorbitants dans cette zone relevant de la commune de Tizi Ouzou. «Le prix de ces terrains est aligné sur celui de la zone des dépôts du chef-lieu de wilaya qui a été déclassée pour en faire des coopératives immobilières et casser l’industrie dans la région», fulmine M. Salah.
Le tableau dressé par cet investisseur est noir, d’autant plus que, affirme-t-il, que des opérateurs économiques ont dû laisser tomber leurs projets pour aller s’installer ailleurs. Le cas de cet investisseur qui a acheté, en deuxième main, pour monter une fabrique d’aliment de bétail qui a pris la fuite en raison, insiste-t-il, de l’insécurité illustre parfaitement les risques auxquels sont exposés les porteurs de projets.
C’est dur d’y résister
Une quinzaine d’entreprises, dont une usine de détergents, une de peinture et une autre de flexibles, sont fermées ces dernières années, laissant sur le bord de la route des centaines de salariés allongeant la liste des chômeurs dans cette wilaya où une bonne partie est absorbée par le secteur privé.
C’est dur d’y résister. Les conditions de travail ne facilitent aucunement le bon fonctionnement des entreprises. Des dépotoirs à chaque coin de rue. Les investisseurs interrogés estiment qu’il y a ceux qui ont pris plusieurs lots laissés en jachère alors qu’il y a des entreprises qui emploient des dizaines d’ouvriers, louent des terrains depuis plus de 20 ans. «C’est inadmissible. Celui qui travaille afin d’apporter une valeur ajoutée pour l’économie locale, on le pénalise toujours», martèlent-ils.
Continuant notre visite dans la zone en question, il nous est très difficile de se retrouver. Il n’y a aucune indication. La route est défectueuse et parsemée de ruisselets avec des nids-de-poule en plusieurs endroits. Les impasses sont multiples. Les lots sont parfois éparpillés dans un espace dépourvu de services indispensables à l’activité économique.
Il y a même des terrains revendiqués par des riverains. Des actions en justice sont entreprises depuis belle lurette sans qu’aucune décision ne soit rendue pour clarifier la situation des sites en litige.
Mais, entre-temps, des opérateurs sont pénalisés. Ils ferment boutique l’un après l’autre, comme l’usine de chaudières et une unité de fabrication de fromage. L’investissement se rétrécit ainsi considérablement dans une conjoncture marquée par une crise multidimensionnelle.
Les zones d’activité ont été créées sans étude et sans moyens. Aujourd’hui, les opérateurs font de la résistance. «Les conséquences de cette situation risquent d’être catastrophiques», fulmine un investisseur qui évoque le problème des activités illicites qui gangrènent le site.
Des terrains vastes mais abandonnés au gré de tous les vices de société. «La nature a horreur du vide. Quand des espaces destinés à l’investissement sont délaissés, ils seront exposés à l’exercice de toute autre activité nuisible», ajoute-t-il tout en précisant que des terrains appartenant à des sociétés publiques sont squattés comme celui de Naftal. Des opérateurs ne cessent de crier leur ras-le-bol devant cet état de fait qui dure et perdure depuis plusieurs années.
L’accès par Timizart Loghbar demeure également un véritable casse-tête alors que la possibilité de relier la zone à la RN12, par la réalisation d’un pont, existe. «On est à moins de deux kilomètres de la RN12 alors qu’on est obligés de faire un détour de plus de 10 km via la route du Pont de Bougie.
Et cela, sans parler des immenses embouteillages que connaît cet axe routier. On investit pour créer de la richesse pour sa région, créer de l’emploi afin de booster le développement local, mais on bute sur des contraintes énormes», nous confient des investisseurs qui n’arrivent pas, disent-ils, à comprendre les mesures prises par l’UGZIA (Divindus). Ils estiment que ces décisions devraient être prises une fois les engagements de cet organisme qui gère les espaces communs des zones sont honorés.
Et ce, avec l’installation des postes de police ou loges de gardiennage au niveau des entrées principales, renforcement de la présence de l’UGZIA de Tizi Ouzou sur les lieux et de surseoir aux poursuites judiciaires eu égard à la conjoncture jusqu’à la mise en place du dispositif convenu. Le directeur de Divindus à Tizi Ouzou, Rabah Yermèche, n’a pas nié les insuffisances auxquelles sont confrontés les opérateurs économiques.