Les prévisions sur la baisse de la production mondiale de blé s’enchaînent. Les perturbations climatiques ont en effet lourdement pesé cette année sur les rendements agricoles, notamment les céréales dont les échanges ont également été impactés par la situation en mer Noire.
Ce sont les pays importateurs de blé qui vont subir le plus les conséquences de cette baisse. Une baisse engendrée essentiellement par le repli de la production au Canada et en Europe, selon le ministère américain de l’Agriculture (USDA). La production devrait en effet être moins abondante pour cette campagne en raison de ce repli. Et ce, même s’il est légèrement compensé par davantage de production en Ukraine, selon des estimations USDA dans son rapport mensuel «Wasde»
publié le 11 août.
Ainsi, l’offre mondiale de blé va reculer marginalement de près de 3 millions de tonnes pour se situer à 793,37 millions alors que l'Union européenne devrait voir ses récoltes diminuer de 3 millions de tonnes pour descendre à 135 millions de tonnes, du fait d’un déclin en Espagne, en Lituanie et en Roumanie. Le Canada va également afficher une réduction de 2 millions de tonnes du fait de la sécheresse, estime encore le rapport Wasde.
L’Ukraine devrait de son côté produire plus de 3,5 millions de tonnes de plus que lors de la campagne précédente, selon l’USDA, avec une production de 21 millions de tonnes. Mais du fait de l’expiration de l’accord de passage avec la Russie dans la mer Noire, le montant de ses exportations est estimé inchangé à 10,50 millions de tonnes. La production de blé des Etats-Unis s’annonce par ailleurs en léger repli à 47,20 millions de tonnes et ses exportations également à 19,05 millions.
Sur un autre plan, l’état des stocks mondiaux va légèrement reculer à 265,6 millions de tonnes, mais ceux des Etats-Unis sont supérieurs aux attentes avec 16,75 millions de tonnes. Ce qui faisait légèrement reculer le cours de la céréale à la parution du rapport. La baisse de la production touchera également le maïs.
Pour cette céréale, la production mondiale diminuera de presque 11 millions de tonnes. Même tendance pour les stocks qui se retrouveront amoindris de 3 millions. La production américaine devrait reculer de presque 6 millions de tonnes à 383,8 millions et celle de l’UE de presque 4 millions à 59,7 millions.
La production ukrainienne en revanche s’annonce meilleure avec 27,5 millions de tonnes (+2,5 millions). Cependant, ses exportations ne devraient pas changer, toujours dans ces conditions de conflit avec la Russie, à 5,5 millions de tonnes.
Pour le soja, la production mondiale devrait reculer de 2,5 millions de tonnes à 402,8 millions du fait d’un repli de la production aux Etats-Unis. Les stocks mondiaux seront un peu en retrait à 119,4 millions à la suite d’une baisse des stocks américains. Les Etats-Unis devraient aussi voir leurs exportations de maïs comme de soja diminuer.
Ce sont autant d’éléments qui augurent d’une tension sur les céréales en 2024, même si pour l’heure la situation en mer Noire n’a pas a eu de grands impacts sur les prix, comme l’a souligné Gautier Le Molgat du cabinet spécialisé Agritel cité par l’AFP. «La crise en mer Noire demeure un vrai facteur d’incertitude, mais aujourd’hui on ne le ressent pas sur les prix», a-t-il expliqué. «Le marché a été bercé par des craintes tout au long du printemps et de l’été et a appris à relativiser», a-t-il ajouté. Il reste à savoir s’il résistera à la baisse de la production attendue à l’issue de cette campagne.